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ORDRE. RITE DE L’EGLISE LATINE


sempiterne Deus, qui sont absentes du Missale Francorum et du sacramentaire gélasien, se retrouvent, la première, dans un manuscrit de Corbie antérieur à 986, id., col. 482, note 723 (manuscrit, édité par J. Morin, Cornmentarius…, part. II, p. 298 sq.), la troisième dans le manuscrit du sacramentaire grégorien, édité par dom H. Ménard (ixe siècle). L’invitatoire qui précède les trois oraisons est modelé sur l’invitatoire usité pour les exorcistes.

b) L’ordination des sous-diacres ne comportait primitivement aucune solennité. Aux ve -vme siècles, on leur mettait simplement en mains un calice vide et on les bénissait. La cérémonie du pontifical actuel est donc essentiellement de rite gallican. M. Tixeront estime que « la partie centrale de l’ordination et la plus ancienne commence avec le monitoire Adepturi, filii carissimi, et s’achève avec l’oraison Domine sancte Pater omnipotens… benedicere dignare. Puis, viennent peut-être, par ordre d’ancienneté, l’allocution du commencement Filii dilectissimi. et le pas fait par les ordinands, conséquence l’un et l’autre de l’obligation de la continence imposée aux sousdiacres, dès le temps de saint Léon (440-461) ; puis, sans doute, l’imposition des vêtements sacrés, manipule, tunique, amict ; puis enfin la prostration et la récitation des litanies, conséquence de l'élévation du sous-diaconnt au rang d’ordre sacré, assimilé au diaconat, peu avant l’an 1197. La partie centrale est toute gallicane. On en peut voir plus haut, le détail. Du monitoire Adepturi nous ne trouvons cependant, dans le Missale Francorum. que les passages Oblationes quic veniunt… débet vergi et Et ideo si usque mine fuistis lardi… amodo casti, qu’on lisait dans l’allocution précédant la porrection des instruments : le reste représente un développement postérieur. La formule qui accompagne la porrection du calice est faite de la première et de la dernière phrase de cette allocution. » Op. cit., p. 158. L’avertissement Filii dilectissimi et le « pas » des ordinands n’existent pas dans les documents anciens, Sicard y compris. Faut-il faire observer que le pas ne se fait pas, même de nos jours, à Rome ? C’est une cérémonie essentiellement française.

Des vêtements sacrés, le plus anciennement imposé à l’ordinand est le manipule. L’ancien Ordo romain et un Ordo manuscrit de Saint-Germain (xiie siècle) mentionnent la cérémonie, mais avec des formules différentes de celle du pontifical ; cf. P. L., t. lxxviii, col. 483, note 736. Sicard la mentionne avec la même formule que le m s. de Saint-Germain. Après le manipule, vient la tunique, dont Sicard signale l’imposition avec la même formule que celle du pontifical. Quoiqu’il parle de l’amict, il ne signale pas encore son imposition. La cérémonie remonte donc au plus haut au xme siècle. Hugues Ménard assure n’avoir rencontré la cérémonie de la porrection des instruments dans aucun ancien auteur, ordo ou sacramentaire manuscrits ou imprimés. Sicard n’en parle pas. La formule qui accompagne cette porrection est modelée sur celle qui accompagne la porrection du livre des évangiles au diacre. La récitation de la litanie des saints est un usage romain étendu au sous-diaconat après que celui-ci fut considéré comme un ordre majeur ; cette addition a donc dû itre faite dans le courant du xiiie siècle ; Sicard paraît l’ignorer.

c) L’ordination au diaconat avait, dans le rite romain, un rituel déterminé. Ce rituel s’est combiné, dans le pontifical, avec le rituel gallican.

Le prélude (présentation au peuple, interrogation de l'évêque, etc.) se rattache plutôt au rite gallican. L’allocution du prélat au clergé est toute romaine. De la cérémonie de l’ordination : 1° le monitoire

Provehendi a dû être rédigé de bonne heure, sans qu’on puisse lui fixer une date déterminée ; 2° la litanie est de rite romain ; 3° des deux invitations à la prière qui suivent, la première, Commune votum, est l’ancien invitatoire gallican ; la seconde, Oremus, /ratres carissimi, se compose de deux formules romaines, d’abord l’ancien invitatoire romain Oremus… dona conserve !, puis une autre prière du même genre Prcces nostras clemenler exaudiat… et confirmet ; cf. Duchesne, op. cit., p. 389, note 3. Cette autre prière se trouve dans le sacramentaire léonien, P. L., t. lv, col. 114, et dans le sacramentaire gélasien, P. L., t. i.xxiv, col. 1071 ; la combinaison des deux prières se lit dans le Missale Francorum ; 3° la prière consécratoire en forme de préface est l’ancienne formule romaine. Elle est aujourd’hui coupée en deux par l’imposition de la main de l'évêque sur la tête de l’ordinand avec la formule Accipe Spiritum sancfum ad robur. Geste et formule relativement récents, puisqu’on ne les trouve pas dans les anciens rituels et chez les anciens auteurs. Martène pense que ce rite est devenu universel au xiv siècle. De antiguis Ecclesiaritibus, t. I, c. viii, a. 9, n. 2 ; cf. van Rossum op. cit., p. 152-153 ; Pourrai, La théologie sacramentaire, p. 72 ; dom Chardon, Histoire des sacrements, dans le 'fheologite cursus completus, de Migne, t. xx, p. 873, 874 ; 5° l’imposition de l'étole est ancienne. L’Ordo romain ix, 2 et 8, la mentionne ; le manuscrit grégorien, édité par Ménard, également. La formule qui l’accompagne se trouve dans l’ancien Ordo romain et dans Sicard. Elle répond à la formule employée pour l’imposition du manipule au sousdiacre. L’imposition de la dalmatique paraît plus récente : au début du xine siècle, elle n'était pas encore générale. L’GYtfo romain viii, 3, et ix, 8, indique cependant que les diacres s’en revêtaient ou en étaient revêtus par l’archidiacre. La formule est calquée sur celle de l’imposition de la tunique au sous-diacre. La cérémonie de la porrection du livre des évangiles semble venir d’Angleterre et a dû commencer à s’introduire au vin 8 siècle, car on la trouve mentionnée, avec une formule différente, dans un ordo manuscrit de cette époque ; cf. H. Ménard, P. L., t. lxxviii, col. 488, note 748. Cependant, Durand de Saint-Pourçain († 1334) assure que c’est lui qui l’a introduite dans l’ordinaire de l'Église du Puy ; 6 J des deux oraisons finales, la première, Exaudi Domine, est sans doute une formule romaine, donnée d’ailleurs par plusieurs mss. du sacramentaire grégorien, notamment par celui édité par H. Ménard, loc. cit., col. 486, qui la place avant la formule consécratoire. La seconde, Domine sancte, Pater fidei, est la prière consécratoire gallicane.

d) L’ordination des prêtres, dans le pontifical actuel, reproduit celle des diacres jusqu'à la cérémonie de l’onction des mains, à partir de laquelle commence tout un autre ordre de cérémonies, la plupart évidemment plus récentes. L’allocution à l’assemblée, Quoniam /ratres carissimi, est l’ancienne allocution gallicane, avec une terminaison romaine.

Dans l’ordination proprement dite, il faut distinguer deux parties ; la première où l'élément romain domine, la seconde, explicitant les deux pouvoirs (consacrer l’eucharistie et remettre les péchés) qui sont principalement conférés dans l’ordination sacerdotale.

Première partie : 1° le monitoire Consecrandi est ancien, antérieur au xiie siècle ; on le trouve dans un ancien manuscrit de Reims. H. Ménard, loc. cit., col. 489, note 750 ; 2° la prostration et la récitation des litanies sont des cérémonies romaines (voir ci-dessus) ; 3° l’imposition en silence de l'évêque et des prêtres présents : « Il ne faut pas voir, dans ce geste, une