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IWUL III — PAUL IV


justice prit, surtout par suite de l’inhumaine sévérité de Carafa, une telle importance qu’on put croire que jamais dans toute la terre n’avaient été rendus des jugements plus effrayants et plus terribles, jugements qui ne se peuvent justifier que s’ils sont imprégnés de la charité qu’a enseignée et pratiquée Jésus-Christ, établi par Dieu le Père juge de tous les mortels. » Cité par Pastor, op. cit., t. xii, p. 317.

V. Mort de Paul III.

Les dernières années du pape furent assombries par la mort de son fils et la révolte de son petit-fils, Ottavio. Ferrande Gonzaga, de complicité avec Charles-Quint, avait décidé de s’emparer des possessions de Pierluigi ; le 10 septembre 1547, il le fit poignarder et prit le gouvernement de Plaisance, au nom de l’empereur. Parme, où Ottavio était entré le 17 septembre, lui échappa. Ottavio prétendit garder l’héritage de son père. Paul III, que le meurtre de Pierluigi avait fortement irrité contre l’empereur, veut donner Parme à Orazio Farnèse, fiancé à Diane de France, fille naturelle d’Henri II. Son espoir qu’Ottavio abandonnerait cette ville à son frère fut déçu.

En octobre 1549, Ottavio écrit au cardinal Farnèse qu’il gardera cette ville comme fief de l’empire, si le pape ne la lui rend pas. Le 6 novembre, le cardinal donne au pape lecture de cette lettre. Le vieillard est fortement impressionné par la révolte de son petit-fils, d’autant plus que le cardinal prend sa défense. Agé de quatre-vingt-deux ans, il ne peut supporter le coup : il est saisi d’une fièvre violente ; un refroidissement s’y ajoute. Il sent que c’est la fin. Il a encore, le 9 novembre, assez de lucidité pour recommander aux cardinaux les affaires de l’Église et celles de sa famille ; la veille, il avait pardonné à Ottavio et ordonné de lui remettre Parme. Cf. Lettre du cardinal A. Farnèse à Camille Orsini, dans Pastor, op. cit., t. xii, p. 505. Il mourut le 10 novembre, au matin, ayant reconnu dans ses derniers moments le défaut capital de sa vie : « Mon péché flotte devant mes yeux. S’il ne m’avait pas dominé, je serais sans reproches. » Pastor, op. cit., t. xii, p. 272.

Paul III avait échoué dans l’essai de rétablir par le concile l’unité religieuse en Allemagne ; il n’avait pas réussi dans sa tentative de croisade contre les Turcs ; il aliéna une partie des États pontificaux au profit de sa descendance. Malgré ces échecs et ces fautes, son règne fut glorieux pour la papauté et utile à l’Église. Il posa les fondements de la réforme par la réorganisation de la curie et la transformation du Sacré-Collège, à qui il insuffla plus d’activité et de zèle, en même temps qu’il en ramenait les membres à une vie un peu moins mondaine et plus désintéressée. Surtout, il rendit possible la réforme complète de l’Église par la convocation du concile de Trente qui, dans les sept sessions tenues à Trente, du 13 décembre 1545 au. Il mars 1517, avait porté des décrets dogmatiques et disciplinaires d’importance capitale pour la défense de la foi et la restauration de la discipline ecclésiastique.

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L. Marchal.

5. PAUL IV, pape du 23 mai 1555au 18 août 1559.

— Le conclave qui s’ouvrit le 15 mai 1555, à la suite de la mort de Marcel II, s’effectua sans incident fâcheux. Les cardinaux comprirent dès l’abord que l’élection ne pourrait pas revêtir un caractère politique, puisqu’ils étaient divisés en deux factions contraires. Le parti impérial, bien que le plus fort numériquement, ne réussirait pas à imposer son candidat au parti français qui comptait pour alliés les Farnèse. Malgré son peu de chances de réussite, le cardinal Hippolyte d’Esté désirait ardemment la tiare : son ambition démesurée et ses intrigues maladroites lui aliénèrent la faction française à laquelle le roi de France l’avait recommandé et par surcroit les Far-