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PAUL (SAINT). LA RESURRECTION


qui explique le passage I Thess., iv, 15-17, sans attribuer à saint Paul 1’afïirmation que la parousie viendra de son vivant et au cours de sa génération. Voir J. Wrzol, Die Echtheit des zweiten Thessalonicherbrie/es, p. 125.

La résurrection.

Les circonstances qui avaient

provoqué les épîtres aux Thessaloniciens n’avaient point amené l’Apôtre à exposer la doctrine de la résurrection. Il s’était borné à rappeler les lignes essentielles de la foi chrétienne. Les besoins de l’Église de Corinthe devaient l’obliger à écrire sur ce sujet un’chapitre doctrinal de la plus haute importance, I Cor., xv.

Parmi les chrétiens de Corinthe, plusieurs niaient la résurrection des morts. Ces négateurs, que l’Apôtre ne désigne pas autrement que par le mot tivsç, étaient, selon toute vraisemblance, des païens convertis, non des juifs partisans des doctrines sadducéennes. Grecs d’origine et d’éducation, ils devaient regarder la matière comme mauvaise, et ils ne pouvaient concevoir que l’âme, une fois délivrée par la mort, pût entrer de nouveau dans la prison qui l’entrave. Ils ne niaient sans doute point directement la résurrection du Christ, mais ils avaient des idées, ou élevaient des objections, qui devaient aboutir à la négation de la foi chrétienne. L’esprit chrétien se trouvait ainsi en face de l’hellénisme et il fallait montrer comment le réalisme du premier l’emportait sur l’idéalisme du second. Les négateurs en question admettaient probablement une survivance de l’âme après la mort, mais, pour saint Paul, ce n’était point une solution suffisante, car pour lui le fondement de la foi chrétienne était la résurrection du Christ.

La IIe épître à Timothée signale des chrétiens affirmant que la résurrection avait déjà eu lieu, II Tim., il, 8, c’est-à-dire n’admettant qu’une résurrection d’ordre spirituel. Cette erreur est analogue à celle des Corinthiens ; dans les deux cas, la pensée grecque répugnait à admettre la résurrection des corps. Cf. Tertullien, De anima, 50, P. L. (1844), t. ii, col. 734 ; Deresurr. carnis, 19, ibid., col. 820 ; S. Justin, Apol., i, 19-20 ; Dzaf., LXXX, 4.

Saint Paul établit la certitude de la résurrection des morts, puis il en indique le mode et la possibilité par des analogies naturelles.

1. Certitude de la résurrection.

Le Christ est mort et ressuscité, il est apparu à de nombreux témoins et à saint Paul lui-même. Ce fait est prêché par tous les apôtres ; il fait partie de la foi reçue par les Corinthiens.

Or, s’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité, et les apôtres rendent faux témoignage contre Dieu en lui attribuant la résurrection du Christ. Par suite, la foi des chrétiens est sans objet et il n’y a plus d’espérance de la vie éternelle. Cf. I Cor., xv, 1-20.

Mais la résurrection du Christ est un fait indubitable, attesté d’une façon éclatante : il y a donc possibilité pour les morts de ressusciter. Nier cette possibilité, ce serait du même coup nier l’évidence du fait, et renverser l’objet principal de notre foi avec la garantie de notre espérance.

Mais la résurrection du Christ n’est pas seulement un fait, un cas particulier, d’où l’on doive conclure, ab actu ad posse, à la possibilité de la résurrection ; elle est le principe et la garantie de la résurrection des chrétiens. En effet, le Christ est ressuscité comme « le premier-né des morts », mot à mot : « prémices de ceux qui se sont endormis », ꝟ. 20. « Puisque c’est par un homme qu’il y a mort, c’est aussi par un homme qu’il y a résurrection des morts. De même, en effet, que tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront dans le Christ », ꝟ. 21-22.

Tous les hommes sont solidaires avec Adam pour la

mort ; c’est de lui, comme représentant de l’humanité, qu’ils ont hérité de la mort, c’est en lui qu’ils meurent. Mais tous seront aussi solidaires, pour la vie, avec le Ciiiist, ce nouveau représentant de l’humanité ; c’est en lui que tous revivront. Saint Paul, en mar [uant l’humanité du Christ, montre pourquoi il est le représentant et le chef de toute la race dans l’ordre du salut.

Le C.irist est donc principe de résurrection par son humanité ressuscitée. Si caput resurrexit, necesse est ut cetera quoque me.nbra sequantur. Pseudo-Primasius, P. L., t. lxviii, col. 544D.

Ainsi, la résurrection du Christ n’a pas seulement une valeur logique pour démontrer la possibilité de la résurrection des fidèles. Le Christ ressuscité est un principe de vie et, par suite, de résurrection pour tous ceux qui sont unis à lui, qui sont « en lui ».

En affirmant que « tous » revivront dans le Christ, l’Apôtre désigne-t-iltous les hommes en général, bons ou mauvais, qui reviendront à la vie pour le jugement, ou seulement « tous les fidèles » unis au Christ et ressuscitant pour une vie glorieuse ? La seconde manière est la seule qui réponde àla pensée de l’Apôtre. Il n’est question, en effet, que des fidèles unis au Christ et faisant partie de son corps mystique ; eux seuls peuvent être vivifiés a dans le Christ ». Saint Paul parle de la même manière dans Rom., v, 18 : « Un seul acte de justice s’étendant à tous les hommes, pour la justification de la vie. » Voir saint Thomas, In Rom., v, 19, et les opinions des anciens commentateurs dans Cornely, p. 469-470.

Toutefois, ici, saint Paul ne nie point la résurrection des pécheurs. Il avait reçu sur ce point la tradition de l’Ancien Testament, tradition qui apparaît explicitement pour la première fois dans Daniel, xii, 2 ; et il devait enseigner devant le gouverneur Félix « qu’il y aura une résurrection des justes et des’pécheurs », Act., xxiv, 15. Cette doctrine est contenue implicitement dans les passages II Cor., v, 10 ; Rom., n, 5 sq. ; II Tim., iv, 1 ; elle est nettement affirmée dans l’enseignement de Jésus, Matth., xxv, 31-46 ; Joa., v, 29.

Poursuivant sa démonstration concernant la résurrection des lidèles, l’Apôtre dit qu’ils ressuscitent « chacun à son rang », d’abord le Christ, puis, en second lieu, « les siens, lors de son avènement ». Il y a, évidemment, une différence de temps entre ces deux événements, puisque le Christ est déjà ressuscité et que la résurrection des morts n’a lieu qu’au dernier avènement du Christ. Mais, à partir du ꝟ. 24, la perspective est moins nette : « Puis, eîra, ce sera la fin, alors qu’il remettra le pouvoir à Dieu le Père, quand il aura abattu toute domination, toute autorité, toute puissance. Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous les ennemis sous ses pieds. Cf. Ps. ex, 1. L’ennemi qui sera détruit le dernier c’est la mort. »

Saint Paul compte-t-il un intervalle entre la résurrection des morts et le triomphe définitif et complet du Christ ? En d’autres termes, y a-t-il là une influence de la conception millénariste ? Le passage, bien qu’il mentionne les luttes du Christ après la résurrection, n’exige nullement une telle interprétation. Nous ne trouvons nulle part dans les épîtres, pas même dans I Thess., iv, 17, trace d’une semblable doctrine. Le Christ ne luttera point contre des ennemis historiques, comme dans les apocalypses juives, mais contre « toute autorité, toute domination, toute puissance ». Ces termes, par eux-mêmes, ne désignent pas nécessairement des pouvoirs mauvais, cf. Rom., viii, 38 ; Eph., i, 21 ; iii, 10 ; vi, 12 ; Col., i, 16 ; mais le contexte indique qu’il faut les entendre ainsi. Il serait d’ailleurs vain d’y chercher des catégories précises d’ennemis. L’Apôtre veut marquer avant tout l’exalta-