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1983
1984
PARAL1P0MÈNES (LIVRES DES). AUTEUR


American journal o( semitic languages and lilerature. t. xxv, 1909, p. 195.

Plus justement on a conclu du fait que le Chroniqueur reproduisait très fidèlement ce qui provient des sources canoniques qu’il avait dû faire de même pour les autres sources non canoniques ; seules seraient vraiment originales ses notices sur les lévites et les musiciens. Movers, Kritische Untersuchungen ùber die biblische Chronik, p. 163 sq. Poussant à l’extrême les conséquences de cette observation, on a fait du < lu oniqueur un éditeur, un simple compilateur plutôt qu’un véritable auteur ; c’est le cas de Buchler, Zur Geschichte der Tempelmusik und der Tempelpsalmen, dans Zeitschrift fur die alltestamentliche Wissenschaft, t. xix, 1899, p. 96-133, 329-344. Benzinger, dans son Commentaire de 1901, adopte ces vues qui ont été reprises par Kittel dans le sien de 1902, répartissant entre les différentes sources, approximativement datées, les éléments du livre des Paralipomènes.

Il est vrai que le Chroniqueur s’écarte fort peu du texte de ses sources canoniques, mais cela ne v< ut pas dire qu’il procède rigoureusement de la même manière vis-à-vis des sources non canoniques ; une telle conformité n’est pas nécessairement le fait d’un esprit oriental et plus spécialement d’un écrivain tel que le Chroniqueur qui a pu marquer de son empreinte personnelle des matériaux réellement dérivés de sources variées, en les animant de son esprit et en les revêtant d’une expression très caractéristique. Si, d’ailleurs, l’hypothèse énoncée plus haut de l’existence de deux sources principales seulement à l’origine des Paralipomènes, livres canoniques et histoire midraschique d’Israël, était vérifiée, ne rendrait-elle pas compte de cette unité de style et de composition, puisque tous les passages qui en sont marqués proviendraient alors d’une source unique, le midrasch ?

Pour d’autres, le ( hroniqueur est un véritable auteur, vere est auctor libri, dit le P. de Hummelauer, car il a su fondre en un seul récit ses sources variées, qui se ramèneraient, en dehors des livres canoniques, à deux principales : des récits concernant les lévites et d’autres le Temple ; de leur fusion avec quelques documents statistiques, insérés dans son œuvre pour en assurer la conservation, il a dégagé une histoire suivie du sanctuaire depuis David jusqu’à la captivité. Commentarius in Paralipomenon, 1. 1, p. 207-211.

Un récent commentateur des Paralipomènes a cherché la solution de l’origine du livre dans l’hypothèse (lui fait de l’œuvre actuelle la refonte, le remaniement élargi d’un ancien ouvrage des Chroniques, dont la source fondamentale était l’Écrit sacerdotal (P), un des quatre documents principaux du Pentateuque, utilisé avant sa réunion avec les autres documents. L’œuvre de ce premier chroniqueur n’est autre qu’une reprise, une suite de l’Écrit sacerdotal lui-même, ainsi qu’il est facile de s’en rendre compte par les nombreuses analogies de fond et de forme existant entre les deux ouvrages. C’est ainsi que le Chroniqueur se rattache aux données généalogiques de P et les poursuit dans l’intention évidente de rattacher son propre récit au passé, c’est-à-dire aux temps mosaïques, à celui des patriarches et au commencement de l’histoire de toute l’humanité. Il apporte le même intérêt que l’auteur de P au développement des institutions cultuelles et, de même que ce dernier avait groupé tout ce qui, d’après l’idée dominante de la communauté juive de son temps, était regardé comme l’œuvre de Moïse ou de son époque en fait d’institutions cultuelles, ainsi attribue-t-il à David tout ce qui, du sanctuaire de Jérusalem et de son culte, ne pouvait être reporté à Moïse et était alors tenu pour institution davidique. L’intention de continuer le travail de P n’apparaît pas moins dans le but poursuivi de part

et d’autre, qui n’est pas de faire un exposé objectif de la réalité historique, mais d’établir que l’état de choses et les institutions d’alors remontent bien aux temps anciens et sont l’œuvre de personnages tels que Moïse ou David.

C’est de cette œuvre, figurée par le sigle Chf, que dérive notre livre des Paralipoèmnes Ch B, composé dans le but d’adapter l’organisation cultuelle ancienne aux besoins d’une époque plus récente par l’insertion et, en même temps, la légitim dion des changements survenus surtout dans l’organisation du personnel inférieur du Temple, et par l’apport d’éléments nouveaux. Le travail fut principalement rédactionnel ; à ce titre, il peut être comparé à celui auquel on doit la forme actuelle de l’Hexateuque, et il est assez vraisemblable que le Chroniqueur l’entreprit j sur le modèle que lui offrait la combinaison du Code sacerdotal avec les autres sources plus anciennes et qu’il le réalisa par un procédé analogue à celui du dernier rédacteur du Pentateuque, utilisant l’ancienne Chronique Ch ! > tomme base ou écrit fondamental, avec adjonction des éléments provenant des autres sources. J.-W. Rothslein-J. Hanel, Das erste Buch der Chronik, Leipzig, 1927, 1. Lieferung, p. 189-195.

Si le point de départ, non moins que certaines conséquences d’une telle hypothèse au point de vue de l’interprétation historique tant des Paralipomènes que de la suite de la religion d’Israël, appelle des réserves, elle n’en était pas moins à signaler et pour son originalité et pour les éléments de solution qu’elle peut apporter dans la question toujours discutée de l’origine et du caractère des Paralipomènes.

V. Auteur et date.

Les Paralipomènes sont ordinairement attribués au même auteur que les livres d’Esdras et de Néhémie, comptés pour un seul dans le canon hébreu. Ce n’est pas seulement l’opinion d’une ancienne tradition remontant jusqu’au Talmud, mais c’est encore celle de la critique moderne.

Les raisons tirées du contenu de ces ouvrages ne manquent pas, en effet, en faveur de la thèse de l’unité d’auteur : même caractère général qui s’affirme dans les uns et les autres, soit par la même préférence pour les listes généalogiques, pour la description de tout ce qui intéresse organisation et célébration du culte et plus spécialement de tout ce qui touche aux prêtres, aux lévites et surtout au personnel inférieur du Temple, musiciens, chanteurs, portiers, non mentionnés ailleurs dans l’Ancien Testament, soit par les mêmes particularités linguistiques. Pour le détail des arguments, voir l’article Esdras et Néhémie, t. v, col. 533-534.

Mais quel est cet auteur ? L’ancienne tradition, qui tenait les Paralipomènes, Esdras et Néhémie pour un seul ouvrage, l’attribuait à Esdras. « Esdras, dit le Talmud, Baba Batlira, 15 a, écrivit son livre et continua les généalogies des Chroniques jusqu’à son temps. » Quelle que soit la signification exacte de ce passage discuté, la tradition la plus ancienne a fait du scribe Esdras l’auteur des Paralipomènes, aussi bien que du livre qui porte son nom ; la critique récente, si elle admet généralement l’unité de rédaction pour l’ensemble Chroniques-Esdras-Néhémie, se refuse à faire d’Esdras l’auteur ou le compilateur de l’œuvre. Étant données ses préoccupations et ses préférences, son loyalisme envers la dynastie davidique et son intérêt pour la tribu de Lévi et plus spécialement pour les chanteurs et les musiciens, intérêt qui se manifeste dans ses propres additions comme dans les textes qu’il choisit, on a supposé, non sans raison, que le Chroniqueur appartenait à l’un ou à l’autre de ces groupes ou du moins les touchait de fort près.

Quant à l’époque où il vivait, les indications fournies par le livre lui-même, sans permettre de la fixer avec