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PAOUES. LES DÉCISIONS DE NICÉE


création de la lune au 28 mars, le 25 mars étant considéré comme le premier jour de la création. Ainsi le computiste carthaginois de 455, c. xv : A solis et lunæ fabrica quæ die quintu (sic) Kalendarum aprilium sumpsit exordium. Voir ce texte dans Krusch, Studien zur Chronologie, Leipzig, 1880, p. 296. Cette correction » mise à part, l’anonyme de 243 reproduit fidèlement la table pascale d’Hippolyte. Le De Paschæ compulus de l’anonyme se trouve parmi les œuvres de saint Cyprien, P. L., t. iv, col. 1023 sq.

3. Augustalis.

Quelques années plus tard, un sérieux progrès fut réalisé par le lalerculus d’Augustalis.

Augustalis fut le premier à établir un cycle pascal de 84 ans. En effet, 84 années juliennes donnent 30 681 jours ; et 1 039 mois lunaires, qui correspondent à 84 années juliennes, donnent 30 682 jours et 6 heures. L’écart n’est donc que d’un jour 1/4 pour 84 ans et non plus de 3 jours pour 16 ans, comme c’était le cas pour le cycle d’Hippolyte. Le cycle de 84 ans a, en outre, l’avantage que non seulement les termes pascals, 14 nisan, mais aussi les dimanches de Pâques reviennent dans le même ordre. Augustalis calculait la date de Pâques d’après l’âge de la lune au 1 er janvier. Comme l’année lunaire est plus courte de Il jours que l’année solaire, la lune, à la fin de l’année julienne, doit être plus âgée de Il jours qu’à son début. Il semble que c’est Augustalis qui donna le nom d’épacte à l’âge de la lune au 1 er janvier de chaque année. Si l’épacte à la première année du cycle est 1, à la deuxième année, elle sera 12 et à la troisième, 23. Chaque fois que l’âge de la lune dépasse le chilîre 30, il y a lieu d’intercaler un mois dans l’année lunaire et à diminuer l’épacte du nombre 30. Ainsi, si l’âge de la lune est 34, l’épacte de cette année sera 4.

Dans 84 années lunaires, il y a lieu d’intercaler 30 fois un mois, car la différence entre 84 années solaires et 84 années lunaires est 84x11=924 jours. Les 30 mois intercalaires comportant 900 jours, il demeure un reste de 24 jours. Pour le faire disparaître et éviter que la 85e année, première du nouveau cycle, ait l’épacte 25. Augustalis imagina d’augmenter l’épacte de 12 jours au lieu de 11, chaque quatorzième année, donc six fois dans le courant du cycle Cette opération a été appelée sallus lunæ par les computistes postérieurs.

La table pascale d’Augustalis — qu’il appelle lalerculus — va de l’année 213 à l’année 312.

Le travail d’Augustalis est perdu, mais Krusch a pu en reconstituer les grandes lignes d’après le computiste carthaginois de l’an 455. Cf. Krusch, Studien zur Chronologie, p. 5 sq ; la table pascale d’Augustalis se trouve p. 17.

Le cycle d’Augustalis a été en usage à Rome ; mais dès l’année 312, il dut céder la place à la Romana suppulatio velus (voir cidessous). En Afrique, il semble avoir été en vogue plus longtemps, car à la fin du ive siècle, un certain Agriustia donna une continuation de sa table pascale. Sur cet Agriustia, voir Krusch, Studien, p. 23 sq.

4. Suppulalio romana velus.

La supputalio romana velus se base, elle aussi, sur un cycle de 84 ans ; elle se distingue du comput d’Augustalis en ce que, chez elle, le sallus lunæ arrive chaque douzième et non plus chaque quatorzième année. Il va de soi que ce changement n’était pas sans influence sur les dates pascales. Il semble aussi que la suppulalio romana velus n’admettait la célébration de la fête de Pâques ni avant le 25 mars, ni après le 21 avril.

Sur cette suppulatio romana velus, voir Krusch, Studien, p. 32 sq. ; p. 227-244.

5. Cycles orientaux.

L’Orient avait débuté avec un cycle de 16 ans, œuvre de l’évêque d’Alexandrie,

dict ; de théol. cath.

Denys. Nous ne savons rien sur ce cycle, si ce n’est qu’il n’admettait pas la célébration de la fête de Pâques avant l’équinoxe. Eusèbe, H. E., VII, xxxii, 14-19.

Vers 280, l’Orient eut la bonne fortune de rencontrer en Anatole, évêque de Laodicée de Syrie, un computiste de valeur, dont la règle pascale est encore en usage maintenant, au moins dans ses grandes lignes. Anatole, originaire d’Alexandrie, avait enseigné la philosophie aristotélicienne dans sa ville natale et écrit une, Api.O( J tY)Ttxr) eîaaycoY*], divisée en 10 livres. Le LTspl -cou IJœaxa qu’il écrivit pour établir son cycle pascal est perdu ; le Liber Anatholii (sic) de ratione pascali est un faux que nous retrouverons plus loin. Toutefois, ce qu’Eusèbe en cite suffît pour nous montrer qu’Anatole a utilisé le cycle de 19 ans, établi par l’Athénien Méton, en l’an 432 avant Jésus-Christ. En effet, 235 mois lunaires correspondent, à deux heures près, à 19 années juliennes. Anatole ne veut pas de Pâques antérieure à l’équinoxe, qu’il fixe au 19 mars. Il semble qu’il ait admis comme échéances pascales extrêmes, le 20 mars et le 25 avril.

Sur le cycle d’Anatole, voir Eusèbe, H. E., VII, xxxii, P. G., t. xx, col. 728 ; Duchesne, art. cité de la Revue des questions historiques, p. 20 ; Rùhl, Chronologie, p. 114.

Les controverses.

Ces différents computs ont

amené nécessairement de notables divergences pour la fixation de la date de Pâques ; toutefois, la tradition historique ne connaît pas de controverses pascales dans le courant du iiie siècle. Au début du ive siècle, l’évêque d’Alexandrie, Pierre, écrivit un LTspl toû Tlàaya Xôyoç pour réfuter un certain Tricentius. Nous ne savons au juste ce que voulait ce Tricentius, mais, dans un passage conservé par la Chronique pascale, il critiquait la manière dont les Juifs de son temps usaient pour fixer la date de Pâques et il ajoutait que, depuis longtemps, l’usage juif en cette matière était répréhensible. Dans un fragment conservé, lui aussi, dans la Chronique pascale, l’évêque d’Alexandrie liii répond que, jusqu’à la destruction du Temple, les Juifs ont célébré la fête de Pâques correctement après l’équinoxe, comme la loi mosaïque le prescrivait.

Voir ces fragments dans la Chronique pascale, P. G., t. xcii, col. 72. Nous retrouverons encore cette manière juive de fixer la date de Pâques.

III. La question pascale au concile de Nicée. — 1° Prélude en Occident : concile d’Arles de 314. — Nous venons de remarquer que la tradition historique n’enregistre aucune controverse pascale dans le courant du me siècle. Néanmoins, les inconvénients provenant des divergences dans la fixation de l’échéance pascale étaient patents. Aussi le concile d’Arles, réuni en 314, s’en émut et prescrivit dans son premier canon, que tous devaient célébrer la fête de Pâques le même jour et que le pape, par une circulaire, annoncerait la date de Pâques pour chaque année. Hefele-Leclercq, Histoire des conciles, t. i, p. 280.

Cette prescription, si elle avait été acceptée par toute l’Église, aurait réalisé l’unité, dans la célébration de la fête de Pâques, au profit de la supputalio romana velus, alors en usage à Rome. Mais, on le verra bientôt, l’Orient n’était rien moins que disposé à accepter le comput pascal romain.

Le concile de Nicée.

1. Occasion et objet du

décret. — Onze ans après le concile d’Arles, la question pascale revint sur le tapis au concile de Nicée. La Vie de Constantin, d’Eusèbe, nous fait savoir à quelle occasion. « II existait un autre malaise, écrit l’évêque de Césarée, qui troublait l’Église depuis longtemps. C’était la divergence quant à la célébration de la fête de Pâques, les uns croyant devoir se conformer à la coutume des Juifs, -rîj twv’IouSaîwv aovrjŒia £7re T. — XI — 62