Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.2.djvu/474

Cette page n’a pas encore été corrigée

2081

    1. PASCAL##


PASCAL. VIE ET ŒUVRES

2082

chez le docteur Regnard, cité par Santenoise, Religion et folie, dans Revue philosophique, 1900, t. I, p. 151. Voir la critique de cette opinion dans Archives de philosophie, t. i, cahier 3, 1923, Études sur Pascal, p. 131 sq. : La maladie de Pascal. P. Valéry juge durement ces moments où Pascal « se perd à coudre des papiers dans ses poches, quand c’était l’heure de donner à la France la gloire du calcul de l’infini », et lui oppose Léonard de Vinci, pour qui « pas de révélation, pas d’abîme ouvert à sa droite ». Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, dans Variété, in-16, Paris, s. d. (1926), p. 183.

6° A Port-Royal. Les dernières années (1654-1662).

L’habile direction de Singlin achève l’œuvre de la grâce ; cf. Lettres de Jacqueline de Sainte-Euphémie Pascal à Mme Périer et à Biaise Pascal, 8 décembre 1654 et 19 janvier 1655, n. lxvi, t. iv, p. 15-19 ; Délègue, Étude sur la dernière conversion de Pascal, dans Mémoires lus à la Sorbonne, 1869, p. 419-433. Singlin le soumet à l’épreuve. « Soumission totale à Jésus-Christ et à mon directeur », disait le Mémorial. Pascal se prêtera donc à tout. Il se séparera de Roannez qui, du reste, l’imitera bientôt, ainsi que Donat, un ami de Clermont ; il ira vivre à Vaumurier, chez le duc de Luynes. Mais bientôt il sollicite et obtient une cellule à Port-Royal parmi les solitaires, dont il ne sera jamais cependant. Au scandale de Méré, qui lui reproche « de ne fréquenter que des malheureux », il s’occupe de « sept ou huit enfants avec des loques » ; cf. Boudhors, Œuvres de Méré, t. iii, Discours sur le commerce du monde, p. 152, et Notes, p. 224, et, au scandale de Jacqueline, il est gai : « c’est un pénitent réjoui. « Lettre de Jacqueline à Mme Périer, 25 janvier 1653, t. iv, p. 66.

De ce moment datent : janvier 1655, le fameux Entretien avec M. de Saci sur Épictète et Montaigne, n. lxvii, ibid., p. 21-57 ; probablement ces deux écrits, — M. Lhermet, toc. cit., p. 109, les fait dater de la première conversion, — Comparaison des chrétiens des premiers temps avec ceux d’aujourd’hui, et Sur la conversion du pécheur, celui-ci attribué parfois, mais à tort, à Jacqueline Pascal, et tous deux inspirés des Lettres spirituelles de Saint-Cyran et de la Fréquente communion, n. clxxx et clxxxi, t. x, p. 407-418, 419-426 ; des Éléments de géométrie destinés aux Petites Écoles, qu’Arnauld utilisera dans ses Nouveaux éléments de géométrie et dont il reste un fragment d’une introduction purement mathématique et deux fragments d’une introduction philosophique analogue à la préface du Traité du vide, et intitulée De l’esprit géométrique. Le second fragment est plus souvent appelé De l’art de persuader : n. cxliv, Fragments de l’esprit géométrique , 1 extrait de l’introduction à la géométrie, t. ix, p. 229294 ; cf. Adam, Opuscules philosophiques de Pascal, p. 71 sq. luis, dès janvier 1656, les Provincicdes. La guérison de sa nièce, Gilberte Périer, « sa fille spirituelle dans le baptême », dit Mme Périer, autrement dit, le miracle de la Sainte Épine, survenu le 24 mars 1656, troisième vendredi de carême, où Y introït de la messe invite Dieu à faire un miracle en faveur des siens, parut à Pascal une approbation divine de Port-Royal : « Voici que Dieu choisit lui-même cette maison pour y faire éclater sa puissance… Il faudrait avoir perdu le sens pour en conclure que Port-Royal est dans la voie de perdition. » Pensées, fr. 839 et 841. Il conçut alors, semble-t-il, par reconnaissance, l’idée de l’Apologie : « Comme Dieu n’a pas rendu de famille plus heureuse, qu’il fasse aussi qu’il n’en trouve pas de plus reconnaissante. » Ibid., fr. 856. Sur ce miracle, cf. Lettres et fragments de lettres de Jacqueline Pascal à Mme Périer, 29 et 31 mars 1656, n. lxxv, t. iv, p. 321-335 ; Sainte-Beuve, loc. cit., p. 178, qui expose ses raisons de douter ; Gazier, Histoire générale du mouvement janséniste, 2 in-8°, Paris, 1922, t. i, p. 108-109, qui soutient l’authenticité ; Corlieu, Une guérison miraculeuse dans la famille de Pascal, p. 272-273, dans France médicale, 1923 ; Maire, t. iii, p. 359-366.

Si l’authenticité de ce miracle prête aujourd’hui à objection, jamais elle ne fit de doute pour Pascal. Ce miracle le fixe sur Port-Royal. « Les miracles, dira-t-il, discernent aux choses douteuses. » Pensées, fr. 841 ; et quand, à la suite du miracle de la Sainte Épine, Mlle de Roannez se croit appelée à la vie religieuse mais hésite encore, c’est en port-royaliste qu’il lui explique ses hésitations : elles ne sauraient ni l’étonner : Dieu est un Dieu caché ; ni la faire reculer : elles sont l’effet de la concupiscence ; cf. Fragments de lettres à Mlle de Roanne :, n. lxxxiv, t. v, p. 405-411 ; n. xci, xcv, xcvn, xcix, t. vi, p. 81-90, 156-163, 213-222, 295-301.

Vers la fin de 1659, il écrira Trois traités sur la condition des grands, n. cliv, t. ix, p. 359-373, probablement pour le fils du duc de Luynes, et que Nicole publiera dans son Traité de l’éducation d’un prince, 1670. Peut-être Pascal s’est-il déjà proposé d’écrire « contre ceux qui approfondissent trop les sciences », Pensées, fr. 76, mais il n’a pas perdu contact avec les sciences, et une nuit de juin 1658, où il souffre davantage, il trouve dans un éclair la solution du problème de la roulette ou de lacycloïde simple qu’a proposé Mersenne. Sur l’observation de Roannez que, pour combattre les athées, — par V Apologie, — il est bon de s’assurer une réputation « de raisonnement parfait », Pascal, par une circulaire anonyme, défie les savants français ou étrangers, de résoudre dans les trois mois six questions relatives au problème de la roulette ; un jury de savants présidé par Carcavi décernera deux prix de 40 et 20 pistoles. Mais Roberval a déjà résolu quatre des six questions. Pascal, dans une seconde circulaire qu’il signe Amos Dettonville, anagramme de Louis de Montalte (voir Provinciales) restreint le concours aux deux questions non résolues, juillet. Clos par deux lettres de Dettonville à Carcavi, le concours n’est jugé que le 24 novembre : personne n’a satisfait aux conditions. Pascal, qui a publié le 14 octobre une Histoire de la roulette, n. cxxviii, t. viii, p. 179-224, et qui a promis de donner les solutions aussitôt après le concours, ne les fait paraître qu’en décembre, sous ce titre : Lettre d’A. Dettonville à M. de Carcavi, suivie de traités de géométrie, n. cxxxi, t. viii, p. 247-288. « Ces travaux marquent une date importante dans l’histoire de la pensée humaine. Pascal a résolu un grand nombre de problèmes de calcul intégral que personne n’avait abordés avant lui. Si l’idée générale d’une théorie de l’intégration ne se trouve pas chez lui, en revanche il devance sur plus d’un point l’œuvre des créateurs officiels du calcul intégral. » P. Boutroux, t. iv, p. lxiv.

Toutefois : 1. On a relevé dans l’Histoire de la roulette plusieurs erreurs touchant les faits. Entre autres, contre Torricelli une accusation de plagiat qui souleva aussitôt les protestations ; cf. H. Bormans, Les premières pages de l’histoire de la roulette, dans Archives de philosophie, 1923, p. 92-112 ; Stuyvært, Sur l’auteur de l’Histoire de la roulette publiée par Biaise Pascal, dans Bibliotheca mathematica, III 8 série, t. viii, Leipzig, 1907-1908, p. 170-172. — 2. Deux des concurrents se plaignirent du jugement rendu : le jésuite Lalouère auquel Pascal répondit de haut ; l’Anglais Wallis, qui accusa même Pascal d’avoir, dans ses réponses, plagié les concurrents ; cf. t. viii, Inlrod., p. 181-194 ; Hatzfeld, Pascal, p. 179 sq. ; Jovy, Pascal inédit, t. i, p. 473-559 ; Tannery, Pascal et Lalouère, dans Mém. de la soc. des sciences physiques, Bordeaux, 1890, 1894.

A partir de 1660, tandis qu’il prépare l’Apologie, ses maux s’aggravent. Il se jette encore cependant à