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    1. PAUL (SAINT)##


PAUL (SAINT). LA LUI ET L’EVANGILE’236’Seigneur, du même titre que Jahweh, et de plus, étant à la droite de Dieu, il jouit de la même puissance et a droit aux mêmes honneurs. Tout cela ne peut convenir à David qui n’est point monté au ciel, mais à Jésus ressuscité ; ainsi Dieu « l’a fait Seigneur et Christ, Kupwv xai Xpicrrôv », ꝟ. 36.

Ainsi, l’idée de Kûpioç, « Seigneur, maître », appliqué à Jésus-Christ, se rattache à l’Ancien Testament et à la révélation du Christ glorilié. Mais, en ce qui concerne l’expression, les chrétiens de Palestine disaient en araméen, Mâranâ, cf. I Cor., xvi, 22. Les hellénistes, lisant dans les Septante le mot Kùpooç appliqué à Jahweh, trouvaient naturel de l’attribuer au Messie glorieux, investi d’une autorité divine. D’ailleurs, le mot xupioç était devenu dans le monde oriental un prédicat divin, et l’emploi de ce terme par saint Luc et saint Paul ne pouvait que faciliter l’intelligence de la christologie aux esprits de culture hellénistique.

Dans le discours Ad., m. 12-26, saint Pierre rappelle que Dieu a glorifié « son serviteur Jésus », t. 13 ; il reproche aux Juifs d’avoir « renié le Saint et le Juste », termes messianiques dans le judaïsme ; d’avoir « fait mourir le chef, à.pyr)y6v, c 'e ' a v 'e "> f-’5 ; c’fJ°a., x, 28 ; xvii, 1 sq., c’est-à-dire celui qui conduit au salut et à la vie, qui donne la vie surnaturelle, qui est le principe de cette vie. Ce terme ne semble point une affirmation explicite de la nature divine du Messie ; cf. Knabenbauer, Jacquier. C’est par « la foi en son nom » que les apôtres ont accompli un miracle : foi « qui vient de lui », c’est-à-dire qui est obtenue par lui, et dont il a proclamé l’efficacité ; cf. Matth., xvii, 19 ; Luc, xvii, 6. C’est la « foi des miracles », non la foi paulinienne.

Le chef des apôtres conclut en disant qu’il faut se repentir et se convertir, iii, 19, et qu’il n’y a de salut qu’en Jésus et qu’au nom de Jésus, iv, 12.

Le discours de Pierre au centurion Corneille, Act., x. accentue le côté universaliste du salut. Dieu ne /ait point acception de personnes, ꝟ. 34 ; le Christ est le Seigneur de tous ; il est établi juge des vivants et des morts, i. 43 ; « tous les prophètes rendent témoignage que quiconque croit en lui, reçoit par son nom (c’est-à-dire par sa puissance, par son action), la rémission des péchés ». Ici les termes se rapprochent visiblement des formules pauliniennes ; cf. Rom., iii, 22, 25. Saint Pierre, s’adressant à des païens « craignant Dieu », ne mentionne que la foi en Jésus-Christ comme condition de salut, il ne dit rien des observances légales ; ses auditeurs devaient en conclure qu’il n’y étaient point assujettis. Tandis que saint Paul dira nettement, et aux Juifs mêmes, que la Loi est inefficace dans l’ordre du salut. Act.. xiii. 38.

En résumé, la catéchèse de saint Paul, d’après le discours des Actes, xiii, contient déjà les lignes essentielles de l’enseignement paulinien. Par ailleurs, elle est d’accord avec l’enseignement chrétien primitif ; il serait donc puéril d’opposer les deux grands apôtres. L’idée de Jésus mort et ressuscité. Christ et Seigneur glorieux, principe de salut pour les fidèles, n’est point spéciale à saint Paul. La résurrection, pour saint Pierre comme pour saint Paul, est la preuve décisive, la pleine manifestation d’une vérité déjà révélée progressivement en Jésus et par Jésus au cours de sa vie publique, à savoir sa messianité et sa filiation divine. Cf. Matth., iii, 17 et paraît : Matth., xi, 27 = Luc., x, 22 ; Matth., xvii, 5 et parall. ; Matth., xvi, 16-17 ; xxii, 41-46 et parall. ; xxvi, 63-64 et parall. C’est donc en Jésus ressuscité, le Christ et Seigneur glorifié, que réside le principe de salut, Act., ii, 38 :

l’.epentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ (c’est-à-dire par son autorité et de manière à lui appartenir) pour obtenir le pardon

de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. »

Toutefois, l’apôtre des gentils accentue davantage la notion de Fils de Dieu, en invoquant le ps. ii, plutôt que le ps. ex. Il marque plus fortement l’universalisme du « salut par la foi ». Enfin, il proclame ouvertement l’inefficacité de la Loi dans l’ordre de la justification et du salut. Sur ce dernier point, mais là seulement, il est spécifiquement paulinien, en formulant le principe qui doit dégager le christianisme du judaïsme.

Sans doute les discours de saint Paul, comme ceux de saint Pierre, ne sont que des résumés et, dans leur forme actuelle, ils ont perdu quelque chose de leur couleur originale. Cependant, le caractère primitif des paroles de saint Pierre perce encore à travers la rédaction grecque de ses discours ; et la doctrine chère à saint Paul apparaît nettement dès sa première mission.

A la bibliographie donnée à l’article Actes des apôtres, ajouter les ouvrages suivants :

1° Catholiques. -.1. Knabenbauer, Commentarius in Àctus apostolorum, Paris, 1899 ; V. Rose, Comment Paul a connu le Christ, dans Revue biblique, 1902, p. 321-340 ; E. Moske, Die Bekehrung des heiligen Paulus. Eine exegetischkritische Unlersuchung, Munster-en-W., 1907 ; M.-.I. Lagrange, Le sens ilu christianisme, Paris, 1918, Atlis et le christianisme, dans Revue biblique, 1919, p. 419-480 ; L’hermétisme, ibid., 1924, p. 481-497 ; 1925, p. 82-104 ; 1926, p. 240-264 ; 15. Allô, Les dieux sauveurs du paganisme grécoromain, dans Revue des sciences philosophiques et théologiques, t. xv, 1926, p. 5-34 ;.1. Coppens, article Bapéinc, dans le Supplément au Dictionnaire de la Bible : Mystères païens et baptême chrétien, col. 903-921. On trouvera une abondante bibliographie sur la conversion de saint Paul dans Moske, op. cit., et dans 1- ;. Jacquier, Les Actes des apôtres, p. 797 : La conversion de saint Paul, note 1.

Non catholiques.

A la bibliographie donnée à la fin

de la section i, ajouter les ouvrages suivants : C. Anderson Scott, The Gospel according to S. Paul, dans Expositor, t. ii, 1900, p. 202-210 ; W. Bousset, Kyrios Christos, Gœttingue, 1921 ; B. BeitLenstein, Die hellenistischen Myslerienreligionen, Leipzig, 1927, voir Revue biblique, 1928, p. 153.

IV. Le concile de Jérusalem et l’épître aux Galates, ou le salut par Jésus-Christ sans la Loi. - 1° La Loi et 1’ « évangile » de saint Paul : deux conceptions du salut. 2° Le conflit ; solution de la question de principe au concile de Jérusalem. 3° Les preuves de « l’évangile paulinien ». 4° Nature de la Loi ; son rôle dans l’histoire du salut d’après saint Paul.

1° Lu Loi et « l’évangile » de saint Paul : deux conceptions du salut. — 1. Valeur de la Lof chez les Juifs. — Au temps de saint Paul, le caractère distinctif du judaïsme était le « système légal ». Les rapports entre Dieu et le peuple d’Israël étaient établis en principe dans l’ordre légal et national. La Loi, c’est-à-dire la Thora, ou les cinq livres de Moïse, ainsi que les commentaires auxquels elle avait donné lieu, contenaient les prescriptions à la fois civiles et religieuses, qui devaient, aux yeux des Juifs, régler la conduite intégrale de l’homme. La Loi avait même été présentée, dans les Livres sapientiaux de l’Ancien Testament, comme l’incarnation de la divine sagesse ; un passage de L’Ecclésiastique était formel :

Tout cela c’est le livre de l’alliance du Dieu très haut C’est la Loi que Moïse a donnée,

Comme héritage des assemblées de Jacob. Elle lait déborder la Sagesse comme le Pinson, ICI comme le Tigre au temps des fruits nouveaux. (Eccli., xxiv, 22-23.)

La Loi représentait donc la volonté immuable de Dieu et ne pouvait être sujette aux changements comme les lois humaines : elle était éternelle ; cf. Livre d’Hénocfi, xcix, 2, 14. Jésus déclare qu’il ne vient