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    1. PAUL (SAINT)##


PAUL (SAINT). LA HIERARCHIE

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1. Il importe de préciser le sens des mots imax.<my], ir.ia’x.Q’Koç.’ETriaxorcT) est un mot rare en dehors de la Bible, il ne se trouve que quatre fois dans le Nouveau Testament, et une seule fois il désigne la fonction ou charge de l’èmawKoç, I Tim.. iii, 1.’Etuctxo 7toç s’y trouve cinq fois : Act., xx, 28 ; Phil., i, 1 ; I Tim., "m, 2 ; Tit. i, 7 ; I Pctr., ii, 25. Dans les pastorales, il est toujours au singulier ; dans Phil., i, 1, il est au pluriel et semble désigner le collège des anciens ; la chose est certaine dans Act., xx, 28 ; cf. ꝟ. 17.

Le mot ÈTÛaxoTioç, dans la langue profane, signifie inspecteur, intendant, parfois chargé d’un office religieux, ou encore l’économe d’un temple. Voir Jacquier. Les Actes des apôtres, p. 613. Le mot était tout indiqué pour désigner la fonction d’administrateur des Églises. Mais ce serait une erreur que de restreindre, dans les Églises pauliniennes, cette fonction à l’administration des biens temporels. Doctrine, organisation du culte, prédication, voilà le principal objet de la charge d’ « évoque ». Les évêques, dans les pastorales, ne font d’ailleurs qu’exécuter le programme d’organisation tracé par l’Apôtre, par l’intermédiaire de ses délégués, Timothée et Tite.

Toutefois, de ce que les mots « évêques » et « presbytres » désignent les mêmes personnages dans Act., xx, 28 ; cf. Phil., i, 1 ; Tit., i, 5-7, doit-on conclure qu’il n’y ait entre eux aucune différence ? Non ! Car, primitivement, le mot « évêque » désigne plutôt une fonction ou une charge qu’une catégorie de personnes. Les pastorales, en employant le terme toujours au singulier, donnent bien l’impression que cette charge n’était pas commune à tous les « presbytres » pris collectivement, bien que 1’ « évêque » fût un des « presbytres ». Dans Clément de Rome « l’évêque » est encore appelé rcpta èùzzpoç, I Cor., xliv, 4 et 5 ; cf. saint Jérôme, In Tit., i, 5 ; saint Jean Chrysostome, Hom. in Philip., i, 1 ; Théodoret, In Philip., i, 1-2 ; Ambrosiaster, In Eph., iv, 11-12.

Cependant, dans saint Ignace, la distinction des termes commence déjà à s’établir, Magnes., vi, 1 ; Philad., iv : il y a « un évêque » et le « presbytérium ». Elle est complète dans saint Irénée qui distingue nettement les « presbytres » des « évêques ». Cont. hier., III, xiv, 2, P. G., t. vii, col. 914.

On peut conclure que, dans saint Paul, les termes ne sont pas encore différenciés, mais que l’épiscopat apparaît déjà comme une charge spéciale très importante, dans l’ordre religieux, doctrinal et administratif ; témoin, le passage de la I re à Timothée, iii, 1 sq. Les « évêques » étaient choisis parmi les « presbytres » et continuaient à en porter le nom, tout en ayant une charge et une autorité plus haute. Les « presbytres » n’ayant pas la charge d’évêque avaient eux aussi leurs fonctions : gouverner, prêcher, enseigner, et ils recevaient également une consécration religieuse. I Tim., v, 17, 22.

2. Au temps apostolique, les apôtres — témoin les Actes et les épîtres — gardaient la haute main sur les Églises fondées par eux. Timothée et Tite n’étaient que des évêques délégués, non attachés définitivement à un territoire. Voir plus haut, col. 2470. En établissant eux-mêmes des « évêques » et des « presbytres » dans les différentes églises, ils en restaient les chefs sous la direction de l’Apôtre. Mais ils créaient en même temps les cadres d’une hiérarchie et d’une organisation pour le jour où les Églises ne pourraient plus être gouvernées par des disciples immédiats du Christ. Ce jour-là les « évêques » deviendront effectivement, chacun dans leur Eglise, les successeurs des apôtres et gouverneront l’Église avec le concours des « presbytres » ; les uns et les autres représentant deux degrés de « l’ordre ».

En fait, l’épiscopal unitaire existe dans le monde chrétien dès le milieu du 11e siècle, et les premiers écrivains ecclésiastiques affirment son origine apos tolique. S. Irénée, Cont. hier. III, iii, 3, P. G., I. vii, col. 849 ; S. Ignace, Philad., i, 1. La tradition vient ainsi confirmer les données du Nouveau Testament, en montrant comme un fait, ce qui n’était encore qu’un principe à l’âge apostolique. Voir concile de Trente, session xxiii, c. iv, et la proposition condamnée par le Saint-Oflice en date du 3 juillet 1907 ; cf. Denzinger, Enchiridion. n. 2050.

Après « l’évêque » et les « presbytres », les pastorales mentionnent les diacres. 1 Tim., iii, 8-13 ; cf. Phil., i, 1. Le mot Stdtxovoç veut dire ministre, assistant. Il indique une fonction subalterne. Dans Act., VI, 1 sq., des diacres furent institués pour s’occuper de l’assistance matérielle des veuves des Hellénistes. Les épîtres pastorales ne disent point en quoi consistaient les fonctions des diacres. Ils devaient être chargés de l’administration temporelle des Églises, car l’Apôtre exige d’eux non seulement la dignité de vie, mais surtout le désintéressement. I Tim., ni, 8. Ils ont égale ment pour rôle de « conserver le mystère de la foi dans une conscience pure », ꝟ. 9. Ce qui peut s’entendre que non seulement ils doivent mener une vie exemplaire, mais que leur foi doit être à l’abri de tout soupçon, d’erreur ou d’hérésie. D’autres l’entendent : qu’ils doivent avoir une connaissance des mystères chré tiens plus approfondie que celle des simples fidèles. Cette explication paraît moins probable que la première.

En tout cas, ils forment une catégorie à part, ayant une charge ou un ministère spécial. Cela ressort également de Phil., i, 1, où ils sont mentionnés immédiatement après les « évêques ». Or, à la dignité et à la fonction devait correspondre un charisme spécial, venant de l’Esprit-Saint. Voir plus haut, col. 2415. D’où l’on doit conclure légitimement que le diaconat constitue lui aussi un degré de « l’ordre ».

Dans les instructions données pour les diacres, 1 Tim., iii, 8-13, l’Apôtre intercale cette recommandation : « Les femmes, de même, doivent être honorables, non médisantes, sobres, fidèles en toutes choses », ꝟ. 11. Puis il continue : « Que les diacres soient maris d’une seule femme… », etc.

Faut-il voir, dans ce ꝟ. 11, la mention d’une catégorie spéciale de femmes chargées d’un ministère dans l’Église ; en d’autres termes, l’existence des diaconesses ? Ou bien s’agit-il simplement des femmes des diacres, dont la dignité de vie est exigée par les fonctions de leurs maris ? La seconde nous paraît plus probable. Voir cependant, Rom., xvi. 1.

Si des femmes exerçaient quelque ministère dans l’Église, c’est plutôt dans le passage I Tim., v, 3-16, qu’il faut les chercher, parmi les veuves, ꝟ. 5-10. Les veuves mentionnées dans ces versets sont inscrites sur « le rôle » de la communauté, dont elles reçoivent la subsistance. Elles vivent comme séparées du monde et elles sont entièrement adonnées à la prière et aux diverses (euvres de charité.

En tout cas, ni les veuves, ni les diaconesses — si celles-ci constituent une catégorie spéciale n’exercent le ministère de la parole ou de renseignement officiel dans les assemblées, ni, à plus forte raison, ne remplissent un ministère liturgique. Saint Paul écrit en effet à Timothée : Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre autorité sur l’homme ; mais elle doit se tenir dans le silence. I Tim., ii, 12 ; cf. I Cor., xiv, 34 sq. : « Comme dans toutes les Églises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées. Il ne leur appartient pas de parler, mais qu’elles soient soumises, comme le dit aussi la Loi. Si elles veulent s’instruire sur quelque point.