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d’organiser de concert avec Halitgaire, évêque de Cambrai, l’évangélisation des régions, au delà de l’Elbe, dans la direction du Danemark et de la Suède. Jaffé, Regesla pontifie, n. 2553. Dès l’année suivante, Ebbon, de retour à la cour franque, pouvait donner sur ses premières tentatives les renseignements les plus optimistes. Annales d’Eginhard, col. 496 C. Sur l’attitude plus que raide de Pascal à l’égard de Raban Maur, alors abbé de Fulda, voir Mon. Germ. hist., Epistolæ t. v, p. 528, n. 26.

Nous ignorons ce que furent les rapports de Pascal avec Constantinople, où, après la trêve du règne d’Irène, l’iconoclasme avait repris, violent sous Léon V (813-820), un peu plus modéré sous Michel le Bègue (820-829). La correspondance de Théodore le Studite contient deux lettres adressées par celui-ci à un pape, que Baronius identifie avec Pascal I er. Epist., t. II, xin et xiv, rapportées respectivement par Baronius aux années 817 (cf. Annales, an. 817, n. 21) et 818 (ad hune an., n. 1). Mais il est difficile de préciser, dans le détail, les secours que put fournir le pape au moine persécuté.

Sources. — La notice du Liber pont., éd. Duchesne.t. ii, p. Û2-68, précieuse pour l’archéologie, est muette sur tous les événements de quelque importance du pontificat ; c’est d’elle que provient l’histoire de « l’incendie du Borgo », dont on sait l’intérêt au point de vue de l’histoire de l’art. — La source principale est constituée par les Annales dites d’Eginhard (le texte de P. L., t. civ, reproduit celui des Mon. Germ. hisl., Scriplores, t. i), desquelles dérive directement la Vita Illudovici dite de l’Astronome, P. L., t. civ ; la Vita Illudoviei de Thégan, P. L., t. evi, n’ajoute que peu de traits particuliers. Pour les lettres de Pascal 1°, Jaffé, Regesla pontif. rom., 2’édit., p. 318-320.

Travaux récents. — F. Gregorovius, Geseh. der Stadt Rom im M. A., 5’édit., t. iii, p. 35-55 ; Baxmann, Die Politik der Pàpste, t. i, p. 329-331 ; L. Duchesne, Les premiers temps del’Êtat pontifical, Paris, 1898, p. 94-99 ; A. Hauck, Kirchengeschichle Deutsehlands, 3e -4e édit., t. ii, Leipzig, 1912, p. 492-496, on trouvera p. 193, n. 1, une discussion sommaire, avec énumération des auteurs pour et contre, de l’authenticité du Privilegium Ludovici. Hauck croirait assez volontiers à l’authenticité de la première partie (relative au territoire pontifical), mais avec des interpolations ; ce qui dans le Privilège se rapporte aux relations des deux pouvoirs lui paraît beaucoup plus douteux.

É. Amann.

2. PASCAL II, pape du 13 août 1099 au 21 janvier 1118. — Originaire d’un petit village rattaché à la ville de Galeata, dans la région de Ravenne, Rainier, tel était son nom, entra de bonne heure en religion. Venu à Rome, vers l’âge de vingt ans, pour les affaires de son couvent, il fut remarqué par le pape Grégoire VII (1073-1085), qui le retint à son service et finit par lui accorder le titre cardinalice de Saint-Clément. Ce dut être vers 1080. On sait peu de chose de Rainier sous les pontificats de Victor III (1086-1087) et d’Urbain II (1087-1099). Celui-ci étant mort à Rome le 29 juillet 1099, Rainier fut élu pour lui succéder quinze jours plus tard, le 13 août, et consacré le lendemain, sous le nom de Pascal. Son long pontificat sera marqué par une recrudescence de la lutte du Sacerdoce et de l’Empire, qui va prendre un caractère très spécial. Mais s’il ne put mettre un terme, en Allemagne, à cette douloureuse querelle, il eut plus de succès dans ses rapports avec le reste de la chrétienté.

I. Pascal II et les empereurs allemands. — Sous le pontificat d’Urbain II, la situation de la papauté, si compromise sous le règne de Victor III, avait été s’affermissant de manière continue. Sans doute le pape impérial, Guibert (le pseudo-Clément III) était parvenu à se maintenir en face d’Urbain ; mais finalement, terré à Ravenne, il faisait bien petite figure à côté du grand pape qui, à Plaisance, en mars 1095, à Clermont-d’Auvergne en novembre de la même année,

avait vu se grouper autour de lui les représentants de toute la chrétienté et venait de lancer l’Occident latin à la délivrance du tombeau du Christ. Vieilli, fatigué d’une lutte sans issue, l’empereur Henri IV n’était plus homme à diriger les événements. L’Allemagne, visiblement, se lassait du schisme et des contre-coups qu’il avait sur toute la vie politique et religieuse. Le successeur d’Urbain bénéficierait de cette situation.

1 Pascal II et Henri IV (1099-1106). — Le plus facile était pour Pascal de se débarrasser de l’antipape. C’était, paraît-il. le vœu des Romains ; et la prudence conseillait de le réaliser, car Guibert venait de s’installer à Albe, à proximité de Rome. Il en fut bientôt chassé, et se retira à Cività Castcllana. Ces événements ont pu se passer à l’automne de 1099 ; en septembre 1100, Guibert mourait. Henri qui, de fait, semblait l’avoir à peu près abandonné ne se préoccupa pas de lui donner un successeur. Les guibertistes s’en chargèrent ; une nuit de la fin de septembre, rassemblés à Saint-Pierre-de-Rome, ils élurent comme pape, l’évêque de Sainte-Rufine, Théodoric. La joie de celui-ci fut de courte durée ; il ne tarda pas à être chassé de la cité léonine. Cent-cinq jours après son élection, il était pris par les gens de Pascal II ; on se contenta de l’interner au monastère de la Cava, où il mourut bientôt. A cette nouvelle, les adversaires de Pascal, d’intelligence peut-être avec des partisans de l’empereur, essayèrent, en février ou mars 1102, de donner un successeur à Théodoric, en la personne d’Albert, évêque de Sabine. Le succès fut encore plus médiocre, et la nomination de l’antipape ne fut qu’une échauffourée sans lendemain. Arrêté sur l’heure, le nouvel élu fut, lui aussi, enfermé dans un monastère. Il faudra attendre trois ans pour que se reproduise une nouvelletentative. A l’automne de 1105, l’archiprètre Maginulfe, profitant habilement des divisions intestines qui ne cessaient d’agiter Rome, et appuyé par un partisan de Henri IV, réussit à se faire élire le 18 novembre et à s’emparer du Latran où il fut consacré sous le nom de Sylvestre IV. Pascal avait eu le temps de s’enfuir et s’était retiré au sanctuaire vénéré de Saint-Jean, dans l’île du Tihre, puis dans la cité léonine. Il put rentrer en force dans la ville dès le lendemain, et Maginulfe gagna Tibur, puis Osimo, sans qu’on le voie faire dorénavant acte de juridiction. Il ne fera sa soumission définitive à Pascal, qu’en 1111, dans des circonstances sur lesquelles nous reviendrons.

A coup sûr, il n’est pas impossible de discerner en ces divers soulèvements la main des agents de Henri IV. Celui-ci, par contre, ne semblait les suivre que d’un œil assez distrait. Il aurait préféré faire la paix avec l’Église romaine. Quand avait été connue en Allemagne la mort de Guibert, on avait conseillé à l’empereur de rassembler à Mayence, pour Noél 1100, une diète où l’on délibérerait sur les moyens de refaire l’unité ecclésiastique, depuis si longtemps rompue. Stumpf, Regesten der Kaiser, n. 2948 ; texte au mieux dans Constitut. imperatorum, Mon. Germ. hist., Leges, sect. iv, t. i, p. 124. Même idée exprimée en 1102 ; selon la Chronique d’Ekkehard, Henri au début de cette année se déclare prêt à partir pour Rome ; il y convoquerait pour la Chandeleur un concile où l’on ventilerait canoniquement la cause du pape et la sienne et où l’on referait l’union du Sacerdoce et de l’Empire, rompue depuis si longtemps. P. L., t. ci.iv, col. 985 C. Nous savons peu de choses des tentatives de négociation qui purent avoir lieu à ces deux moments. S’il y en eut, elles laissèrent le pape inflexible ; pour lui. Henri IV était excommunié, il n’y avait plus à négocier avec lui. Voir la lettre à Gérard de Constance du 18 janvier 1100, Jaffé, Regesla, n. 5817, où Pascal dément tous les faux bruits de sa réconciliation avec Henri. Le synode qui se tint au milieu du carême de l’année 1 102