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PARESSE

PARGOIRK

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Du péché capital de tristesse qui, selon lui, inclut l’acédie, saint Grégoire fait dériver six autres péchés : malitia, rancor, pusillanimitas, desperado, torpor circa pra’cepla, evagatio mentis circa illicita. Moralium, t. XXXI, c. xlv, P. L., t. i.xxvi, col. 621. Isidore de Séville, quand il distingue la tristesse de l’acédie, fait naître de la première quatre péchés : rancor, pusillanimitas, amariludo, desperatio, et de la seconde sept : oliositas, somnolentia, imporlunilas. inquiétude, instabilitas mentis ei corporis, verbositas, curiosilas. Quæst. in Deuteron., c. xvi, P. I… t. lxxxiii, col. 366. Alcuin rattache cinq vices à la tristesse : malitia, rancor, animi pusillanimitas, amariludo, desperatio, et huit à l’acédie : somnolentia, pigritia boni operis, instabilitas loci, pervagatio de loco in locum, lepiditas laborandi, tsedium cordis, murmuralio et inaniloquia. De virt. et vitiis, c. xxxii-xxxiii, P. L., t. ci, col. 635. Saint Thomas d’Aquin fait sienne l’énumération de saint Grégoire et s’efforce de l’expliquer logiquement.

L’homme, dit-il avec Aristote, Éthique, t. VIII, c. v-vi, est ainsi fait que la joie lui est nécessaire de temps en temps ; la tristesse ne tarde pas à engendrer en lui deux mouvements : l’un par lequel il s’éloigne de ce qui peine, l’autre par lequel il se porte vers ce qui procure du plaisir ; le premier comporte d’ailleurs deux formes successives : la fuite de ce qui attriste, et l’offensive pour le détruire. Ainsi en est-il de l’acédie qui est une espèce de tristesse, relative à la fin de l’homme et aux moyens qui y conduisent. Elle porte à fuir cette fin par le désespoir, et ces moyens par la pusillanimité devant les conseils évangéliques ou par la négligence des préceptes. Elle porte à lutter contre les sources de tristesse, par la rancwur qui s’attaque aux donneurs de conseils et par la malice qui veut faire détester les biens spirituels. Elle porte enfin au désir des plaisirs extérieurs et à la recherche des choses défendues : evagatio mentis circa illicita. Sum. theol., IIa-IIæ, q. xxxv, a. 4 et ad 2um.

Saint Thomas, qui justifie ainsi l’énumération de saint Grégoire, quitte à en modifier l’ordre, estime d’ailleurs que celle d’Isidore peut facilement y être ramenée ; car l’amertume qu’Isidore fait dériver de la tristesse est un effet de la rancœur, l’oisiveté et la somnolence qui font négliger ou omettre les devoirs s’identifient avec la torpor circa prsecepta, et les cinq autres péchés que le.même auteur rattache à l’acédie sont des formes diverses de la recherche des choses défendues. Loc. cit., ad 3um.

La systématisation de saint Thomas se retrouve généralement chez tous les théologiens qui ont traité de la paresse comme péché capital. Les appellations varient parfois, mais seulement pour marquer des nuances ; par exemple, la malitia devient irrisio, et la rancor devient indignatio chez Tanquerey, Synopsis theol. moralis et pastoralis, t. n. 6e éd., n. 563.

Remèdes.

Les remèdes signalés plus haut à

propos de la paresse au sens large du mot, valent aussi contre l’acédie ; mais d’autres peuvent leur être ajoutés, qui sont propres à la paresse spirituelle : penser à la mort et aux biens futurs éveille l’espérance et donne courage, quanta magis cogilamus de bonis spiritiKdibus, tanto magis nobis placenlia redduntur, ex quo cessât acedia, Sum. theol., loc. cit., a. 2, ad4um ; se souvenir de ses péchés aide à supporter les peines qui sont de nature à les expier ; faire en confession l’aveu de la tentation est un moyen de la calmer ; des entretiens fraternels peuvent avoir le même effet en dissipant la tristesse. Mais il importe surtout de tenir ferme et d’agir ; de tenir ferme en ne changeant, ni d’état de vie, ni de couvent, ni de dessein ; d’agir par la lecture, la psalmodie, le travail manuel, la prière,

les bonnes œuvres de tout genre. Le diable, dit Alcuin, tente plus difficilement celui qui n’est jamais oisif, op. cit., col. 635 ; et Cassien se réclame de l’expérience pour préconiser la résistance plutôt que la fuite : Experimento probatum est acediæ impugnationem non declinando fugiendam sed rcsistando superandam. De instil. ca-nob., 1. XI. c. xxv, P. L., t. xux, col. 398.

Outre les auteurs cités au cours de l’article, surtout saint Thomas d’Aquin, Cassien, saint Jean Climaque, saint Grégoire le Grand, Alcuin, voir les moralistes qui ont traité des péchés capitaux. Do plus, Noël Alexandre, De peccatis, dans le Cursusde Migne.t. xi, col. 1148-1170 ; Melchior Cano, La victoire sur soi-même, trad. Legendre, Paris, 1923, c. x ; Faber, Le progrés de l’âme dans la vie spirituelle, trad. de Bernhardt, Paris, l re édit. en 1856, 1892, c. xiv ; Vuillermet, Soyez des hommes, Paris, 1908, c. xi, p. 185 ; J. Laumonier, La thérapeutique des péchés c « pi’f « u.r, Paris, 1922, c. m ; Tanquerey, Précis de théologie ascétique et mystique, 5e éd., Paris, 1924, p. 562567. Sur le mot accidia et ses diverses significations, voir une intéressante étude dans Henry Cochin, Le frère de Pétrarque et le Livre du repos des religieux, Paris, 1903, p. 205-221 ; et Du Gange, Glossarium.’E. Vansteenueughe.

    1. PAREXA ou PAREJA François##


PAREXA ou PAREJA François, frère mineur (xvie -xviie siècle). — Originaire de Ahon, dans le diocèse de Tolède, en Espagne, il partit, en 1593, comme missionnaire en Floride. Il publia : 1° Catechismo en lengua castellana y timuquana, Mexique, 1612, in-8°, 80 p. ; 2° Caiechismo y brève exposicion de la doctrina christiana ; muy util y necessaria ais por los Espaiïoles, como para los naturales, en lengua castellana y timuquana, en modo de preguntas y respueslas, ibid., 1617, in-8°, 170 p.

!.. Wadding, Scriptores O. M., Rome, 1906, p. 90 ; J.-H. Sbaralea, Supplementum, 2e édit., t. i, p. 294 ; Marcellino da Civezza, Saggio di bibliografia sanfrancescana, Prato, 1879, n. 809 ; le même, Storia délie missioui francescane, t. vii, parte 2, Prato, 1891, p. 490.

Am. Teetært.

    1. PARGOIRE Jules##


PARGOIRE Jules, des augustins de l’Assomption (1872-1907). -- Né à Saint-Pons-de-Mauchiens (Hérault), le 8 septembre 1872, il fit ses études classiques dans les alumnats des augustins de l’Assomption et entra au noviciat de cette congrégation en 1889. Il émit ses vœux perpétuels deux ans plus tard et partit aussitôt pour l’Orient où il passa le reste de sa vie. Ses études achevées à Jérusalem, il fut attaché dès 1895 à la maison de Cadi-Keuy (ancienne Chalcédoine) et apporta dès la première heure son concours actif au groupe de religieux qui se consacraient aux études ecclésiastiques orientales. A deux repiises (1901, 1905), il fit un voyage d’exploration au mont Athos avec son supérieur, le P. Louis Petit, futur archevêque d’Athènes, et il en rapporta de nombreux documents inédits. Pendant douze ans, le P. Pargoire fournit une somme d’études considérable, non seulement dans les Échos d’Orient, fondés en 1897 par le P. Louis Petit, mais dans divers périodiques français et étrangers. Topographie, histoire ecclésiastique et littéraire, hagiographie, épigraphie, liturgie, il a abordé les sujets les plus variés avec une égale maîtrise. Son œuvre principale, L’Église byzantine de 527 à 847, Paris, 1905, 1923, n’a rien perdu de sa valeur après un quart de siècle. La compétence du P. Pargoire dans les sciences ecclésiastiques orientales a été louée par des maîtres comme L. Duchesne et P. Batiflol. Il possédait, en effet, une érudition profonde et une critique avisée qui font plus vivement déplorer sa mort prématurée (17 août 1907). La liste de ses travaux publiés en dehors des Échos d’Orient a été donnée par cette revue dans l’article nécrologique que lui a consacré le P. Louis Petit, septembre 1907, t. x, p. 258-259.

R. Janin.