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PAUL (SAINT). LÉDUCATION


pensée. Parmi ces causes, les unes se sont exercées avant sa conversion ; les autres, après.

Division.

La vie de saint Paul nous fournira

donc le cadre de notre exposé, dont les lignes essentielles seront les suivantes :

I. Avant la conversion. II. La conversion. La révélation du Fils de Dieu (col. 2349). III. De la conversion au concile de Jérusalem. La catéchèse (col. 2355).

IV. Le concile de Jérusalem et l’épître aux Galates, ou le salut par Jésus-Christ sans la Loi (col. 2304).

V. L’eschatologie : les épîtres aux Thessaloniciens et la I re aux Corinthiens (col. 2388). VI. Le christianisme à Corinthe : la « sagesse » chrétienne ; les « charismes » ; le mariage ; l’eucharistie (col. 2409). VIL L’épître aux Romains : la justification et le salut par Jésus-Christ ; la vie chrétienne (col. 2428). VIII. Les épîtres de la captivité : la personne et la dignité du Christ. Son rôle dans la création et dans l’Église. Le « mystère » du Christ (col. 2450). IX. Les épîtres pastorales : l’organisation et le gouvernement de l’Église. La défense de la vraie foi ou le sens de l’orthodoxie (col. 2408). X. L’épître aux Hébreux : supériorité de la nouvelle alliance sur l’ancienne. Dignité du Fils de Dieu ; excellence de son sacerdoce. Nature et rôle de la foi ; dangers de l’apostasie (col. 2478).

Bibliographie générale. — - Les ouvrages sur saint Paul sont innombrables. On ne peut songer à donner une bibliographie complète. Nous mentionnerons seulement les commentaires et travaux modernes les plus importants ou les plus utiles. Nous donnons ici une bibliographie générale ; à la fin de chaque section nous donnerons une bibliographie spéciale. — Nous ne mentionnerons ni les commentaires anciens ni les travaux généraux sur le Nouveau Testament.

Catholiques.

Th. Simar, Die Théologie des heiligen

Paulus, Fribourg-en-B., 1884 ; Fouard, Saint Paul, ses missions, ses dernières années, Paris, 1901 ; Le Camus, L’œuvre des apôtres, Paris, 1905 ; A. Lemonnyer, Les épîtres de saint Paul, Paris, 1908 ; H. Jacquier, Histoire des livres du Nouveau Testament, t. i, Paris, 1908 ; F. Prat, La théologie de saint Paul, Paris, 1908, 1929-1930 ; C. Toussaint, article Saint Paul, Diclionn. de la Bible de Vigouroux, t. iv, Paris, 1908 ; G. Dausch, Jésus und Paulus, dans Biblische Zeitfragen, Munster-en-W., 1910 ; B. Bartmann, Paulus. Die Grundziige seiner Lehre und die moderne Religionsgeschichte, Paderborn, 1914 ; F. Prat, article Saint Paulel le paulinisme, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique, Paris, 1916 ; du même, Saint Paul, dans la collectionLes saints, Paris, 1922 ; P. Delatte, Les épîtres de saint Paul replacées dans le milieu historique des Actes des apôtres, Esschen-Paris, 1924-1926 ; G. Genocchi, V. Ceresi et L. Costantini, San Paolo, dans la collection // pensiero cristiano, Milan, 1925 ; Tricot, Saint Paul, dans la Bibliothèque catholique des sciences religieuses, Paris, 1928 ; B. Bartmann, Paulus als Seelsorger, Paderborn, 1921.

A’on catholiques.

A. Sabatier, L’apôtre Paul, esquisse

d’une histoire de sa pensée, Paris, 1871, 1896 ; <). Plleiderer, 7>er Paulinismus. Ein Beitrag zur Geschichte der urchristl. Théologie, Leipzig, 1873, 1890 ; A.-M. Bruce, S. Paul’s conception o/ christianity, Edimbourg, 1894 ; G. Holsten, Dus Evangelium des Paulus, Berlin, 1898 ; C.-G. Findlay, article Paul dans le Dictionary o/ the Bible, t. iii, Edimbourg, 1900 ; P. Feine, Jésus Christus und Paulus, Leipzig, 1902 ; Goguel, L’apôtre Paul et Jésus-Christ, Paris, 1904 ; W. Wrede, Paulus, Leipzig, 1905 ; G.-B. Stevens, The pauline theology, NewYork, 1906 ; Jùlicher, Paulus tind Jésus, Tubingue, 1907 ; J. Weiss, Paulus und Jésus, Berlin, 1909 ; P. Feine, Théologie des Neuen Testaments, Leipzig, 1910, 1912, 1921 ; H. Weinel, Biblische Théologie des Neuen Testaments, Tubingue, 1911, 1921, 1930 ; A. Schweitzer, Geschichte der paulin. Forschung von der Reformation bis auf die Gegenwart, Tubingue, 1911 ; A. (’.. Meadlam, S. Paul and christianity, Londres, 1913 ; A. Menzies-W. Edie, article Paul, dans’Ency : loi>ivdia of Religion and Elhics, Edimbourg, 1917 ; Stalker, article Paul, dans le Dictionary of the apostolic Church, t. ii, Edimbourg, 1918 ; J.-C. Machen, The origin of Paul’s Religion, New-York, 1921 ; A. H. Me Neile, New Testament teaching in the light of S. Paul’s, Cambridge, 1922 ; A. A. Kennedy, The theology of the epistles, Londres, 1923 ; A. Deissmann, I

Paulus. Eine kultur-und religionsgeschichtliche Skizze, Tubingue, 1925 ; P. Feine, Der Aposlel Paulus. Dos Ringen um das geschichtliche Verstàndnis des l’aulus, Giitersloli, 1927 ; Lohmeyer, Grundlagen paulinischer Théologie, Tubingue, 1929.

I. Avant la conversion.

1° L’éducation. 2° Le zélateur de la Loi. 3° Influence de l’Ancien Testament et de la théologie juive ; l’exégèse. 4° Inlluence de la pensée hellénique et du monde païen.

L’éducation.

 1. A Tarse. — Paul naquit dans

les premières années de l’ère chrétienne. Sa conversion eut lieu vers l’an 34-35 ; il devait avoir alors une trentaine d’années. Il était originaire de Tarse, capitale de la Cilicie, ville hellénisée et centre d’études. Act., ix, 11 ; xxi, 39 ; xxii, 3. Ses parents étaient « hébreux » et probablement pharisiens. Act., xxiii, 6, 26 ; cf. II Tim., i, 3. On désignait sous le nom d’ « hébreux », par opposition à « hellénistes », les Juifs attaçhjéjLfidilemenl aux traditions et aux coutumes’le leurs an cêtres, parlant hébreu », e’est a dire araméerT, et fermés aux influences de la civilisai ion eï des idées grecques. La majeure partie des.Juifs de Palestine appartenait à cette catégorie, mais il y en avait aussi dans la diaspora. Les parents de saint Paul, de son propre aveu, se trouvaient dans ce cas. Sans aucun doute, ils comprenaient la langue grecque et s’en servaient dans les relations de la vie courante, mais, dans la famille, ils__rja rlaient l’araméen. qu’ils avaient conservécomme un bien inaliénable et sacré, au milieu des païens. Cf. Phil., iii, 5 ; Gal., i, 13-14 ; ÀctT, vi, ï ; Lue., xxiii, 38 ; Joa., v, 2 ; xix. 20.

Saint Paul dut recevoir une éducation soignée, car sa famille était d’un certain rang ; son père était citoyen romain. Act., xxii, 28. Il la commença à Tarse et probablement dans sa famille même. Il apprit l’araméen, qu’il parlait couramment, cf. Act., xxi, 40 ; xxii, 2, et peut-être aussi l’ancien hébreu avec la connaissance et l’amour de la Loi, comme la chose se pratique encore dans les familles israélites très attachées à leurs traditions.

Tarse avait des écoles florissantes ; on y cultivait j les lettres, les sciences et surtout la philosophie. Au dire de Strabon, XIV, v, 13, elle était la rivale d’Athè- i nés et d’Alexandrie. Cf. art. Tarsus, dans Hastings, Dictionary of the Bible, t. iv, p. 687.

Quelles leçons Paul suivit-il à Tarse et pendant combien de temps ? Il est difficile de le dire. Il est peu probable qu’il ait fréquenté les écoles païennes. L’instruction était donnée aux Juifs à la synagogue et par des maîtres juifs. Sans doute, les plus libéraux, c’est-à-dire les plus hellénisés, faisaient étudier à leurs enfants les auteurs païens sous la conduite de maîtres païens ; mais ce n’était pas le cas de la majorité. Ceux surtout qui gardaient leurs traditions et observaient scrupuleusement la Loi, c’est-à-dire les pharisiens, faisaient éduquer leurs enfants par des maîtres juifs. Ce dut être le cas de Paul. Avec l’araméen. il apprit le grec, la langue courante du pays. Mais au lieu de lire d’abord Platon, Aristote ou Thucydide, il eut probablement pour livre de classe quelque recension de la version grecque des Septante, en usage parmi les Juifs de la diaspora pour la lecture à la synagogue.

Mais n’exagérons rien. Saint Paul dut avoir quelque connaissance, dès cette époque, des auteurs profanes. Ses épîtres, en effet, supposent une étude assez approfondie de la langue grecque. Toutefois, dans son ensemble, cette langue est le « dialecte commun », non la langue artificielle acquise en fréquentant une école de rhéteur. Cette langue, par ailleurs, n’est nullement de l’araméen traduit, comme on l’a prétendu ; elle n’a rien non plus qui sente le terroir natal. Seulement l’Apôtre ne travaille pas son style : il ne poursuit pas la réalisation de cadences rythmiques en vue de