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PAOUES. LES CONTROVERSES DU Ve SIÈCLE


ces pascales d’Alexandrie de 328 à 373. Cf. Krusch, Studien zur Chronologie, p. 69 sq. ; Schmid, Die Osterjestbereehnung in der abendlândischen Kirche vom ersten allgemeinen Konzil zn Nicàa bis zum Ende des XIII. Jahrhunderls, p. 2 sq. La chronique syrienne se trouve en traduction latine dans P. G., t. xxvi, col. 1351 sq. ; le Chronographe de 354 se trouve dans les Mon. Germ. hist., Auctores anli., t. ix, p. 13 sq.

Alexandrie semble avoir accepté la date du comput romain pour les années 333, 346 et 349. Pour cette dernière année, la chronique syrienne susdite note que les Alexandrins ne célébrèrent pas Pâques le 23 avril, comme leur cycle le leur prescrivait, mais le 26 mars, avec les Romains, parce que ceux-ci prétendaient avoir une tradition remontant à l’apôtre saint Pierre, qui leur défendait de célébrer la fête de Pâques après le 21 avril. "Voir P. G., t. xxvi, col. 1355. Par contre, Rome céda et accepta la date du cycle alexandrin poulies années 350, 357 et 360. En 387 et en 417, la fête de Pâques fut célébrée à une date différente à Rome et à Alexandrie, chacune des deux Églises se tenant à son comput. Cf. Schmid, op. cit., p. 2-11.

2° Controverses du Ve siècle. — 1. Controverse de 444.

— La fixation de la date de Pâques pour l’année 444 provoqua un nouveau conflit entre Rome et Alexandrie. Selon le comput romain, Pâques devait être célébrée cette année-là le 26 mars ; par contre, le cycle alexandrin indiquait le 23 avril comme échéance de la fête pascale. Cette dernière date était inacceptable pour les Romains, parce que — nous venons de le voir

— ils s’imaginaient qu’une ancienne tradition remontant à saint Pierre leur interdisait la célébration de Pâques après le 21 avril. Le pape saint Léon écrivit donc en ce sens à saint Cyrille d’Alexandrie. Cette lettre du pape est perdue, ainsi que la réponse de saint Cyrille. L’Epistula Cyrilli est un faux fabriqué longtemps plus tard aux Iles Britanniques. Cf. Krusch, Studien, p. 101 sq. ; 224 sq. ; Schmid, Die Osterfestberechnung auf den brilischen Insein, Ratisbonne, 1904, p. 30. Toutefois, nous connaissons le contenu de ces deux documents par une lettre de Paschasinus, évêque de Lilybée. Ce dernier avait, lui aussi, été consulté par le pape au sujet de la date de Pâques de l’année 444. Il ressort de sa réponse à saint Léon que saint Cyrille d’Alexandrie maintint la date pascale indiquée par son cycle et qu’il refusa de tenir compte des observations du pontife romain. Au cours de sa lettre, Paschasinus, qui était partisan du cycle alexandrin, explique au pape que l’année 444, étant une année embolique, devait avoir un mois (intercalaire évidemment dans le calendrier lunaire) : de là, le report de la date pascale du 26 mars au 23 avril. Paschasinus n’avait pas que des raisonnements à alléguer pour défendre son point de vue ; il avait aussi un miracle à mettre en avant. En 417, disait-il, Rome célébrait la fête de Pâques le 25 mars, tandis qu’Alexandrie, en raison de l’année embolique, reculait l’échéance pascale au 22 avril. Meltinas, petite bourgade de Sicile, possédait une cuve baptismale miraculeuse, qui s’emplissait d’elle-même la nuit de Pâques, et se vidait de même après le baptême des catéchumènes. Or, en cette année 417, pendant la nuit du 24 au 25 mars, la cuve baptismale ne s’emplit pas et, après avoir attendu en vain jusqu’à l’aube du jour de Pâques, les catéchumènes furent obligés de rentrer chez eux, sans avoir reçu le baptême. Mais cette cuve, qui était restée vide la nuit du 24 au 25 mars, s’emplit d’elle-même la nuit du 21 au 22 avril de cette même année 417. C’est ainsi, conclut Paschasinus, qu’un miracle évident démontra la fausseté du comput « occidental ». "Voir la lettre de Paschasinus dans P. L., t. liv, col. 606 sq. ; une édition critique de cette lettre dans Krusch, Studien, p. 247 sq.

Le pape saint Léon céda et, comme le remarque

Prosper dans sa Chronique, en cette année, les jeux du cirque en l’honneur de la fondation de Rome n’eurent pas lieu, parce que le 21 avril, jour anniversaire de cette fondation, tombait le vendredi-saint. Voir la Chronique de Prosper, an. 444, dans Mon. Germ. hist., Auctores untiquissimi, t. ix, p. 479 ; P. L., t. li, col. 600.

Pour éviter de semblables difficultés à l’avenir, le pape saint Léon provoqua, avant l’année 448, une nouvelle correction du comput pascal romain. Il semble, toutefois, que cette correction se soit bornée à l’essai d’harmoniser les lunaisons du cycle de 84 ans avec celles du cycle de 19 ans en usage à Alexandrie. Nous ne connaissons cet amendement du comput romain, provoqué par saint Léon, que par la table pascale de Zeitz. Voir cette table pascale dans les Mon. Germ. hist., Auctores antiquissimi, t. ix, p. 501-510. Cf. Krusch, Studien, p. 116 sq.

2. Controverse de 455. — Cette nouvelle correction du comput romain n’empêcha pas qu’une nouvelle divergence s’affirmât entre Rome et Alexandrie, à l’occasion de la fête de Pâques 455. Pour cette année-là, la table de Théophile d’Alexandrie marquait Pâques au 24 avril, tandis que le cycle en usage à Rome la fixait au 17 avril. Dès le 24 juin 451, dans une lettre à Paschasinus de Lilybée, le pape saint Léon se préoccupait de ce nouveau différend pascal. Voir la lettre de saint Léon à Paschasinus dans P. L., t. liv, col. 929 sq. ; une édition critique de cette lettre dans Krusch, Studien, p. 256 sq. La réponse de Paschasinus ne nous est pas parvenue ; elle était sans doute favorable au comput alexandrin.

Le Il juin 453, le pape se tourna vers l’évêque d’Alexandrie Protérius. Sa lettre est perdue, mais la réponse de Protérius, qui nous occupera encore, nous apprend que le pape y émettait la supposition que la fixation de la fête de Pâques au 24 avril, dans la table de Théophile, était une simple erreur de copiste. Quelques jours plus tard, le 15 juin 453, Léon écrivait à l’empereur Marcien. Il lui demandait d’amener les Égyptiens à se rallier à la date proposée par le comput romain. Rappelant le différend pascal de l’an 444, le pape disait avoir pu tolérer la célébration de Pâques le 23 avril, car, dans ce dernier cas, si l’anniversaire de la résurrection était en dehors du terme pascal extrême (21 avril), l’anniversaire de la passion ne l’excédait pas. Mais Pâques au 24 avril mettait les deux anniversaires en dehors du terme pascal extrême et, pour cette raison, était tout à fait insolite et inacceptaLle. Voir la lettre de saint Léon dans P. L., t. liv, col. 1055 sq, ; édition critique de cette lettre dans Krusch, Studien, p. 257 sq.

Le même jour, dans une lettre à son représentant à Constantinople, l’évêque Julien de Cos, le pape prescrivait à ce dernier d’agir sur l’empereur, afin que l’influence impériale s’employât en faveur du comput romain. Voir cette lettre dans P. L., t. liv, col. 1058 sq. ; édition critique dans Krusch, Studien, p. 260 sq. Marcien se borna d’abord à recommander aux Alexandrins d’étudier soigneusement la question ; mais, le 9 janvier et le 10 mars 454, le pape revint à la charge auprès de Julien de Cos, et celui-ci obtint de l’empereur l’envoi d’un haut fonctionnaire à Alexandrie, (lui devait démontrer l’erreur de la table de Théophile. Voir les lettres du pape à Julien de Cos dans P. L., t. liv, col. 1056 sq. et 1072 sq. ; édition critique dans Krusch, Studien, p. 261 sq. Voir aussi une lettre du 15 avril 454 du pape à Marcien, dans P. L., t. liv, col. 1095.

Mais Protérius et les Alexandrins ne se laissèrent pas intimider. Dans sa réponse à la lettre de Léon du 1 1 juin 453, réponse qui arriva à Rome au printemps 454,

— entre le 10 mars et le 29 mai, — l’évêque d’Alexandrie défend la date pascale de la table de Théophile. Il