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PARENTS. DEVOIRS SPECIAUX


seulement que la religion soit enseignée à certaines heures, mais que « tout le reste de la formation soit imprégné de piété chrétienne ». Les parents ont donc le devoir de ne confier leurs enfants qu’à des écoles catholiques ; ainsi pourra être réalisé plus facilement le programme fixé par le canon 1372 : Fidèles omnes ita surit a pueritia inslituendi ut non solum nihil eis tradatur quod catholicæ religioni morumque honcslati adversetur, sed præcipuum institutio religiosa ac moralis locum obtineat.

En fait, cependant, il n’est pas toujours facile, ni même possible aux parents de se conformer à cette loi, soit parce qu’aucune école catholique n’est à leur disposition, soit parce qu’ils ne sont pas libres d’y envoyer leurs enfants, soit parce qu’elle est insuffisante pour les fins qu’ils sont en droit de poursuivre. D’autre part, le danger auquel sont exposés les enfants en fréquentant des écoles non catholiques peut être plus ou moins grand et plus ou moins prochain. On conçoit donc que l’envoi des enfants dans des écoles non catholiques, neutres ou mixtes, puisse parfois être toléré. Il ne peut l’être, déclare le Code, qu’au jugement de l’Ordinaire, et moyennant certaines précautions déterminées par lui : solius autan Ordinarii loci est decernere… in quibus renun adjunctis et quibus adhibitis cautelis, ut periculum perversionis viletur, tolerari possil ut ex scholx celebrentur. Can. 1374. Cette prescription aussi a été renouvelée par Pie XI, encyclique Rappresentanti.

D’après les règles générales de la morale, l’autorisation sera donnée d’autant plus difficilement et les précautions exigées seront d’autant plus strictes que le danger de perversion sera plus grand. La nature de ces précautions ressort de celle du péril auquel il s’agit de parer. Ce seront, par exemple, un complément d’instruction ou d’éducation donné dans l’école même, ou hors de l’école, dans les catéchismes ou les cercles d’études religieuses ; un contrôle assidu des livres employés ou des cours professés ; une réfutation sérieuse des erreurs ou des fausses maximes qui viendraient à être enseignées. Le Saint-Siège lui-même a montré la voie à suivre, dans les décrets par lesquels il a déclaré que désormais les étudiants catholiques anglais pourraient fréquenter les universités d’Oxford et de Cambridge. Saint-Office, 2C mars 1895 ; Congrégation de la Propagande, 17 avril 1895. En France, des organismes sont nés, qui peuvent être d’un grand secours aux familles : les externats de lycéens, tenus par des prêtres, et les associations catholiques de parents d’élèves.

Il va sans dire qu’en aucun cas les parents ne pourraient envoyer leur enfant dans des écoles où seraient directement et irrémédiablement menacée sa foi ou sa vertu ; et que, s’ils le faisaient, l’enfant aurait le devoir de leur désobéir. Voir École.

b) L’action individuelle. -- L’instruction peut se donner collectivement dans les écoles. L’éducation morale et religieuse est beaucoup plus œuvre d’action individuelle ; c’est pourquoi elle revient presque exclusivement à la famille. En tous cas, elle ne peut guère se réaliser parfaitement en dehors de celle-ci. Les moyens qui sont à la disposition des parents pour exercer cette action sont d’ailleurs multiples.

a. La correction. — L’enfant a des défauts que souvent il ignore. C’est à ses parents de les lui signaler et de les réprimer avec fermeté, dès le plus jeune âge, en se souvenant qu’ils trouvent parfois un terrain favorable dans certaines dispositions physiologiques, et qu’il y a, par suite, une « thérapeutique des péchés capitaux ». Négliger habituellement de corriger l’enfant n’est pas seulement faiblesse de la part des parents, mais grave manquement à leur devoir. « Celui qui ménage la verge hait son fils, mais celui

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

qui l’aime le corrige de bonne heure. » Prov., xiii, 24. « N’épargne pas la correction à l’enfant ; si tu le frappes de la verge, il ne mourra point. Tu le frappes avec la verge, et tu délivres son âme du schéol. » Prov., xxiii, 13-14.

Mais la correction, pour être efficace, ne doit pas être trop dure. A mesure que l’enfant grandira, on fera davantage appel à sa conscience et on l’amènera, par persuasion, à désirer et à vouloir lui-même la correction de ses défauts. Le programme a été tracé par saint Paul, quand il a écrit aux Éphésiens : « Pères, n’exaspérez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et les avertissant selon le Seigneur », vi, 4.

b. La persuasion. — L’âme de l’enfant est comme une cire molle ; elle subit facilement l’empreinte de quiconque la traite avec bonté. Elle est généreuse ; elle suit volontiers les appels qui tendent à l’élever. Aux parents de lui tracer la voie par des indications précises données au bon moment, de l’y engager par des conseils, de la soutenir dans ses efforts par des encouragements appropriés.

c. L’exemple. — L’instinct d’imitation est particulièrement développé chez l’enfant et chez l’adolescent. L’exemple les entraîne facilement vers le bien ou vers le mal. Les parents doivent donc agir eux-mêmes selon les leçons qu’ils donnent. Vivre conformément à la morale et à la religion, pratiquer en toutes circonstances les vertus de véracité, de justice, de charité, de piété, savoir unir l’énergie à la patience, la fermeté à la douceur est pour eux un moyen « meilleur et plus efficace que tous les autres » (Léon XIII, encyclique Inscrutabili, 21 avril 1878), de créer chez leurs enfants des habitudes de soumission à Dieu, de droiture dans la conduite et les paroles, de possession de soi, de dévouement au devoir : Longum iter per præcepta, brève et e/ficax per exempla. Au contraire, les exemples mauvais, surtout quand ils viennent des parents et sont fréquemment répétés, ne peuvent que fournir à l’enfant des occasions de pécher, jeter le trouble dans son âme et peu à peu le pervertir ; ils sont toujours une faute, et qui peut devenir très grave.

Il ne suffit pas que les parents donnent le bon exemple, ils doivent veiller à ce que l’enfant en soit entouré et n’en reçoive pas d’autres. Leur vigilance écartera autant que possible de son regard les images ou les spectacles plus ou moins indécents et leur substituera des tableaux qui portent à la vertu ; elle mettra hors de la portée de l’enfant les lectures dangereuses et lui en fournira de bienfaisantes ; elle le détournera des mauvais camarades et lui en procurera de bons, au contact desquels il deviendra meilleur.

Cette action individuelle peut et doit être de tous les instants ; elle revêt d’ailleurs, selon les circonstances, des modalités très diverses. Il y faut beaucoup d’intelligence et de tact, beaucoup d’attention, de persévérance, de dévouement et de cœur.

c) Les sacrements. — Plus délicate que toute autre, la formation morale et religieuse de l’enfant trouve un auxiliaire particulièrement puissant dans les sacrements.

a. Le baptême. — Un des premiers devoirs des parents est de faire baptiser leurs enfants. Puisque ce sacrement est nécessaire au salut et que, sauf in extremis, il ne peut être conféré à l’insu des parents, ceux-ci n’ont pas le droit d’en priver ceux auxquels ils viennent de donner le jour ; ils doivent, au contraire, leur assurer aussitôt que possible le bienfait de la régénération et de la grâce. Le rituel romain invite le prêtre à les presser de faire baptiser leurs enfants le jour même de leur naissance, ou le lendemain au plus tard. Différer le baptême sans raison suffisante est au moins une négligence ; le remettre longtemps est une faute ; exposer l’enfant à mourir sans l’avoir reçu est une faute grave.

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