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ORDRE. RITE DE L’EGLISE LATINE


Le futur évêque, au préalable élu par son clergé et son peuple, devait se rendre à Rome, y jurer qu’il était innocent des quatre péchés susnommés. La consécration devait avoir lieu le dimanche. Voir les cérémonies préliminaires dans Tixeront, p. 135. Après une invitation faite par le pontife consécrateur luimême, le pape, l’ordinand et le clergé se prosternaient pendant le chant de la litanie. Après quoi, le pape, imposant seul la main sur la tête de l'élu, prononçait comme pour les prêtres deux oraisons : l’une ordinaire Propitiare, Domine, supplicationibus nostris…, l’autre, canon consécratoire Vere dignum… Deus honorum omnium. Les deux formules ont été conservées dans le pontifical actuel, la seconde coupée en deux par la cérémonie de l’onction sur la tête et le chant du Veni Creator. Quelques phrases de la seconde manquent dans les sacramentaires léonien et grégorien : cf. Duchesne, op. cit., p. 380, note. La cérémonie s’achevait par l’accolade que le nouvel évêque recevait du pape, et qu’il rendait à son tour au pape et aux évêques présents.

On a remarqué que le pape imposait seul les mains. Quand un simple évêque était consécrateur, il devait être assisté de deux autres évêques. Ut anus episcopus episcopum non ordinet, excepta Ecclesia romana. Ainsi s’exprime le diacre Ferrand, Breviatio canonum, c. vi, P. L., t. lxxxviii, col. 818. On se souvient que Novatien avait été ordonné par trois évêques (voir plus haut. col. 1246).

e. Ordination du pape. — (On se rappellera que, durant toute la période à laquelle se réfèrent les Ordines, le pape n’est jamais pris parmi les évêques. Il doit donc toujours recevoir la consécration épiscopale.) L’ordination se faisait toujours à Saint-Pierre. Après la litanie, deux évêques, ceux d’Albano et de Porto, récitaient successivement sur l’ordinand une prière ; puis, sur la tête de l'élu, un troisième évêque, celui d’Ostie, prononçait l’oraison consécratoire Vere dignum …Deus honorum omnium… On faisait une simple modification pour marquer la dignité de l'élu. Le nouveau pape continuait lui-même la messe par le chant du Gloria in excelsis.

b) Rite gallican. — Sources principales : 1° Les Statuta Ecclesise antiqua. collection arlésienne du début du vie siècle, peut-être œuvre de saint Césaire d’Arles. Le rite gallican y est sommairement décrit, mais il y est à l'état pur. On les trouve dans toutes les collections de conciles ; dans P. L., t. lvi, col. 879 et surtout 887 sq. ; Hefele-Leclercq, Histoire des conciles, t. n a, p. 108 sq. ; cf. Denz.-Bannw., n. 150158 ; Cavallera, Thésaurus, n. 1311. Voir la note bibliographique dans dom de Puniet, op. cit., p. 64-66.

— 2° Le sacramentaire dit gélasien et le Missale Francorum, où l’on trouve, pour les trois ordres supérieurs, à côté des rites gallicans, des prières romaines et d’autre provenance. Sur le sacramentaire gélasien, voir dom de Puniet, op. cit. p. 22, qui rappelle l’origine romaine du rite gélasien, ainsi que son antériorité relative au rite grégorien, p. 25, et Dict. d’archéologie, art. Gélasien (Sacramentaire), t. vi, col. 747. Le sacramentaire gélasien a été publié à nouveau par H. A. Wilson, The gelasian sacramentaru, Oxford, 1894. La P. L., t. lxxiv, reproduit, avec des fautes, l'édition de Muratori. Le Missale Francorum (mss. de la fin du viie ou du début du viiie siècle) se trouve dans le t. lxxii, col. 317 sq., qui reproduit l'édition de Mabillon ; cf. Duchesne, op. cit., p. 132-143.

— 3° Le livre II du De ojjiciis ecclesiasticis de saint Isidore, et le Liber ordinum mozarabique, qui représentent plus particulièrement l’Espagne. Le De officiis de saint Isidore dans P. L., t. lxxxiii ; le Liber ordinum, édité par D. Férotin, Paris, 1904.

Le rite gallican présente, par rapport au rite romain,

une différence capitale en ce qui concerne la collation des ordres mineurs. Ici, la cérémonie, nettement fixée par un texte, a plus d’importance et se rapproche de celle usitée pour les ordres supérieurs. Elle est conservée dans le pontifical actuel. Elle comprend pour chaque ordre essentiellement trois choses : 1° la tradition à l’ordinand des instruments de son ordre, accompagnée d’une formule, parfois précédée d’une instruction ; 2° une invitation à la prière adressée à l’assemblée ; 3 U une oraison.

a. Ordination des portiers. — Le portier, instruit par l’archidiacre des devoirs de sa charge, est présenté à l'évêque qui, prenant sur l’autel les clés de l'église, les lui remet en prononçant la formule : Sic âge quasi redditurus Deo ralionem pro his rébus quæ his clavibus recluduntur. Puis invitation à la prière Deum Patrem omnipotentem… et l’oraison Domine sancte, Pater omnipotens… toutes formules conservées, avec des variantes insignifiantes, dans le pontifical actuel.

b. Ordination des lecteurs. — Le futur lecteur devait avoir été élu. Après quelques formalités préliminaires, l'évêque remettait à l’ordinand le livre des leçons, en disant : Accipe et esto verbi Dei relator habiturus, si fideliter et utiliter impleveris officium, partem cum his qui verbum Dei ministraverunt. Puis, oraison Domine sancte pater omnipotens, toutes formules insérées dans le pontifical actuel.

c. Ordination des exorcistes. — Elle consistait dans la remise à l’ordinand du livre des exorcismes, avec la formule : Accipe et commenda, et habeto potestatem imponendi manum super energumenum sive baptizatum sive catechumenum. Puis, invitatoire Deum Patrem omnipotentem supplices deprecemur… et l’oraison Domine sancte, Pater omnipotens.. du pontifical actuel.

d. Ordination des acolytes. — Il n’y avait d’acolyte que dans les églises plus importantes. D’où le silence du sacramentaire gélasien sur leur ordination. Le Missale Francorum ne contient que l’oraison finale. D’après les Statuta, le futur acolyte, instruit de son office par l'évêque, recevait de l’archidiacre un chandelier avec son cierge et, de plus, une burette vide. L’oraison finale était la deuxième de celles que porte le pontifical actuel.

e. Ordination des sous-diacres. — Le sous-diaconat n’est devenu ordre majeur qu’au xiie siècle. Aussi, dans le rite gallican, la cérémonie par laquelle on le conférait ressemble à celle des ordres mineurs. L’ordination commençait par une allocution dont le début et la fin ont été conservés dans le pontifical actuel comme forme de la porrection du calice : Vide cujus minislerium tibi traditur.. Ideo te admoneo, ita tu te exhibe ut Deo placere possis. Entre ces deux parties, un long monitoire, dans lequel l'évêque recommande à l’ordinand piété, vigilance, sobriété, chasteté et l’instruit de quelques-unes de ses fonctions. Ce monitoire se retrouve, coupé en deux, dans le monitoire Adepturi de l’actuel pontifical. Puis venait la porrection, par l'évêque, du calice vide avec sa patène, et l’archidiacre présentait au candidat une burette d’eau avec sa cuvetle et une serviette. Aucune formule n’accompagnait ces gestes. Suivaient l’invitation à la prière et l’oraison Oremus Deum et Dominum nostrum… et Domine sancte, Pater omnipotens…, qu’on trouve encore dans le pontifical, après la tradition des instruments.

I. Ordination des diacres.

L'évêque avait choisi les futurs diacres, et, avant de procéder à leur ordination, il consulte le peuple sur leur dignité. L’assemblée ayant acquiescé, l'évêque l’invite à la prière, puis, la main étendue sur la tête de l’ordinand, prononce la formule consécratoire. Invitation à la prière et formule consécratoire ont été conservées dans le