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1981
1982
PARALIPOMÈNES (LIVRES DES). SOURCES


judaïsme de son temps. Cf. Steuernagel, Einleitung in das Alte Testament, p. 388.

2. Non canoniques.

A la manière du rédacteur des IIIe et IVe livres des Rois, l’auteur des Paralipomènes se réfère à des sources écrites. Elles sont de deux sortes, les unes avec des titres généraux ; Livre des rois d’IsraJl et de Juda, plus souvent : Livre des rois de Juda et d’Israël ou encore Livre des rois d’Israël, puis un Midrasch du livre des rois ; les autres avec des titres spéciaux : Paroles et actes de Samuel le Voyant, Histoire de Nathan le Prophète, Histoire de Gad le Voyant, tous trois pour le règne de David, I Par., xxix, 29 ; Proph tie d’Ahias de Silo et Vision d’Addo le Voyant, pour le règne de Salomon, II Par., ix, 29 ; Histoire de Sémeias le Prophète, d’Addo le Voyant, pour le règne de Roboam, II Par., xii, 15 ; Midrasch du prophète Addo, pour le règne d’Abia, II Par., xiii, 22 ; Histoire du prophète Jéhu, insérée dans le Livre des rois d’Israël, pour le règne de Josaphat, II Par., xx, 34 ; un écrit d’Isaïe le Prophète, pour le règne d’Ozias, II Par., xxvi, 22 ; Vision d’Isaïe le Prophète pour le règne d’Ézéchias, II Par., xxxii, 32 ; enfin les Paroles des voyants, pour le règne de Manassé, II Par., xxxiii, 19.

Une question se pose tout d’abord au sujet de ces sources : quelle en est la nature ? Pour ce qui est des premières, aux titres généraux, on ne saurait guère douter qu’elles ne représentent qu’un seul et même ouvrage, appelé tantôt Livre des rois de Juda et d’Israël, tantôt Livre des rois d’Israël et de Juda ou plus brièvement Livre des rois d’Israël. Si l’on songe, en effet, que les livres historiques de l’Ancien Testament qui nous sont parvenus sont sans titre et que quiconque voulait les citer le faisait nécessairement en se servant d’expressions qui en indiquaient le contenu, on comprendra facilement que des désignations différentes pourront se référer à un seul et même ouvrage. C’est là, d’ailleurs, l’avis assez général de la critique. Cf. les commentaires de Benzinger, Kittel, Curlis et l’introduction de Steuernagel.

Mais quel était cet ouvrage ? A première vue, on pourrait croire qu’il n’est autre que le livre canonique des Rois, auquel les désignations employées conviennent parfaitement bien ; l’hypothèse, cependant, ne saurait être admise, car bien des éléments sont attribués à la source indiquée dans les Paralipomènes, dont rien ne se retrouve dans le livre canonique des Rois ; tel est le cas des généalogies de tout Israël,

I Par., ix, 1 ; de l’histoire de Josaphat, conservée dans celle de Jéhu, fils de Hanani, II Par., xx, 34 ; des guerres de Joatham, II Par., xxvii, 7 ; de la prière de Manassé, II Par., xxxiii, 18, et enfin des abominations de Joakim, II Par., xxxvi, 8. Il faut donc distinguer le Livre des rois d’Israël et de Juda, cité dans les Paralipomènes, du livre canonique des Rois.

II faut encore le distinguer des ouvrages auxquels se réfère ce même livre canonique des Rois, et qui constituent deux ouvrages distincts, traitant séparément de l’un et l’autre royaume. Faudra-t-il, par contre, l’identifier avec le Midrasch du livre des rois, cité II Par., xxiv, 27 ? Certains le pensent. Du fait, remarque Steuernagel, que ce qui ne provient pas du livre canonique des Rois a dans les Paralipomènes le caractère nettement marqué de midrasch, il apparaît que la principale source qu’utilise le Chroniqueur, à côté du livre des Rois, est un midrasch ; s’il ne le cite nomm ment qu’une fois, c’est que l’expression « Livre des Rois », beaucoup plus fréquente, était l’équivale, it ou l’abréviation de « Midrasch du livre des rois ». Einleitung in das Alte Testament, p. 387-388. Cf. K. Budde, Vermulungen zum « Midrasch des Bûches der Konige », dans Zeitschri/t fur die A. T. Wissenschaft, 1892, p. 37-51. On conçoit d’ailleurs fort bien,

ajout e-t-on, que l’auteur des Paralipomènes. poursuivant un but didactique et religieux, ait fréquemment mis à contribution un ouvrage tel que le Midrasch des rois d’Israël et de Juda qui avait précisément pour objet de dégager de l’histoire de ces rois les leçons religieuses qu’elle comportait. Sur la discussion de l’hypothèse et les réserves à y faire, voir dans la Revue biblique, 1915, p. 239-241, l’article de Podechard, Les références du Chroniqueur.

Quant aux sources avec un titre spécial ou sources prophétiques, il n’y a pas lieu de voir, dans les trois premières : de Samuel, de Nathan et de Gad, le livre canonique de Samuel (Movers), puisque les Paralipomènes reproduisent des éléments de ces sources qui ne se trouvent point dans le livre canonique. Il n’y a pas lieu, non plus, d’y voir des œuvres distinctes, rédigées par les prophètes dont elles portent les noms (Driver) ; elles forment plus probablement des parties d’un menu ouvrage, qui serait à identifier avec la première source, le Midrasch du livre des rois. Tel serait le cas également des autres sources prophétiques mentionnées et pour les raisons suivantes : d’abord, la manière de citer telle ou telle source par le nom d’un prophète n’implique pas la citation d’une œuvre distincte ; le procédé de saint Paul, annonçant (Rom., xi, 2) parla formule sv’HXeûx un passage de III Reg., xix, 10, pouvait déjà être en usage du temps du judaïsme antérieur, d’autant plus qu’alors on regardait les livres historiques comme l’œuvre collective des prophètes, chacun ayant rédigé l’histoire du roi, son contemporain. Si l’on remarque, d’autre part, qu’à l’exception de trois cas, qui ne sauraient faire difficulté, II Par., xx, 34 ; xxxii, 32 ; xxxiii, 18, ces sources prophétiques ne sont jamais mentionnées en même temps que le Livre des rois d’Israël et de Juda, on reconnaîtra que l’explication la plus simple de ce fait est fournie par l’hypothèse qui fait des sources prophétiques et du Livre des Rois un seul et même ouvrage, cité tantôt dans son ensemble, tantôt dans une de ses parties. Ainsi, les sources des Paralipomènes se réduiraient à deux principales : le livre canonique des Rois et l’histoire midraschique d’Israël qui dépendrait elle-même du premier. Pour l’hypothèse de la pluralité d’ouvrages distincts, correspondant à la pluralité de titres, voir Podechard, loc. cit., p. 241-246.

3. Autres sources.

Outre les sources historiques et prophétiques, on trouve encore mentionnés dans les Paralipomènes des Généalogies du temps de Joatham, roi de Juda, et du temps de Jéroboam, roi d’Israë’. I Par., v, 17 ; des Chroniques du roi David, I Par., xxvii, 24 ; un écrit de la main de Jahweh concernant la construction et l’ameublement du Temple.

I Par., xxviii, 19 ; un recueil enfin de Lamentations,

II Par., xxxv, 25. De ces sources, il y a peu à dire, on ne saurait les identifier avec 1 un quelconque des livres canoniques. Pour ce qui est des généalogies en particulier, l’existence de listes généalogiques dans les temps qui suivirent l’exil s’explique par le souci que les authentiques descendants des antiques tribus d’Israël avaient d’établir leur origine, au milieu de la confusion des peuples qui sévissait alors en Canaan.

Rédaction.

Tandis que tout ce qui, dans les Paralipomènes,

est emprunté aux sources canoniques en reproduit fidèlement le texte, tout ce qui est en dehors de ces emprunts se présente dans un style si caractéristique et si homogène qu’on en fait parfois l’œuvre du Chroniqueur lui-même ; il n’aurait, dit-on, mentionné tant de sources que pour donner l’impression que son récit était bien véridique, puisqu’il s’appuyait sur des documents si variés, dont les titres lui auraient été suggérés par les livres des Rois. Torrey, The Chronicler as editor and as indépendant narrator. dans