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    1. PAQUES##


PAQUES. LES DÉCISIONS DE NICEE

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o6ai, les autres alïïrmunt devoir observer exactement le temps, tt)v àxpt.6rj xo’3 xoapou TrapacpuXâ--T £iv copav, et ne pas avoir à suivre dans leurs errements ceux qui sont étrangers à la grâce de l’Évangile. » Ensuite Eusèbe ajoute que, en raison de cette divergence, « les uns sont encore dans les austérités du jeûne quand les autres se livrent déjà à la joie pascale ». Vita Constantini, t. III, c. v, P. G., t. xx, col. 1057.

Il ressort de ce texte que, à l’époque du concile de Nicée, certaines Églises fixaient la date de Pâques « selon la coutume des Juifs », tandis que les autres prétendaient « devoir observer exactement le temps », c’est-à-dire devoir fixer la fête exactement à l’époque à laquelle elle doit correctement être célébrée.

Eusèbe ne nous donne aucune précision sur cette < coutume des Juifs » relative à la fixation de la date de Pâques ; il se borne à noter que la divergence quant à la date entraînait un gros inconvénient : certaines Eglises étant déjà au temps pascal, quand d’autres se livraient encore aux austérités du jeûne.

La circulaire envoyée par l’empereur Constantin après le concile de Nicée aux Églises qui tenaient à l’usage juif de la fixation de la date de Pâques, concorde pour le fond avec le passage d’Eusèbe cité plus haut. En outre, elle reproche aux Juifs de célébrer parfois la Pâque deux fois dans la même année. Voir cette circulaire dans Vita Constantini, t. III, c. xvii sq., P. G., t. xx, col. 1073 sq.

Saint Athanase donne quelques précisions sur l’usage pascal des Juifs, réprouvé au concile de Nicée. Dans le De synodis, il se borne à dire que ceux qui « boitaient relativement à la fête de Pâques », célébraient cette fête « avec les Juifs ». Mais, dans VEpistula ad Afros, il précise que l’usage condamné au concile faisait célébrer la Pâque « au temps que les Juifs la font ». P. G., t. xxvi, col. 688 ; 1032. Valois a vu que l’usage visé par ce dernier texte ne peut être l’observance quartodécimane, car il n’y est pas reproché à ses tenants de célébrer Pâques le même jour que les Juifs, mais seulement « au temps où les Juifs la font ». P. G., t. lxvii, col. 629 sq., note 64.

L’historien Socrates nous donne de plus amples précisions sur cet usage. Après avoir signalé l’usage des Églises d’Asie proconsulaire, qui célébraient la fête de Pâques le même jour que les Juifs, au 14 nisan, sans s’occuper de l’échéance de ce quantième parmi les jours de la semaine, Socrates continue en disant qu’en Orient certaines Églises célébraient la fête de Pâques le dimanche, mais non au même mois que les autres, car elles prétendaient suivre l’usage des Juifs, bien que ces derniers n’aient pas de règle très exacte pour la fixation de la date de Pâques, tandis que les autres Églises refusaient de se conformer à la coutume juive, et prétendaient (jne la fête de Pâques ne pouvait être célébrée avant l’entrée du soleil dans le signe du Bélier, donc avant l’équinoxe. Socrates termineen remarquant que les Lgliscs qui refusaient de se conformer à l’usage des Juifs de leur temps étaient d’accord avec les anciens Juifs, qui avaient toujours correctement célébré la fête de Pâques après l’équinoxe. Socrates, H. E., V, xxii, P. G., t. lxvii, col. 62°. Socrates distingue donc bien la coutume juive, blâmée à Nicée, de l’usage quartodéciman. Ce qu’il juge répréhensible dans cette coutume, qui à son avis n’est pas ancienne, c’est qu’elle ne tient aucun compte de l’équinoxe pour la fixation de la date de Pâques. Comme Eusèbe, dans le passage cité plus haut, il leur reproche de ne pas « observer exactement le temps ».

La remarque de Socrates est exacte. Primitivement, les Juifs ont toujours célébré la Pâque après l’équinoxe ; il ne pouvait pas en être autrement, car, selon la législation mosaïque, la Pâque est aussi la fête des

prémices. Ce n’est qu’après la destruction du temple par Titus que les Juifs négligèrent l’équinoxe dans le calcul de l’échéance pascale. Il paraît que, dans le courant du iie siècle, les Juifs ont divisé l’année en mois de 29 ou de 30 jours et ont fixé les mois intercalaires selon un principe fixe, qui ne tenait aucun compte de l’équinoxe. Il est clair que, selon ce calendrier, dans les années sans mois intercalaires, le 14 nisan pouvait facilement tomber avant l’équinoxe, ce qui entraînait parfois la célébration de la Pâque deux fois entre deux équinoxes de printemps, donc deux fois dans l’espace d’une année. Hamburger, Real-Encyklopàdie fur Bibel und Talmud, t. ii, p. 623 sq. Ainsi s’explique le reproche adressé par Constantin aux Juifs, dans la circulaire rappelée plus haut, qu’ils allaient jusqu’à célébrer la fête de Pâques deux fois dans la même année. Ainsi s’explique aussi l’insistance avec laquelle Denys d’Alexandrie, Anatole et Pierre d’Alexandrie rappelaient que la fête de Pâques ne devait être célébrée qu’après l’équinoxe. Enfin, ceci nous fait comprendre l’inconvénient qu’Eusèbe et Constantin trouvaient dans la fidélité de certaines Églises à l’usage juif : quand elles célébraient Pâques avant l’équinoxe, elles se trouvaient nécessairement dans la joie pascale, quand les autres étaient encore dans les austérités de la pénitence.

2. Les Églises fidèles à l’usage juif.

Quelles étaient donc ces Églises fidèles à la coutume juive, pour la fixation de la fête de Pâques ? La synodique du concile de Nicée, Eusèbe dans son LTspt. TÎjç toû ïlioya. éopxrjç et Socrates sont d’accord pour les situer en « Orient ». Voir plus bas le texte de la synodique ; celui d’Eusèbe dans P. G., t. xxiv, col. 701 ; celui de Socrates dans P. G., t. lxvii, col. 629.

Saint Athanase précise que les partisans de l’usage pascal blâmé à Nicée étaient les chrétiens de Cilicie, de Syrie et de Mésopotamie. Athanase, De synodis, c. v ; Epistula ad Afros, c. ii, P. G., t. xxvi, col. 687 ; 1032. Il semble toutefois que les Églises de Cilicie n’ont pas toutes suivi l’usage pascal juif incriminé, car la circulaire de Constantin range la Cilicie parmi les provinces qui célèbrent la fête de Pâques à la date correcte. Il s’ensuit donc de ces textes que l’observance pascale incriminée à Nicée était en usage en Syrie, en Mésopotamie et dans une partie de la province de Cilicie. Ces trois provinces formaient le diocèse d’Orient depuis la réforme administrative de Dioclétien. Socrates, Eusèbe et la synodique du concile se sont donc servis d’une locution suffisamment précise et administrativement exacte, en écrivant que les tenants de l’usage réprouvé étaient des Orientaux, ou les frères des églises d’Orient.

3. Règlement de la question pascale.

La synodique envoyée par le concile de Nicée à l’Église d’Alexandrie ne contient qu’une seule phrase concernant le règlenieiil de la question pascale : « Nous vous donnons la bonne nouvelle, y lisons-nous, de l’accord qui s’est établi à propos de notre très sainte Pâque ; grâce à vos prières, ce point a été réglé comme les autres. Tous nos frères de l’Orient qui ne s’accordaient pas en ceci avec les Romains, avec vous et avec ceux qui suivent vos usages depuis le commencement, célébreront désormais Pâques en même temps que vous. » Voir le texte de cette synodique dans Théodoret, H. E., i, ix, édit. Parmenticr, p. 38 sq., et dans Socrates, H.E., i, ix, P. G., t. lxvii, col. 77 sq.

La circulaire de Constantin n’est pas plus explicite : elle se borne à dire que, dorénavant, tous suivront l’usage pascal auquel se conforment « la ville de Rome, l’Italie et l’Afrique entière, les Espagnes, les Gaules, les I iretagnes, toute la Libye, la Grèce, le diocèse d’Asie, celui du Pont et la Cilicie. »

Il ressort de ces textes que l’accord réalisé à Nicée