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    1. PAUL (SAINT)##


PAUL (SAINT). LA PAROUSIE

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tous. Elle est donc invoquée ici pour mieux établir l’impuissance de la Loi.

Le rôle spécial de la Loi, chez les Juifs, a donc été de les tenir « enfermés, en vue de la foi qui devait être révélée », ꝟ. 23. Jusqu’à la venue du christianisme inaugurant le régime de la foi, les Juifs étaient enfermés comme dans une prison, dont la Loi, geôlier inexorable, ’gardait toutes les issues, è<ppoopoo(jis0a ; cf. Théodoret, S. Jean Ghrysostome, S. Jérôme ; cf. II Cor., xi, 32. Or, cette situation, dans le plan divin, devait tourner au bien des Israélites. Ils étaient enfermés, en vue et dans le but d’arriver à la foi, d’en avoir la révélation : en sortant de la prison, ils verraient la lumière ; cf. Rom., viii, 18.

Autre image : Ils étaient sous la tutelle de la Loi comme les enfants sous celle des « pédagogues » romains, ꝟ. 24. Ces derniers, généralement des esclaves, avaient pourfonction, non d’instruire les enfants, mais de restreindre leur liberté et de les conduire à leur « maître ». Leur action était une dure contrainte dont on n’aspirait qu’à se débarrasser à l’âge de la majorité. De même, la Loi devait conduire ses sujets au Christ. Au moyen du péché dont elle donnait la connaissance et qu’elle faisait « abonder » en multipliant les transgressions, Gal., iii, 19 ; Rom., vii, 5, elle établissait comme une barrière emprisonnant tous ceux qui lui étaient soumis. Mais, d’autre part, elle faisait naître chez les Juifs le sentiment de leur culpabilité avec le besoin d’être délivré de la colère divine ; comparer Rom., iii, 20, avec vii, 24 et iv, 15. Or, ne pouvant procurer elle-même cette délivrance, Rom., m, 19 sq. ; viii, 3, elle les obligeait à chercher dans la foi au Christ la seule issue par laquelle ils pussent recouvrer la lumière et la liberté. C’est pourquoi, dans le plan de la Providence, au terme de la Loi était le Christ avec sa grâce, téXoç yàp v6u.ou Xpicr-6ç. Rom., x, 4.

Certains commentateurs poussent encore plus loin l’analogie avec le « pédagogue » ; la fonction de la Loi était de conduire « au Christ enseignant », comme le pédagogue conduisait l’enfant à son maître, SiSàaxa-Xov. S. Jean Chrysostome, Érasme. Cette idée du Christ enseignant n’est point dans le texte vi verborum ; zlç Xptcrrov s’explique suffisamment par ha. èx 7UOTECOÇ SixoaoiOwpisv. C’est là que la Loi devait aboutir. Obstacle pour un temps à la justification et à la liberté, elle a été un moyen indirect d’y parvenir.

A la bibliographie de l’article Galates (Êptlre aux), ajouter les ouvrages suivants :

Catholiques.

A. Schâfer, Die Bûcher des Neuen

Testaments, t. i. Die Briefe Pauli an die Thessalonicher und die Galaier, Munster-in-W., 1890 ; K. Six, Das Aposteldekret. Seine Entslehung und Gellung in den ersten vier Jahrhunderlen, Innsbruck, 1912 ; J.-M. Lagrange, Épître aux Galates, 1918 ; E. Levesque, dans Revue pratique d’apologétique, t. xxix, 1020, p. 385 sq. ; 449 sq. ; 528 sq. ; A.Steinmann.Di’e Briefe an die Thessalonicher und Galaier, dans Die heilige Schrift des N. T., t. iv, Bonn, 1921 ; K.Pieper, Paulus. Seine missionarische Persônlichkeit und Wirksamkeit, Munster-en-W., 1926 ; L. Tondelli, Il pensiero di son Paolo, Milan, 1928.

Non catholiques.

J.-B. Lightfoot, The Epistles of S.

Paul. Galatians, Cambridge, Londres, 3e éd., 1869, 10e éd., 1890 ; B. Duhm, Pauli apostoli de Judœorum religione judicia, Goettingue, 1873 ; F. Weber, System der altsynagogalen palàslinischen Théologie aus Targum, Midrasch und Talmud dargeslellt, Leipzig, 1880, réédité en 1897 sous le titre : Jùdische Théologie au] Grand des Talmuds und verwandter Scliriften ; Ad. Zahn, Das Geselz Goltes nach der Lehre und Erfahrung des Aposlels Paulus, Halle, 1892 ; A. Seeberg, Die beiden Wege und das Aposteldekret, Leipzig, 1906 ; Bousset, Der Brief an die Galaier, dans Die Schriften des Neuen Testaments de J. Weiss, t. ii, Goettingue, 1908 ; H. Diehl, Das sogenannte Aposteldekret, dans Zeitschrift fur die N. T. Wissenschaft, 1909, p. 277 ; F.-S. Marsh, article Galatians (Epistle to the) dans le Dictionary of the apostolic

Church, t. i, p. 430 sq., Edinburgh, 1915 ; A. Loisy, L’épltre aux Galates, Paris, 1916 ; M. Goguel, Le livre des Actes, Paris, 1922 ; Les épîlres pauliniennes, Paris, 1926 (Introduction au N. T., t. m et iv, 2e partie) ; H. Slrack et P. Billerbeck, Kommentar zum Neuen Testament aus Talmud und Midrasch, t. iii, p. 335 sq. ; Der Brief Pauli an die Galaier, Munich, 1926.

V. L’ESCHATOLOGIE : ÉpiTRES AUX THESSALONI-CIENS ET PREMIÈRE AUX CORINTHIENS. 1° La « pa rousie ». 2° L’antéchrist. 3° L’époque de la « parousie » ; parousie et théologie. 4° La résurrection. 5° Les sanctions de la vie future.

La parousie.

Au cours de sa deuxième mission,

saint Paul avait annoncé l’Évangile à Thessalonique. Des Juifs et un grand nombre de prosélytes s’étaient convertis à la foi nouvelle. Dans ce milieu, on était donc déjà au courant des doctrines et des traditions juives sur la fin des choses. Saint Paul y avait enseigné la foi chrétienne, mais une émeute, provoquée par les Juifs, avait mis fin à ses travaux et il avait dû s’enfuir pendant la nuit, laissant l’instruction des fidèles incomplète sur plus d’un point. Les nouveaux convertis se préoccupaient spécialement du sort de leurs défunts : ceux-ci auraient-ils part au bonheur que le Christ, le Messie, devait procurer aux fidèles, lors de sa « parousie », 7rapouor£a, c’est-à-dire de sa venue ou de son avènement glorieux ? I Thess., iv, 13-18.

Cette question était très compréhensible de la part de nouveaux convertis judéo-chrétiens, ou de prosélytes ayant déjà accepté la croyance du judaïsme. Chez les Israélites, la justice exigeait la résurrection au moment de la restauration idéale d’Israël. Cette restauration, impossible à réaliser historiquement, représentait l’aspiration au bonheur et à la récompense transcendante, dans une autre vie ; cf. Is., xxvi, 19 ; Ez., xxxvii, 1-14 ; Ps., xvi, 10 ; Dan., xii, 1-3 ; Sap., 1, 13-15 ; iii, 2-4, 7-8 ; II Macch., xiv, 46 ; vii, 11 ; cꝟ. 9, 14 ; xii, 42-44.

Ainsi, la résurrection, dans les espérances juives, se trouvait liée à l’idée nationale, comme un postulat de la restauration d’Israël. Elle était collective, les morts devaient revivre pour participer au bonheur commun des élus. Dans les écrits et les traditions du judaïsme, cet événement était généralement rattaché à la venue et à l’action du Messie considéré surtout comme agent de restauration nationale. Mais des vues assez divergentes régnaient chez les Juifs sur la manière dont les choses devaient se passer. La résurrection aurait-elle lieu à l’arrivée du Messie ou un temps plus ou moins long après sa venue ? Les vivants jouiraient-ils sur terre d’un bonheur messianique temporaire, en attendant la récompense du « monde futur » ? Dans ce cas, que deviendraient les morts ? Tous ces points demeuraient assez obscurs et confus dans l’enseignement juif.

D’autre part, Jésus avait bien enseigné le fait de la résurrection et le caractère spirituel de cette vie nouvelle, Matth., xxii, 29, et parallèles ; il avait également enseigné que le jour où le Fils de l’homme devait venir à titre de juge serait le jour du >< renouvellement d, ou de la « régénération », Matth., xix, 28-29 ; cf. xxv, 31 sq. Mais il avait insisté surtout sur le caractère moral de ce jugement. Il n’avait point indiqué les circonstances qui marqueraient, pour les morts comme pour les vivants, l’entrée dans le nouvel état de choses.

Les Thessaloniciens se préoccupaient du sort de leurs frères disparus. Us se posaient la question dans les termes du judaïsme. Les vivants ne jouiraient-ils pas, avec le Christ, d’un bonheur messianique sur terre, avant la résurrection ? Ou, au moment de la venue du Christ, quels seraient les avantages respectifs