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ORDRE. RITE PRIMITIF. TEXTES LITURGIQUES


ordination, saint Célestin parle, laissant entendre que les paroles sacramentelles sont jointes à l’imposition des mains : Interfuimus nec nos dixerimus absentes cum ejus capili verba mystica dicerentur. Epist. ad synod. Ephes., P. L., t. l, col. 539. Voir enfin, dans Théodoret de Cyr, le récit de l’ordination du solitaire Macédonius et du reclus Salaman, Religiosa hisl., c. xiii, xix ; et de la consécration d’Antiochus, évêque de Samosate, H. E., IV, xiii, P. G., t. lxxxii, col. 1402, 1427 : 1151.

b) Discipline liturgique. — Le plus ancien « rituel » (si l’on peut se servir de ce terme) est un petit livre disciplinaire auquel on avait donné le nom de Constitutiones Ecclesiæ œgyptiacæ (.Egyptische Kirchenordnung, Ordonnance ecclésiastique égyptienne), parce que c’est en Egypte surtout et en Ethiopie qu’il a été répandu. Son origine cependant est romaine, son auteur serait saint Hippolyte et son vrai nom. Tradition apostolique. Les Canons d' Hippolyte, les Constitutiones per Hippolytum ou Abrégé (Epitome) du VIIIe livre des Constitutions apostoliques, le VIIIe livre des Constitutions apostoliques, le Testament de Noire-Seigneur s’inspirent tous de manière plus ou moins directe de la Tradition apostolique et s'échelonnent depuis la fin du iiie jusqu’au ve siècle. Ils permettent de suivre les modifications introduites dans le cérémonial. Il est d’ailleurs naturel de penser, avec Mgr Duchesne, Origines du culte chrétien, 5e édition, p. 544, que le texte d’Hippolyte devait refléter l’usage romain, et que ses versions copte ou éthiopienne ont été corrigées suivant l’usage alexandrin.

Sur les données générales de ces livres, relativement à l’imposition des mains dans l’ordination, voir Imposition des mains, col. 1333-1334. Pour compléter les indications qu’on trouve à cette référence, nous résumerons ici l’exposé qu’a fait de cette liturgie J. Tixerout, L’ordre et les ordinations, p. 112 sq. « . Ordination de l'évêque. — Elle a lieu le dimanche, devant le peuple réuni et avec le concours du presbyterium et des évêques présents. Une première imposition des mains est faite par les évêques seuls : tous prient en silence. W. H. Frère a soupçonné dans cette première imposition des mains le seul rite primitivement essentiel ; cf. Early jorms of ordination dans les Essays de H. B. Swete, p. 275, 308. Mais cette assertion semble difficilement acceptable puisque les Constitutions apostoliques et les Canons d’Hippolyte l’ont abrogée (voir plus loin), et que les fragments de la Tradition édités par Hauler (version latine, i, 1-3) la présentent comme une simple prière préparatoire. Vient ensuite le rite de l’ordination proprement dite. Un des évêques présents, sur l’invitation des autres, impose la main sur l’ordinand et récite la prière suivante, invocation au Saint-Esprit. La traduction a été faite sur le texte grec qui est conservé par YEpitome : « O Dieu et Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Père des miséricordes et Dieu de toute consolation, qui demeures dans les hauteurs et considères ce qui est en bas, qui connais toutes choses avant qu’elles n’arrivent ; toi qui es l’auteur de l’ordonnance de l'Église par la parole de ta grâce ; qui as prédestiné dès le principe la famille juste d’Abraham, établissant des chefs et des prêtres, et ne laissant pas sans ministère ton sanctuaire ; qui, depuis la création du monde, t’es plu à être glorifié dans ceux que tu as choisis ; répands maintenant la puissance — qui vient de toi — de l’Esprit directeur (variante : que tu as donné à ton Fils bien-aimé, qu’il a communiqué aux) dont, par ton enfant bien-aimé Jésus-Christ, tu as gratifié tes saints apôtres qui ont fondé l'Église, à la place de ton sanctuaire, pour la gloire et l’incessante louange de ton nom. Toi qui connais tous les cœurs, donne à ce tien serviteur que tu as choisi pour l'épiscopat (=iç èiztrjxrjTz^i) de paître ton troupeau saint, et de remplir pour toi ses fonctions de grand-prêtre (àp^iEpa-Eusiv)

sans reproche, te servant OiEnrovpYOVVTa) jour et nuit ; de paraitre sans cesse devant ta face en propitiateur, et de t’olTrir les dons de la sainte Église ; et par l’esprit du souverain sacerdoce, d’avoir le pouvoir de remettre les péchés, suivant ton commandement, de conférer les fonctions ecclésiastiques ? (oicôvai jcXvjpouç) suivant ton ordre, et de délier tout lien, suivant le pouvoir que tu as donné aux apôtres ; et de te plaire dans la douceur et la pureté du cœur, en Coffrant une odeur de suavité ; par ton enfant Jésus-Christ Notre-Seigneur, avec qui soit à toi gloire, puissance, honneur avec le Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit il. »

Tel est l’essentiel de la consécration épiscopale : elle s’achève par la célébration des saints mystères. On a remarqué la variante : le texte entre parenthèses appartient au latin et s’est conservé dans l'éthiopien, les Constitutions apostoliques et le Testament. Il a toute chance d'être la leçon primitive.

Aux origines, le contenu de cette prière n'était pas bien déterminé. Comme une glose de la Didachè l’insinue, x, les textes liturgiques n’avaient pas encore acquis à cette époque une très grande rigidité. Cf. Const. Eccl. œgypt., i, 22 ; iv, 4, dans Funk, Didascalia et Constitutiones apostolorum, t. ii, p. 100, 105 ; S. Justin, Apol. i, c. 67, P. G., t. vi, col. 4204.

Les divergences présentées par les documents postérieurs sont, dit Tixeront, les suivantes : d’abord, sauf dans le Testament de Notre-Seigneur, la première imposition des mains disparaît au profit des développements que l’on donne à la forme que doit prendre l’assentiment du peuple à la consécration de l'élu. L'Épitomé et les Constitutions apostoliques VIII, i), ont même omis de noter la seconde imposition des mains. Mais c’est pure distraction, car plus loin, VIII, xlvi, 9, il est formellement déclaré dans les Constitutions, que « les évêques, les prêtres, les diacres reçoivent leur dignité par la prière et l’imposition des mains. » Cf. c. xvi, 2. Cette omission n’est donc pas consciente, comme le prétend Hatch, The organisation…, p. 133. L’unique imposition de la main est faite, d’après les Canons d’Hippolyte, can. 10, par « un des évêques et des prêtres », archaïsme qui, peutêtre, rappelle l’identité des deux mots èniox.onoç, et TTp£a61)Tôpoç, dans le Nouveau Testament. L’Epitomé et les Constitutions apostoliques supposent que la consécration épiscopale est faite par trois évêques, qui se tiennent a côté de l’autel, cependant que les diacres tiennent ouvert sur la tête de l'élu le livre des évangiles, VIII, iv, 6 ; cf. xxvii, 1, 2. Cf. Canons des apôtres, 1, Funk, Didascalia et constitutiones apostolorum, t. i, p. 564. Dans les Constitutions, la prière consécratoire, tout en restant dans le même cercle d’idée a pris un notable développement.

b. Ordination du prêtre. — La Tradition apostolique est muette sur l'élection préalable des simples prêtres (la formule de prière qui se trouve dans YEpitome et les Constitutions la suppose formellement : « Jette les yeux sur ce tien serviteur que le suffrage et le choix de tout le clergé agrège au presbytérium », Constitutions, VIII, xvi, 4). La cérémonie de l’ordinal ion est fort simple. L'évêque impose la main sur la tête de l’ordinand. Les prêtres présents en font autant, sans que, pour cela, ils confèrent avec l'évêque l’ordination : quapropter, dit, un peu plus loin la Tradition, clerum non ordinal (presbyler), super presbyteri vero ordinalione consignât, episcopo ordinante. L'évêque récite la prière suivante : « Dieu et Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, jette les yeux sur ce tien serviteur, et communique-lui l’Esprit de grâce et de conseil, afin qu’il aide aux prêtres et gouverne ton peuple avec un cœur pur : de même que tu as regardé le peuple de ton élection, et que lu as ordonné à Moyse de choisir des vieillards (prcsbyleros) que tu as