Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.2.djvu/452

Cette page n’a pas encore été corrigée
2037
2038
PARIS — PARISIÈRE


par Guillaume de Normandie, jusqu’en 1253. — -3° Gesla abbatum monasterii Sancti Albani. De cette chronique de l’abbaye de Saint-Albans compilée entre 1390 et 1394 par Thomas Walsingham, c’est Mathieu Paris, qui a, selon toute probabilité, rédigé la première section de 793 à 1255. — 4° Vitæ Offarum, les vies des deux rois de Mercie, Otïon I er et OHon II. ont été attribuées à Paris. H.-K. Luard conteste cette attribution qui est au contraire maintenue par F. Liebermann. — 5° Vita sancti Stephani (de Langton) archiepiscopi Cantuariensis. Cette vie, dont l’attribution à Paris ne parait pas contestable, n’est plus conservée que d’une manière fragmentaire (an. 1215-1220). Paris l’a composée en puisant d’une main un peu rapide dans ses ouvrages antérieurs. Cet archevêque avait eu d’assez sérieuses dihicultés avec la curie romaine. Sa biographie est assez caractéristique de l’état d’esprit de notre auteur. — 6 U A son propre témoignage (Chrome, t. v, p. 369), Mathieu avait écrit une Vie de saint Edmond, archevêque de Cantorbéry (1233-1240), dans laquelle il avait également consigné les miracula opérés par l’évêque Richard de Chichester (ibid., p. 381). Il ne s’en est rien conservé.

La valeur de Mathieu Paris comme historien est considérable, et son œuvre constitue une des sources les plus importantes pour l’histoire générale et pour l’histoire ecclésiastique du xme siècle. L’ampleur et la sûreté ordinaire de son information, la sincérité dont il témoigne, la liberté aussi avec laquelle il exprime son jugement sur les personnes et les faits en font un témoin précieux. Mais son impartialité est parfois sujette à caution. D’esprit très « insulaire », il réagit avec vigueur contre ce qui pourrait atteindre les coutumes et les libertés de l’Angleterre. C’est ce qui explique en particulier l’attitude nettement agressive qu’il a prise, en nombre de passages, à l’endroit sinon de la papauté en tant qu’institution, du moins à l’égard de ses représentants les plus considérables au xme siècle. Xi Innocent III, ni Grégoire IX, ni surtout Innocent IV ne sortent grandis de son histoire, et il accumule contre ce dernier de considérables griefs. A la vérité, ce qu’il conteste, c’est moins le pouvoir de la papauté que la façon particulière dont celle-ci exerce ses droits en Angleterre. Il tient en spéciale horreur et les tributs féodaux imposés par la curie, et les levées de contributions ecclésiastiques extraordinaires qui se multiplient au xiii c siècle, et les réserves en matière bénéflciale qui font aller à des étrangers les revenus de l’Angleterre, et les légats qui viennent trop souvent dans l’île pour servir les abus de la fiscalité pontificale.

Ce sont les protestations extrêmement vives de Mathieu Paris contre la curie qui ont motivé son insertion par Flacius Illyricus dans le Catalogus teslium veritatis, elles ont aussi amené Parker à l’éditer. Ces plaintes sont si vives parfois, que Bellarmin et Baronius, les lisant dans ces publications protestantes, ont prétendu qu’elles avaient été interpolées par les éditeurs. Vaine échappatoire, car elles figurent en des manuscrits qui sont de la main même de l’auteur ou transcrits sous sa surveillance. Il est même remarquable que, revisant son œuvre, après qu’elle avait déjà été recopiée une première fois, Mathieu ait pris la peine de corriger un certain nombre de ses critiques les plus véhémentes. Ces critiques s’expliquent par tout ce que nous avons dit et ne doivent pas donner le change sur les sentiments profonds du moine de Saint-Albans. Les abus, réels ou supposés, qu’il remarquait dans l’administration pontificale de son époque, ne l’amenaient pas à contester la réalité même des droits du Saint-Siège. L’on se tromperait lourdement, c’est F. Liebermann qui le fait remarquer, en faisant de lui un partisan de l’Empire dans la lutte de celui-ci contre

le Sacerdoce, et, ajoutons-le, en le considérant comme un précurseur de la Réforme.

Textes.

Des extraits de la Grande chron ique avaient

été donnés par Mathias Flaccius Illyricus dans le Catalogus lestium veritatis. Bâte, 1556, p. 593-625 ; Parker donne une édition de la Chronique en 1571, reproduite à Zurich en 1589 et 1606, édition franchement mauvaise, et qui témoigne du plus capricieux arbitraire ; en 1640, G.Wats donne a Londres une édition meilleure de la Chronique à partir de 1067 (sous le titre Historia Anglorum), des Vilm duorum Offarum et 23 abbatum S. Albani, et du Liber additamentorum ; réimprimée à Paris, 16 14, et à Londres, 1686. C’est à cette édition que sont empruntés les extraits de Brial dans le Recueil des historiens des Gaules, t. xvii, sur elle aussi que sont faites et la traduction franeaisede Huillard-Bréholles, 1840, el la traduction anglaise de Giles, 1849-1854. — A partir de 1866, la collection anglaise des Rolls séries donne successivement : 1. VHistoria Anglorum iscu ut vulgo dicitur Historia minor) par les soins de Fr. Madden, 3 vol., 1866-1869, le dernier contient une Abbrevialio clirouicorum Angliai, dont l’attribution à Mathieu Paris est plus que douteuse ; 2. les Gesla abbatum monasterii Sancti Albani de Th. Walsingham, publiés par H. -T. Rilley, dont le t. i, 1867, contient les notices rédigées par Mathieu ; 3. les Chronica majora, publiées par II.-R. Luard, 7 vol., 1872-1883, travail magistral ; F. Liebermann a extrait de ces éditions les passages plus particulièrement relatifs à l’Allemagne dans Mon. Germ. hist., Script., t. xxviii, 1888, p. 107-455 ; en 1879, ce morne Liebermann a publié le texte encore inédit du fragment de la Vie d’Etienne Langton, Ungedruckte Anglo-Normannische Geschichtsqttellen, Strasbourg, p. 318-329.

Travaux.

On trouvera, en tête de l’édition de Wats,

Londres, 1686, les notices et les testimonia antérieurs à 1640, rangés en deux catégories : les protestants, les catholiques. Relever parmi ces derniers les appréciations de Baronius, Annales, an. 996, n. 63 ; an. 1197, n. 16 et 17, « totus est (Matthoius) in carpendis romarnu Ecclesiai pontificibus » ; et de Bellarmin, De scriptor. eccles., an. 1245 : > non pduca leguntur tum in ipso libro cum in notis marginalibus qusa videntur addita ah hwreticis ad invidiam conflandam Ecclesiai romanic », cette note passe dans les critiques catholiques postérieurs : Possevin, Pitseus, et d’autres. — Au xvin’siècle : K. du Pin, Nouvelle biblioth. des auteurs ecclés., t. x, 1700, p. 79 ; Fabricius, Bibl. lat. Mediic JEialis, t. v, Hambourg, 1736, p. 153-155. — La connaissance de l’auteur et de son œuvre doit à peu prés tout aux travaux des auteurs anglais, ci-dessus nommés, Madden Rilley et surtout Luard, voir les préfaces en tête de presque chacun des volumes édités ; notice très complète de F. Liebermann dans Mon. Germ. hist., Script., t. xxviii, 1888, p. 74-106 ; Th. Duffus Hardy, Descriptive catalogue o/ mss. relating (o the historg of Great Britain and Ireland ( — Rolls séries, n. 26), 1862-1871, voir la table alphabétique à la fin du t. m ; notices dans Dictionary of national biographg, t. xliii, 1895, au mot Paris, dans la Protest. Real-Encgklopddie, t.xii, 1903, au mot Malthœus Paris. — Peu d’études sur les idées mômes de Paris, voir au moins : H. Plehn, Der politische Charakter von Mathœus Parisiensis, Leipzig, 1897, dans les Staats-und sociulunssenseliaflliche Iorschungen, publiées par (1. Schmol-Ier, t. xiv, fasc. 3.

É. Amann.

PARISIÈRE (Jean César Rousseau de LA)

(1667-1736) naquit à Poitiers, le 3 mai 1667. Il étudia les belles-lettres, puis la théologie. En 1711, il succéda à Fléchier sur le siège de Nîmes et il s’occupa très activement de son diocèse ; les appelants de la bulle Unigenitus le signalent comme un de leurs adversaires. Député à l’assemblée du clergé de 1730, il Ht la harangue de clôture et, dans son discours au roi, il indiqua nettement ses sentiments sur les questions controversées. Il mourut à Nîmes, le 15 novembre 1736. — De son vivant, l’évêque de Niines ne publia que sa Harangue au roi, qui fut dénoncée par l’abbé Pucelle comme contenant des maximes propres à provoquer des troubles, mais l’évêque se justifia, dans une lettre adressée, le 18 novembre 1730, au cardinal de Fleury. La Parisière laissa de nombreux manuscrits aux jésuites, et le P. Senault publia de lui un recueil, sous le titre Panégyriques, serinons, harangues et autres pièces d’éloquence, 2 in-12, Paris, 1740.