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ORDRE. RITE PRIMITIF, DOCUMENTS ANCIENS


miner les interprétations rationalistes du rite de l’imposition des mains : celle de Hatch, réduisant la hiérarchie à des fonctions civiles ordinaires et n’accordant à l’imposition des mains qu’un caractère très secondaire, Gesellscha/tsverfassung der christl. Kirchen im Altertum, Giessen, 1883, p. 133 sq. ; celle de Sohm réduisant l’efficacité de l’imposition des mains à une simple confirmation d’un charisme préexistant. Kirchenrecht, t. I, Leipzig, 1892, p. 60-66. Il est certain, en effet, que les institutions fondamentales faites par les apôtres ont continué dans l'Église. Si le rite de la transmission des pouvoirs sacrés n’est pas mentionné, ce n’est pas que l'écrivain l’ignore : il le suppose.

4° A partir du iiie siècle. — Les textes postérieurs sont une preuve manifeste de la vérité qui vient d'être énoncée.

1. Prsenotandum.

Ainsi que l’a fait remarquer Behm, Die Handauflegung, p. 70, l’usage de l’imposition des mains au début du m° siècle comme rite d’ordination est si universellement répandu qu’on le présente comme ayant ses origines aux premières institutions de la hiérarchie. Voir, par exemple, dans les apocryphes, une ordination conférée par l’apôtre Matthieu, Martyrium Matthœi, 28, édit. Bonnet, dans Acta apost. apocr., t. n a, 1898, p. 259 : l’ordination de saint Pierre par Notre-Seigneur, Actus Pétri cum Simone, 10, édit. Lipsius, ibid., t. i, p. 58 (cf. L. Vouaux, les Actes de Pierre, p. 296) ; la constitution de douze presbytres et de quatre diacres par saint Pierre. Recognit. clementinie, ni, 66-67, P. G., t. t, col. 13Il et Monumenta Ecclesiie liturgica, Paris, t. i b, n. 4647 ; l’installation de Clément et de Zachée par le même apôtre, l’un, comme évêque de Rome, l’autre, comme évêque d’Antioche de Syrie. Epistula Clementis ad Jacobum, ii, P. G., t. n. col. 35, et Mon. lit., n. 4779. ; Recognitiones clemenlinæ, ni, 66-67. Pareillement, l’auteur des Constitutions apostoliques rapporte que les apôtres ont institué évêque, par l’imposition des mains, dans les diverses Églises, leurs successeurs immédiats : « Des évêques qui ont été ordonnés par nous, ysipoTov/ ; 011Tcov, nous vous indiquons que ce furent, ., à Alexandrie, Anianus, ordonné premier évêque xeyeipOTÔvT, Tm, par Marc l'évangéliste, et Avilius, le second par Luc aussi évangéliste. Quant à l'Église de Rome, le premier évêque fut Lin, … et le second, par moi Pierre, ordonné après la mort de Lin, fut Clément, ûtt' è(i/û Iléxpou, Seû-repoç x£/u ;  : ot6vt, t ! U. VII, xlvi, P. G., t. i, col. 1047.

Quelle que soit la suspicion qui légitimement s’attache à pareilles assertions, elles n’en constituent pas moins un témoignage irrécusalle de la tradition existant au ni c siècle. Cette tradition trouve un nouvel appui chez Clément d’Alexandrie, qui rappelle que le prêtre ou le diacre est non quasi ordinatus ab hominibus, oùy Û7r'àv6pcÔ7Ttov -/£'.poTovoù[i.evoc. Strom., VI, xiii, P. G., t. ix, col. 327.

2. Les divers témoignages du IIIe au Ve siècle. — Dès le début du iiie siècle, les témoignages abondent. Lorsqu’il s’agit des évêques, des prêtres et des diacres, l’idée de choisir, d'élire, de constituer implique celle d’imposer les mains : ces deux idées deviennent si intim.ment associées qu’il n’y a pas trace d’ordination où n’intervienne l’imposition des mains. Ainsi, l’imposition des mains, yeipo-rovja ou ysipoŒcna apparaît dans toutes les traditions historiques concernant les ordinations sacerdotales ou les consécrations épiscopales. Sur cette signification et sur la synon mie de XCipoTOvfa et de ysipoGscîa, voir les § 5 et 6 dans le Proœmium du traité De sacramento ordinis de la théologie de Wurlzbourg, t. v, p. 296-298 ; et dans Hallier, De sacris elect. et ordinat., proleg., Cursus theol. de Migne, t. xxiv, p. 161-166. Ce n’est que plus tard

(vers la fin du viiie siècle) que les écrivains ecclésiastiques feront une distinction entre ysipoGeala, bénédiction ecclésiastique, et yeiporovia, ordination proprement dite. Voir déjà Taraise, dans les Actes du IIe concile de Nicée, sess. i, Hardouin, t. iv, col. 52 C. Siméon de Thessalonique applique au sous-cuacre la ysipoŒaîa, au diacre et au prêtre la ysipo-rovia, en distinguant nettement le sens de l’une et de l’autre. De sacris ordinalionibus, 156, 159, P. G., t. clv, col. 361, 365.

Les témoignages qui nous restent peuvent être répartis en trois classes : faits historiques d’ordinations ; discipline liturgique ; enseignement patristique.

a) Faits historiques. — Ordination sacerdotale d’Origène par les évêques de Césarée et de Jérusalem qui lui imposèrent les mains pour le presbytérat, yeTpctç elç TcpecëuTÉptov aùzG> -rcGeîxaai, Eusèbe, H. E., VI, viii, 4, P. G., t. xx, ' col. 537. — Saint Corneille, dans sa lettre à Fabius d’Antioche, raconte comment Novatien fut ordonné prêtre, xotTàyâfiv t' G Itu0x67tou toû ÈTuOé' tcç aÙTeo yeïpaç sic 7rpeaêuTspicu x>9)pov, et comment ensuite il contraignit trois évêques à lui conférer l'épiscopat « par une impo sition des mains sacrilège et vaine, eixovuqj tivi xal yny-aia. yziç>ZT.i%eaiy. imcy. r r.rp oùtw 8'.Gai. » Eusèbe, H. E., VI, xl’iit, 7, ibid., col. 620. Voir, sur le même sujet une lettre de saint Cyprien, à propos des « confesseurs qui ont consenti à une telle consécration : ut paterentur ei manum quasi in episcopatum imponi. » Epist., xi.ix, 1, édit. Hartel, p. 610. Dans une lettre au clergé et au peuple d’Espagne, saint Cyprien décrit ainsi le rite de l’ordination employé pour Sabinus : Quod et apud vos jactum videmus in Sabini collegx noslri ordinalione, ut… episcopatus ei de/erretur et manus ei in locum Basilidis imponeretur. Epist., lxvii, 5, édit. Hartel, p. 739. Cf. consécration de saint Fabien, où les évêques étaient réunis yetpoxovîaç ëvexe-, Eusèbe, H. E., VI, xxix, P. G., t. xx, col. 588 ; consécration d’Anatole d’Alexandrie, à qui Théotecne imposa les mains pour l'épiscopat, yzlpac, zic, èTrioxo7rr ; v ÈTrtTéGeixE, Eusèbe, H. E., VII, xxxii, 21, col. 729. L’auteur du / c ateatoribus, c. iii, parle en des termes identiques de sa propre consécration : episcopium… per imposilionem manus… excepimus, Opéra Cypriani, édit. Hartel, t. iii, p. 94. Il n’est pas encore question, dans ces documents, de l’ordination au diaconat. Mais les textes liturgiques nous renseignent très suffisamment.

Au iv° siècle, saint Basile rappelle qu’Anthime a ordonné Faustus de sa propre autorité et de sa main propre, èyetpoTÔvrjoe tov (PaGo-rov îSia aùOsv-rta y.oi îSia ysipî, Epist., cxxxii (al. cccxiii), P, G., t. xxxii, col. 541 ; cf. Epist., cxxi (al. cxcv), 'col. 540 ; il parle de ceux qui imposèrent les mains à Grégoire de Nysse, o[ yeipoTOVTQaccvTsc, Epist., ccxxv (al. ccclxxxv), col. 841 ; cf. lui, col. 394-397. Saint Grégoire de Nazianze rapporte, faisant mention de la seule imposition des mains, sa propie ordination, Or., x, n. 4, et celle de son père, Or., xviii, n. 33, 34, P. G., t. xxxv, col. 830, 1027. Dans le récit de l’ordination de saint Grégoire le Thaumaturge, saint Grégoire de Nysse montre que la consécration se fait par la seule imposition des mains, Vita S. Gregorii Thaumat., P. G., t. xlvi, col. 909. Saint Optât rapporte que Cécilien fut sacré, manus imponenle Felice Autumnitano. De schimate donat., t. I, n. 18, 19, P. L., t. xr, col. 918. Le sacre de saint Jean Chrysostome, raconté par un auteur du xe siècle, Siméon Métaphraste, fut marqué d’un miracle au moment même où Chrysostome inclinait la tête sous la main de l'évêque, P. G., t. exiv, col. 1075. Voir, dans saint Augustin, l’ordination de Maximien, le gestis cum Emerilo, n. 11, P. L., t. xliii, col. 705 ; de la même