Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.2.djvu/67

Cette page n’a pas encore été corrigée
1267
1268
ORDRE. RITE DE L'ÉGLISE LATINE


pontifical actuel. L’invilaloire Commune votum commuais prosequatur oratio… y suit le monitoire Provehenii ; la formule Domine sancte, spei, fidei graille.., y forme la dernière prière de l’ordination. Les Slaluta font observer (et cette rubrique se retrouve déjà dans les plus vieux textes en rapport avec la Tradition apostolique) que l'évêque seul impose la main à Ferdinand, parce que celui-ci est ordonné, non ad sacerdotium, mais ad minislerium.

Aux x c et xie siècles, les livres liturgiques anglosaxons, marquent, pour l’ordination des diacres, une onction des mains. Cet usage, qui commençait à s’introduire en France au ixe siècle, ne s’y maintint pas ; cf. Nicolas I er Epist., lxvi, 3, P. L., t. xcix, col. 884.

g. Ordination des prêtres. — L’ordination des prêtres ressemblait à celle des diacres, à laquelle elle ajoutait l’onction des mains. Après avoir dans l’allocution Quoniam dilectissimi /ratres, conservée au pontifical avec des variantes insignifiantes, fait ratifier le choix de ses candidats par l’assemblée, l'évêque invite la foule à la prière, demandant, pour Fordinand, le don divin, la bénédiction du presbytérat et la grâce d'être di^ne de l’honneur qui lui est conféré. Puis venait la foi mule consécratoire, pendant 'aquelle l'évêque et tous les prêtres présents tenaient la main étendue sur la tête de Foidinand. C"est la prière TJeus sanctificationum omnium t uclor, conservée au pontifical actuel, avant le Veni Credor. La prière consécratoire était suivie de Fonction des mains, avec la formule : « Que ces mains soient consacrées par cette onction et par notre bénédiction afin que tout ce qu’elles auront béni soit béni, et que tout ce qu’elles auront sanctifié soit sanctifié. » C’est à peu près la formule actuelle.

h. Ordination des évêques. — Après les préliminaires relatifs au choix et à la présentation du nouvel évêque, l’acclamation de la foule s'étant fait entendre, Févcque consécrateur invitait les assistants à la prière : Eeum totius sanefipeationis ac pietatis auctorem… (non conservée dans le pontifical actuel). Puis venait la formule de consécration, pendant laquelle deux autres évêques posaient et tenaient ouvert sur la tête et le cou de l’ordirand le livre des évangiles et tous les évêques présents lui touchaient la tête de leurs mains. Comme formule consécratoire, le sacramentaire gélasien et le Missale Francorum ne donnent que la formule romaine Levs honontm omnium, avec le développement qui manque aux sacramentaires k’onien et grégorien (voir ci-dessus, col. 1265 ;. Cette formule suppose que plusieurs évêques étaient ordonnés ensemble : ce qui indique à coup sûr, pour la formule, une origine romaine. Mgr Duchesne pense qu’il ne s’est pas conservé de formule gallicane pour cette partie de la cérémonie ». Après la formule consécratoire, onction des mains, accompagnée de la formule Ungantur manus istœ…, qui a passé, avec le rite, dans le pontifical actuel.

2. Fusion des deux usages, romain et gallican. Rites latins du début du xiii c siècle. — La fusion des deux usages s’opéra d’aboi d en France, puis à Rome, ou cette liturgie composite finit par s’implanter. Commencée avant le ix c siècle, l'évolution se poursuivit jusqu’au xme et meme au xie siècle. Mais, dès le xie, l’essentiel est déjà accompli : o La liturgie romaine, depuis le xie siècle au moins, n’est autre chose que la liturgie franque, telle que l’avaient compilée les Alcuin, les Helisachar, les Amalaire. j Duchesne, Origines, p. 11)9. On le constate en effet, en parcourant les premiers essais de pontificaux. Citons en Angleterre : le pontifical d'Êgbirl, le 1 énédictorial de Robert, et d’autres analogues. Voir les documents publiés par la Surtees Society et la Henry

Bradshaw Society. En France : le pontifical de Poitiers, Bibliothèque de l’Arsenal, à Paris, ms. 227, auquel Martène a fait de larges emprunts ; cf. dom A. Wilmart, Notice sur le Pontifical de Poitiers dans Jahrbucii fur Liturgiewissenschall, Munster, 1925, p. 4882. En Italie, le pontifical conservé à la bibliothèque du chapitre de Milan ; cf. D r Magistretti, Pontificale in usum Ecclesiee Mediolanensis, Milan, 1897. En Allemagne, le pontifical rcmano-germanique, issu de YOrdo romanus antiquus ; cf. D r Metzger, Zwei karolingische Ponlifikalien vom Oberrhein, Fribourg-en-B, 1914. Il faut citer également, dès avant le xme siècle, le pontifical des papes (dont VOrdo x de Mablllon est une partie), compilation de différents Ordines séparés ; cf. dom de Puniet, op. cit., p. 43 sq.

Les raisens de cette évolution, les voici : les rapports fréquents des pays de rite gallican avec Borne incitèrent ces pays à introduire, dans leurs usages, l’usage romain ; l'élévation du sous-diaconat au rang majeur (1198) fit qu’on introduisit dans le rite d’ordination ce qui se rapprochait du rite propre au diaconat ; la formule d’instruction qui, d’après les Statula, était employée pour les portiers et les acolytes, fut étendue à tous les autres ordres ; puisqu’on présentait aux minorés les instruments de leurs fonctions, on les présenta également aux ordinands des ordres supérieurs ; enfin, la porrection des instruments avec la formule adjoinle permit aux théologiens de considérer cet élément (où ils pouvaient plus facilement tiouver une application de la théorie hylém orphique) comme essentiel au rite d’ordination ; on en vint même à étendre ce concept à l’imposition des insignes et des ornements. Enfin, on crut devoir détailler, par des cérémonies spéciales, la collation des pouvoirs conférés en bloc par la prière consécratoire. De là, dans l’ordination au presbytérat, par exemple, collation du pouvoir de dire la messe et d’absoudre des péchés. Nous aurons l’occasion de revenir sur ces points au paragraphe suivant.

Il est plus conforme à notre plan d’envisager dès maintenant le résultat de cette évolution, tel qu’il se présente au début du xme siècle. On trouve de ce résultat un excellent spécimen dans le Mitrale, seu de officiis ecclesiasticis summa de Sicard de Crémone († 1215), t. II, c. n-iv, P. L., t. ccxiil col. 61-72.

Sicard observe que la collation d’un ordre comprend quatre actes successifs : les ordinands sont appelés, instruits de leurs devoirs, ordonnés et finalement bénits : « tout est affaire de solennité, sauf l’ordination ; et, parce qu’elle consiste en parole et en choses, nous devons les considérer (paroles et choses) comme la substance du sacrement », Col. 81. Ces quatre moments se remarquent surtout dans les ordres mineurs : l’appel de l’archidiacre, le monitoire, la porrection des instruments et l’imposition des insignes, la prière ou bénédiction finale.

a) Ordres mineurs. — Mêmes rites que dans le rite gallican. Nous trouvons les formules de la porrection des instruments aux acolytes, formules qui manquent dans le sacramentaire gélasien et le Missale Francorum : Accipe ceroferarium cum cereo, ut scias te ad accendenda luminaria mancipari. — Accipe urceolum ad suggerendum vinum id est eucharistiam sanguinis Cliristi. Ce sont encore les formules du pontifical actuel. Sicard ajoute qu’elles sont « la substance du sacrement ».

b) Sous-diaconat. — Sicard le compte au nombre des ordres sacrés. Néanmoins, malgré les préliminaires qui ressemblent à ceux du diaconat et de la prêtrise (interrogatoire de l'évêque, attestation de l’archidiacre, consultation du peuple, prières faites par le peuple pour les ordinands), la collation du sousdiaconat n’accuse pas une différence bien notable