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    1. PECIIK URIGINKL##


PECIIK URIGINKL. SAINT PAUL

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psychique. Donc priorité d’abord du corps terrestre, de l’imparfait, puis apparition ensuite seulement du corps céleste. Il est conforme à l’ordre que nous recevions d’Adam d’abord le psychique », et du Christ ensuite le « spirituel

On ne s’étonnera point qu’on parle ici seulement de ce que le premier homme tenait du fait de sa création du limon de la terre, et non point de ses privilèges, d’ailleurs si vite perdus. C’est à juste titre, si l’on tient compte du but poursuivi, car Adam ne conserva pas, et ne transmit donc point à sa postérité les dons préternaturels dont Dieu l’avait orné. D’ailleurs ces dons n’empêchent pas son corps d’être « psychique », d’avoir besoin d’une antidote périodique contre la mort. » Prat, t. ii, p. 250. Ce passage, loin de contredire l’idée de Rom., v, 12-21, en est une nouvelle illustration ; il insiste de plus sur cette vérité déjà contenue dans la Genèse, que par nature nous sommes faits de terre, donc mortels.

Par nature nous sommes enfants de colère (Eph., il, 34). —

Beaucoup d’exégètes ont vu dans ce verset la doctrine du péché originel exposée en termes techniques. « Nous en faisions partie nous aussi (des hommes désobéissants), alors que nous vivions autrefois comme eux dans les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de nos pensées, et nous étions (nous, Juifs), par nature enfants de colère comme les autres. » Il s’agit ici de l’universalité des péchés personnels : Juifs comme gentils péchaient. Nous sommes ici, comme A. Lemonnyer l’a remarqué, sur le plan de Rom., i, 18 ; iii, 20, nullement de Rom., v, 12-19, ni même de Rom., vii, 7. « Par nature », qui a comme contre-partie « par grâce », signifie « de nous-mêmes » et non pas « de naissance ». Tout au plus peut-on dire que ce texte d’Eph., ii, 3, évoque la situation décrite dans Rom., vii, 7 sq., laquelle s’explique par le péché originel, et souscrire à cette formule du P. Prat : « Si donc le péché originel n’est pas nommé ici, il est suffisamment indiqué comme la source commune des inclinations mauvaises dont notre nature est maintenant infectée. » Lemonnyer, Théologie du Nouveau Testament, Paris, 1928, p. 83.

Rôle du démon dans l’origine et l’évolution du règne du péché (Eph., ii, 1 ; I Cor., xii, 2 ; Joa., xii, 31 ; vin, 44 ; I Joa., iii, 8 ; Apoc, xii, 9 ; Eph., vi, 12). —

D’après saint Paul, comme d’après saint Jean, appuyés l’un et l’autre sur le récit de la Genèse et le livre de la Sagesse, le premier instigateur du péché fut le diable, le serpent infernal. « Eve fut séduite par l’astuce du serpent. » II Cor., xi, 3. Le diable n’agit sur Adam que par l’intermédiaire d’Eve. « Ce n’est pas Adam qui a été séduit, c’est la femme qui, séduite, est tombée dans la transgression. » I Tim., ii, 14. Le père dont sont issus les Juifs infidèles, dit Jésus, c’est le diable ; ils veulent accomplir ses désirs. « Il a été homicide dès le commencement et n’est point demeuré dans la vérité, parce qu’il n’y a point de vérité en lui. » Joa., viii, 44 sq. Il est, d’après Apoc, xii, 9, « le grand dragon, le serpent ancien, celui qui est appelé le diable et Satan, le séducteur de toute la terre ». Celui qui a ainsi présidé à l’entrée du péché dans le monde continue à être l’auxiliaire le plus actif pour le développement du règne de cette puissance tyrannique qu’est le péché d’origine. Il est le prince du royaume du péché, le prince de ce inonde. Joa., xii, 31. C’est lui qui agit présentement chez les fils de la désobéissance : « Vous êtes morts par vos offenses et vos péchés, dans lesquels vous marchiez autrefois, selon le prince de la puissance de l’air, de l’esprit qui agit moralement dans les fils de la désobéissance. » Eph., ii, 1.

Il a « la puissance de la mort », Heb., ii, 14 ; il est « le dieu de ce siècle ». C’est lui qui aveugle les esprits. Et si notre Évangile demeure voilé, c’est pour ceux qui se perdent qu’il le demeure, pour les incroyants dont le dieu de ce siècle a aveuglé l’esprit. II Cor., iv, 4. C’est contre sa domination qu’il faut lutter : « Revêtez l’armure de Dieu, afin de pouvoir résister aux machinations du diable : car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les principautés, contre les puissances, contre les dominations de ce monde des ténèbres, contre les esprits de malice qui sont dans les régions célestes. » Eph., vi, 1 1.

Ainsi, le péché issu d’Adam, qui domine le genre humain et qui a son siège dans la chair, a derrière lui, pour activer le développement de sa puissance tyrannique, un être personnel, chef d’un grand nombre d’esprits. Pour saint Paul comme pour Jésus, le règne du péché, c’est le règne du diable.

Conclusion.

Saint Paul, à la lumière de la rédemption, a découvert le sens profond du mystère du péché d’origine raconté dans les premiers chapitres de la Genèse. La solidarité de tous dans la rédemption du Christ l’a aidé à mieux comprendre la solidarité de tous dans la déchéance d’Adam.

1. Ce qu’enseigne explicitement saint Paul. —

a) Le règne du péché et de la mort remonte à une cause historique unique : la désobéissance d’Adam, notre premier père. C’est par la faute d’un seul, commise à l’instigation du démon, que le péché est entré dans le monde, et, par le péché, la mort. Ainsi, de l’universalité de la mort, l’Apôtre déduit-il l’universalité du péché. Et l’universalité du péché elle-même ne vient pas de ce que tous ont imité Adam, mais de ce que le péché d’Adam est, d’une façon mystérieuse, le péché de tous. Adam est source de péché et de mort, comme le Christ est source de sanctification et de vie. La puissance de rédemption en Jésus l’emporte encore sur la puissance de perdition en Adam.

b) Le péché qui envahit le genre humain, par le fait d’Adam, et qui veut régner sur toute la race, à la façon d’une puissance tyrannique, n’est point une pure domination extrinsèque, une faiblesse congénitale seulement ; non seulement il fait des mortels et des hommes enclins au péché ; il constitue tous les hommes coupables et pécheurs. C’est un péché héréditaire. L’homme issu d’Adam, abandonné à lui-même, est charnel, psychique, asservi au péché, non pas que la chair soit essentiellement mauvaise, puisqu’elle est susceptible d’être purifiée et en quelque sorte spiritualisée, mais parce que, « telle qu’elle est actuellement en nous, elle implique une double relation avec le péché : relation historique avec le chef coupable de notre race, relation psychologique avec l’acte coupable auquel elle incline. » Prat, t. ii, p. 89 sq.

Le péché, à côté de la chair, a comme agent le plus actif pour travailler avec lui, le démon : son règne est celui du démon. Celui-ci continue l’œuvre commencée à l’Éden ; il a la mort en son pouvoir.

Ainsi l’homme déchu, en face de cet ensemble de forces hostiles, est infailliblement vaincu et devient charnel. Mais, par la grâce du Christ, le règne du péché est détruit, il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont dans le ChristJésus. Sans doute, ils ne sont point impeccables : l’Apôtre invite les convertis à ne point laisser le péché régner dans leur corps mortel, à ne point livrer leurs membres pour être des instruments d’iniquité. Ils le peuvent avec le secours de l’Esprit-Saint. Le péché n’aura plus d’empire sur eux, car ils ne sont plus sous la Loi, mais sous la grâce. Rom., vi, 12-14.

2. Ce qui peut être légitimement déduit de cet enseignement.

Saint Paul affirme nettement que par Adam découle dans l’humanité entière la mort et la coulpe universelles, la servitude de la chair, le Ilot toujours croissant des pèches actuels. Il affirme ainsi