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ORDRE. RITE PRIMITIF, EFFICACITÉ


pour donner plus d'éclat à l’administration du sacrement. Cf. op. cit., p. 71.

3. Efficacité du rite de l’imposition des mains. — L’universalité du rite de l’imposition des mains s’explique sans doute par son antiquité et surtout son origine apostolique. Mais elle suppose en outre une raison plus profonde ; c’est qu’elle assure à ceux qui la reçoivent la continuité des pouvoirs apostoliques.

L'Église a toujours cru à cette continuité, et elle a toujours considéré l’imposition des mains comme le moyen efficace de la manifester et de la réaliser. Le fondement scripturaire de cette doctrine est toujours I Tim., iv, 14 et II Tim., t, 6. Le mot xâpt.cï[za employé ici par saint Paul signifie probablement à la fois et le pouvoir communiqué par l’imposition des mains, et la grâce annexée à ce pouvoir. La « grâce » de l’ordination est personnifiée dans les textes liturgiques et patristiques par l’Esprit-Saint, communiqué à l’ordinand par le rite sacré. Cette croyance de l'Église se manifeste dans les épiclèses ou prières qui accompagnent toujours l’imposition des mains, et saint Hippolyte, dans la préface des Philosophumena, en exprime admirablement la substance ; les évêques sont les successeurs des apôtres ; ils ont hérité de leur ministère de grands-prêtres et de docteurs, des grâces de l’apostolat et du don de l’Esprit-Saint : TaÙTa 8s srspoç oùx svsy2si y) TÔ svsxxXïjaîa Ttapa&oOsv ayiov IIvsùfjLa, OÙ TU^ÔVTS'Ç uporspoi oi CCTtOCJTOXoi [j.sTs80aav TOÏÇ ôpGtoç TCS7uaT£i>xôa', v ôv r)[xsïç SiâSojcît, Toy/âvovTsç, TTJç te aÙTÎjç /âpiToç [Lsts^on/tsç àp^ispaTslaç xal SiSaaxaXlaç, xal cppoupoi tyjç IxxX^aîaç XeXoy(.a[i.svoi, où… Xôyov ôpOôv oi.co7TcJpt.sv, P. G., t. xvi c, col. 3020.

Le cas des confesseurs dans la Tradition et le Testament, voir ci-dessus, ne saurait prévaloir contre l’efficacité reconnue par l'Église au rite d’ordination quant à la succession du pouvoir apostolique ; cette doctrine de la Tradition et du Testament n’a pas dépassé la portée d’une opinion privée et, « posant explicitement un cas d’exception, elle n’a proclamé qu’avec plus de force l’universelle acceptation de l’imposition des mains et sa valeur incontestée comme sacrement de l’Esprit. » J. Coppens, op. cit., p. 159. En ce qui concerne la communication des grâces divines par l’ordination, la Tradition est formelle : pour l'évêque, elle demande « l’Esprit directeur » ; pour les prêtres « l’Esprit de grâce et de conseil » ; pour les diacres, « l’Esprit-Saint de grâce et de sollicitude et d’industrie ». Cf. "Fixeront, L’ordre et les ordinations, p. 180.

Les docteurs de l'Église romaine affirment avec force cette communication du Saint-Esprit et des pouvoirs apostoliques. S. Hippolyte, toc. cit., l’auteur du De alealoribus, m. édit. Hartel, t. iii, p. 94 ; l’Ambrosiaster, Quæst. V. et N. Testamenti, q. xciii, 2 ; In I Tim., iv, 14, P. L., t. xxxv, col. 2287 ; t. xvii, col. 475 ; plus tard, Lucifer de Cagliari, De sancto Alhanasio, i, 9, P. L., t. xiii, col. 829. De même, les Pères orientaux. La réception du pouvoir sacramentel est inculquée dans H omit. Clementinæ, iii, 72, P. G., t. ii, col. 157 ; Epist. Clementis ad Jacobum, ii, col. 25 ; le don de l’Esprit est enseigné par saint Grégoire de Nazianze, Orat., xliii, 78, P. G., t. xxxvi, col. 600 ; par saint Basile, Epist., clxxxviii, 1, P. G., t. xxxii, col. 669-670 ; Théodoret, Religiosa historia, XIII, xix, P. G., t. lxxxii, col. 1401, 1404, 1428 ; In I Tim., v, 22 ; col. 821 ; Quæst. in Numéros, interr. 47, t. lxxx, col. 397 ; les Constitutions apostoliques, VIII, v, 7, édit. Funk, t. i, p. 476. Les divers charismes ont été énumérés par saint Athanase, Epist. ad Draconium, ii, ni, iv, P. G., t. xxv, col. 524, 525-528 ; Grégoire de Nysse, In bapt. Christi, P. G., t. xlvi, col. 581 sq. Pour ce dernier Père, l’effet des rites de l’ordination est de séparer le prêtre du com mun et d’opérer en lui, bien qu’extérieurement il paraisse rester le même, une transformation intérieure par une grâce et par une vertu invisibles. Saint Grégoire compare cette transformation à la consécration des autels ou même à la consécration eucharistique, ce qui indique bien qu’elle comporte à ses yeux, un caractère permanent et stable. Cette doctrine du caractère indélébile recevra son dernier perfectionnement de saint Augustin, voir col. 1279. (1 faut également citer saint Jean Chrysostome qui parle en termes éloquents de la grâce conférée par le Saint-Esprit dans l’ordination, De sacerdotio, t. III, n. 4 et 5, P. G., t. xlviii, col. 642, 643 ; Homilia de resurrectione mortuorum, n. 8, t. l, col. 432 ; In II ad Tim., homil. i, n. 2, t. lxii, col. 602-603. Saint Cyrille d’Alexandrie montre comment les rites de l’Ancienne Loi ont préfiguré la collation de la grâce dans les ordinations sacrées des ministres de l'Église, Comment, in Joannis evang., t. XII, c. xx, 22, 23, P. G., t. i.xxiv, col. 711. « Quant à la nature de l’Esprit reçu, écrit J. Coppens, il est difficile, sinon impossible, en nous en tenant aux seules données littéraires, d’en préciser théologiquement la notion, vu que les écrits néo-testamentaires et postapostoliques, s’ils ont nettement distingué entre les charismes et le ministère ecclésiastique, ont néanmoins omis de nous renseigner sur les raisons formelles de cette distinction. On peut constater qu’en règle générale les documents n’ont pas souligné les effets sanctifiants des rites d’ordination, mais qu’ils ont surtout relevé les pouvoirs liturgiques et pastoraux conférés aux nouveaux ordonnés. La venue personnelle de l’Esprit est comme passée sous silence et toute l’attention se porte sur la grâce sacramentelle qui accompagne le ministère communiqué. Rien de plus probant à cet égard que les lettres à Timothée et en particulier les passages qui concernent les effets attribués à l’ordination du missionnaire paulinien. » Op. cit., p. 159-160. Remarquons cependant, avec le même auteur, que les premiers chrétiens n’ont pas conçu la transmission des grâces du ministère en dépendance des traditions rabbiniques, d’une façon quasi matérielle et pour ainsi dire magique, ainsi que le semble supposer Bhem, op. cit., p. 196. L’apparentement de l’imposition des mains chrétienne avec l’imposition, rite d’ordination juif, n’est pas tel qu’il entraîne cette conclusion à laquelle deux faits s’opposent : la présence de l'épiclèse du Saint-Esprit dans toutes les anciennes prières d’ordination et le grand nombre des ordinations considérées par l'Église ancienne comme invalides, ce qui exclut l’hypothèse d’une transmission purement matérielle de l’Esprit.

Plus tard, les Pères grecs développèrent la doctrine sur l’infusion du Saint-Esprit par le rite d’ordination. Les expressions '/àpiç toù IIvsùji.aTOç — Sùvapuç toù Yjysii.ovi.xou cou tlve< !)y.oczoç„ reviennent sous la plume de Théodoret, op. cit., dans les Constitutions apostoliques, loc. cit. ; chez saint Basile et saint Grégoire de Nazianze, loc. cit. Parmi les dons de l’Esprit, nous trouvons le « charisme de la vérité », S. Irénée, Cont. hær., IV, xxvi, 2, P. G., t. vii, col. 1053 ; tô yâpiG{xc(. tô 71vEU ! xaTix6v, S. Basile, loc. cit. ; ou simplement tô yâpt.G|za, S. Athanase, loc. cit. ; plus expressément le pouvoir de lier et de délier, sÇouata toù 8sc(j.sùslv xal Xùsiv, Epist. Clementis ad Jacobum, n. Hippolyte et l’auteur du De alcatoribus signalent le don personnel de l’esprit, Philosoplioumena, préface, loc cit. ; De aleatoribus, iii, édit. Hartel, t. iii, p. 94. Ces indications sommaires seront plus tard reprises par l’Ambrosiaster, qui mentionne la communication de la grâce et des pouvoirs sacramentels. Ecclesiastica potestas — Jus ecclesiasticum — Spirilus Sanctus… per traditionem infunditur ordinatis — …ut ex co traditioni ecclesiasticæ Spiritus Sanclus infusus credatur. Quiestiones…,