Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.2.djvu/68

Cette page n’a pas encore été corrigée
1269
1270
ORDRE. RITE DE L’EGLISE LATINE


avec celle des ordres mineurs. L'évêque fait toucher à l’ordinand un calice vide avec sa patène ; l’archidiacre, une aiguière pleine d’eau avec un bassin et un manuterge, pendant que l'évêque prononce la formule Vide cujus ministerium tibi traditur. Puis, remise du manipule, avec la formule Accipe manipulant tuam et impie ministerium tuum : potens est enim Deus ut augeat tibi gratiam. Et Sicard conclut que ces instruments et paroles sont la substance du sacrement. Enfin, revêtant l’ordinand de la tunique, le prélat prononce la formule Tunica jucunditalis et indumento lœtitise induat le Dominus. Mais cette cérémonie n’appartient pas à la substance de l’ordination. Pas d’amict, pas de présentation du livre des épîtres.

c) Diaconat. — Après les préliminaires déjà connus, l’ordination commence. L'évêque impose les mains aux ordinands. Mais, alors que la Tradition et les Sfatula demandent que l'évêque seul impose les mains au diacre, Sicard, suivant en cela l’avis d’Amalaire, De officiis ecclesiasticis, II, 12, P. L., t. cv, col. 1087, demande que tous ceux qui sont présents et le peuvent imposent aussi les mains aux ordinands. Après l’imposition des mains, l'évêque passe l'étole sur l'épaule gauche du candidat, en disant : Accipe stolam candidalam de manu Domini, etc. (formule du pontifical actuel) ; lui remet le livre des évangiles avec la formule qui se lit encore aujourd’hui. Sicard considère t cette chose » et « ces paroles » comme la substance de ce sacrement. Il n’est pas question expressément de dalmatique : « si elle est donnée, elle n’appartient qu'à la solennité. »

d) Prêtrise. — Préliminaires habituels. Puis, imposition des mains par l'évêque ordinant et les prêtres présents. Ensuite, imposition de l'étole en la croisant sur la poitrine, comme on fait encore aujourd’hui, avec la formule Accipe jugum Domini, etc. (formule actuelle, que quelques-uns complétaient par Stola innocentite induat te Dominus, paroles que prononce aujourd’hui encore l'évêque en déployant la chasuble). L’ordinand était revêtu de la chasuble, avec la formule Accipe vestem sacerdotalem… (formule actuelle). Après l’imposition de l'étole et de la chasuble venait la cérémonie gallicane de l’onction des mains, accompagnée de l’ancienne formule (aujourd’hui encore en usage). Puis, présentation par l'évêque à l’ordinand des instruments servant à l’offrande du saint sacrifice, la patène avec l’hostie, le calice avec le vin. Accipe, disait l'évêque, potestaiem offerre sacrificium Deo, etc. (formule actuelle). Sicard considère que l'étole, la chasuble, l’huile, le calice et la patène avec les paroles des diverses formules appartiennent à la substance du sacrement ; mais non les prsecedentia. Or, dans ces prsecedentia se trouve l’imposition des mains !

e) Épiscopat. — L'évêque est consacré un dimanche. Le samedi soir il a été convoqué et examiné, sur sa conduite et sa vie passée ; le dimanche matin, il l’est sur la vie qu’il se propose de mener à l’avenir et sur sa foi. Le sacre est fait par trois évêques : c’est une règle apostolique, parce que Jacques, le frère du Seigneur, a été consacre par Pierre, Jacques et Jean. Deux des évêques tiennent sur les épaules de l'élu le livre des évangiles ; le troisième récite la formule de bénédiction. On ne signale pas explicitement l’imposition des mains ; mais elle va de soi. Cette cérémonie est suivie de l’onction de la tête en forme de croix, avec la formule Ungatur et consccretur caput tuum (formule actuelle). Puis onction des mains toujours en forme de croix, avec la formule Inungantur manus istse.. (partie de la formule actuelle). Le pouce droit recevait une onction spéciale ; cf H. Ménard, P. L., t. lxxviii, col. 504. Le reste des. cérémonies n’est

qu’indiqué : tradition de la crosse, de l’anneau, du livre des évangiles, chacune avec sa formule appropriée. Pour Sicard, les onctions, la tradition de la crosse et de l’anneau et les formules qui les accompagnent sont vraisemblablement la substance du sacrement.

On voit combien ces rites se rapprochent du pontifical actuel. Les seules cérémonies non mentionnées par Sicard sont les suivantes : 1° Sous-diacres : la prostration et la récitation des litanies probablement ; sûrement l’imposition de l’amict et la porrection du livre des épîtres ; 2° Diacres : imposition de la main au milieu de la préface avec la formule : Accipe Spiritum sanctum ad robur ; 3° Prêtres : seconde imposition des mains et formule qui l’accompagne, pour donner le pouvoir de remettre les péchés et déploiement de la chasuble ; 4° Évêques : bénédiction et imposition de la mitre et des gants et intronisation.

Il est temps de voir comment ces derniers éléments se sont introduits.

3. Dernière évolution : le pontifical actuel. — Le souci des rédacteurs successifs semble avoir été de ne rien laisser perdre de ce qu’ils avaient trouvé dans les livres des rites romains et gallicans et de ce que leurs prédécesseurs leur avaient légué. On a passé ainsi des formes rudimentaires du premier début au rituel et au pontifical compliqués d’aujourd hui. Le rôle décisif dans cette dernière adaptation du pontifical romain fut réservé à Guillaume Durand, évêque de Mende. Cf. Batiffol, Le Pontifical romain, Le Pontifical de Guillaume Durand, évêque de Mende, dans Bul. d’anc. litt. et d’archéol. chrétiennes, 1912, p. 290-296. La première édition du pontifical romain date de 1485, c’est le Pontificalis liber d’vEnéas Sylvius Piccolomini, plusieurs fois réimprimé et corrigé, puis réédité sous un nouveau titre en 1511 : c’est le Pontifical de Jules II. En 1520, nouvelle édition du dominicain Castellani. dédiée au pape Léon X. On en signale plusieurs rééditions, faites avec des corrections ; en 1561, Pu papæ IV auctorilate emendata ; en 1579, aucta et emendata ad concilii Tridentini sanctiones. Mais l’approbation officielle ne fut donnée qu'à la fin du xvie siècle, à la suite des décisions du concile de Trente. Clément VIII approuva le pontifical en 1597, prenant pour base le travail de Castellani. Une nouvelle révision aboutit en 1645 à la publication du Pontifical d’Urbain VIII, auquel, sans apporter de modifications sérieuses, Benoît XIV fit quelques additions. C’est l'édition définitive, 1752.

Ces brèves indications suffisent à jalonner une route qu’il n’appartient pas à cet article de décrire dans tous ses détails. II nous suffira ici de faire connaître à quelles sources se rattachent les cérémonies et formules actuelles, de signaler les modifications introduites dans le jontiflcal depuis le xme siècle, et d’en indiquer la date approximative.

a) En ce qui concerne les ordres mineurs, les monitoires sont très anciens et remontent vraisemblablement à une époque antérieure à la fusion des deux rites. Les formules qui accompagnent la porrection des instruments sont absentes des sacramentaires gallicans. La formule pour la porrection du chandelier se trouve dans l’ancien Ordo romain, P. L., t. lxxviii, col. 481, note 719. On s’est contenté d’ailleurs d’y transporter à l’impératif ou à l’indicatif les indications des Statuta. Les deux formules, on l’a vii, sont dans Sicard. Les invitatoires à la prière et les oraisons qui les suivent sont aussi de rédaction gallicane. L’invitatoire Oremus, fratres carissimi, des lecteurs, qui manque dans les sacramentaires gallicans, se trouve dans l’ancien Ordo romain, loc. cit., col. 479, note 701. La première et la troisième oraison pour les acolytes, Domine sancte… et Omnipotens