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PAPE. LA DIPLOMATIE PONTIFICALE


dations, des groupements catholiques à tendances sociales, d’ouvriers, de paysans ? des asiles, des ateliers. des ouvroirs ? Quel esprit les anime ? Suivent-ils docilement les directions données par le Saint-Siège, par l’évêque ? Quels bienfaits matériels et moraux procurent-ils ? Quels moyens prend-on pour combattre la mauvaise presse ? Y a-t-il des loges maçonniques dans le diocèse, quelle activité antireligieuse déploient-elles, et que leur oppose-t-on ? De même pour les organisations socialistes. Les catholiques ont-ils conscience de leurs devoirs politiques ?

Chap. xii. Jugement synthétique sur l’état du diocèse. Dans ce chapitre final l’évêque doit, s’il s’agit de son premier rapport, exposer son point de vue personnel sur la situation matérielle et morale de son église, dire ses espoirs, ses craintes. Les autres fois, il s’attachera surtout à signaler les progrès ou les reculs et à en démêler les causes. Il indiquera en outre quels moyens pratiques il a pris pour obéir aux suggestions ou aux ordres donnés par la Consistoriale à la suite du rapport précédent et les effets que ces mesures ont obtenus.

Les relations quinquennales font l’objet d’un premier examen de la part des fonctionnaires de la Consistoriale. Si elles n’offrent rien d’anormal, un des rédacteurs ou mi mitant i réunit toutes celles d’une même province ecclésiastique et en fait un résumé à l’intention de l’assemblée plénière des cardinaux de cette congrégation. Si quelqu’une revêt un caractère de spéciale importance et nécessite une étude plus attentive, les Éminences s’en occupent à part.

Sur les points qui lui paraissent défectueux, ou sur lesquels il lui semble préférable que l’Ordinaire modifie sa ligne de conduite, la Consistoriale formule des desiderata ou impose d’autorité des changements ; et nous avons vu que l’évêque devait expliquer, dans son rapport suivant, dans quelles mesures il en avait tenu compte. Dans les cas particulièrement embrouillés, délicats, urgents, la congrégation recourt à l’envoi de visiteurs apostoliques, personnages de confiance, choisis par elle en secret, arrivant de Rome souvent à I improviste, avec des pouvoirs étendus d’enquêteurs et même d’exécuteurs. S’ils ne prennent pas sur place les mesures qu’ils estiment utiles, le rapport qu’ils présentent à leur retour les provoque à coup sûr, et la Consistoriale n’a pas l’habitude, quand elle poursuit quelque redressement, de rester sur des échecs. Cf. Ordn servandus in sacris congreg., tribun., ofliciis Rom. Curiale ; Normse peculiares, c. vu. ail. 2. Acta ap. Sed., t. i, p. 83.

Toutes les questions de quelque importance, dans ce domaine comme dans les autres, viennent jusqu’à la personne du pape. Const. Sapicnti consilio, dans Acta ap. Sed., t. i.p. 18. Acetefîet, le secrétaire de la Consisloriale voit chaque semaine le Saint-Père ; de tous les chefs de service, c’est ce cardinal, avec le secrétaire d’État, qui a les audiences fixes les plus fréquentes.

L’on comprend aisément qu’avec une organisation aussi minutieusement réglée, le pape ne soit point seulement le chef hiérarchique nominal, mais bien le gouverneur effectif de l’Église catholique : au moins de l’Église latine ; nous verrons plus loin ses relations avec les communautés orientales. N’échappent à la direction des évêques, en effet, contrôlée par la Consistoriale, que les grands instituts religieux. Or, eux aussi, comme le montrera l’art. Religieux, dépendent de Rome de la façon la plus étroite. Une congrégation spéciale leur est préposée, et les supérieurs doivent lui fournir, tout comme les évêques à la Consistoriale, des rapports circonstanciés sur les groupes qu’ils dirigent. Cf. Decretum de quinquennali relatione a religionibus facienda, du 8 mars 1922, Acta ap. Sed., t. xiv, p. 161, et le formulaire imposé aux supérieurs de congrégations à vœux simples, ibid.. p. 278.

III. La diplomatie pontificale.

Les catholiques ne vivent pas en dehors de la société civile ; ils appartiennent à des nations dont les lois peuvent respecter et même favoriser, ou au contraire entraver, leur liberté religieuse ; l’interprétation et l’application de certaines de ces lois est susceptible de varier, à leur égard, suivant les dispositions des gouvernements. Il est donc naturel, et souhaitable, que les deux pouvoirs auxquels ils obéissent, le pape et leur État respectif, entretiennent des rapports suivis. A l’heure actuelle, des relations diplomatiques officielles existent entre le Saint-Siège et un très grand nombre de pays, même où les catholiques ne forment pas la majorité de la population. Dans d’autres contrées, la présence d’agents pontificaux dépourvus de caractère diplomatique, mais résidant en permanence, assure une liaison de fait qui n’est pas nécessairement moins efficace.

L’on répète fréquemment que les nonces modernes dérivent des anciens apocrisiaires, ou responsales, que les papes entretenaient, aux Ve, vi c et viie siècles, auprès des empereurs de Byzance. II ne manque pas, sans doute, d’une certaine analogie entre les deux institutions ; mais il ne faudrait pas vouloir la pousser trop loin. En outre, il n’existe entre elles aucun lien de dépendance et plusieurs siècles séparent la disparition de l’une de la naissance de l’autre.

L’origine des nonciatures permanentes, assez bien étudiée il y a quelques années, est quelque chose de fort complexe. Non seulement les premières n’apparurent point à la même époque, mais elles résultèrent, suivant les pays, de la transformation d’entités assez diverses. P. Richard, Origines de la nonciature de France, dans ia Revue des questions historiques, 1905, p. 103-147 ; Origines des nonciatures permanentes, dans la Revue d’histoire ecclésiastique de Louvain, 1906, p. 52-70. 317-338 ; H. Biaudet, Les nonciatures apostoliques permanentes jusqu’en 1648, Helsinki, 1910, in-8°. (Chacune de ces études renvoie à un certain nombre de travaux antérieurs, qu’elles utilisent et dépassent.)

I. ORIGINES DES AMBASSADES PERMANENTES. L’usage des ambassades permanentes ne s’est pas introduit sans beaucoup de tâtonnements. Jusqu’au milieu du xve siècle, les gouvernements européens ne connurent pas d’autre moyen officiel d’entretenir entre eux des rapports que les envoyés extraordinaires, chargés d’une mission nettement limitée. A partir de 1450 environ, le séjour de ces émissaires, auparavant très court, commença de se prolonger davantage. C’est l’époque des grandes découvertes maritimes, source de nombreuses compétitions d’intérêts ; les Ottomans, établis à Constantinople, deviennent pour les nations occidentales un constant sujet de soucis ; entre les États dès lors constitués commencent de longues et fréquentes guerres, imposant la nécessité de chercher des appuis ou de s’assurer des neutralités. Comme les communications sont difficiles et que les voyages d’une mission obligatoirement assez fastueuse coûtent fort cher, l’augmentation et la complexité des affaires à traiter provoquent l’abandon des ambassades à objel trop restreint ; les gouvernements s’habituent à laisser leurs envoyés dans le pays qu’ils ont rejoint aussi longtemps que les mêmes circonstances imposent la nécessité de négociations suivies ; entre ces agents et les chefs de leur État un courrier suffit à maintenir le contact. Mais les périodes d’activité politique exceptionnelle deviennent elles-mêmes de plus en plus rapprochées : comme conséquence, les ambassades finissent par se succéder presque sans interruption, au moins dans certaines capitales où se nouent avec plus d’intensité les intrigues internationales. Ainsi, dans plusieurs États, l’institution des ambassades permanentes est née. Mais elle existe en fait seulement.

De sérieux obstacles empêcheront longtemps qu’elle