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1817

PALAMITE (CONTROVERSE ;

P A L A N T I E R

1818

Au XVIIIe siècle, alors que dans l’Église grecque on revient officiellement à l’orthodoxie du xive siècle et que les quatre patriarches d’Orient promulguent une profession de foi où le palamisme est déclaré de foi obligatoire, l’Église russe opère une refonte radicale de l’office du dimanche de l’Orthodoxie d’où est exclue toute allusion aux dogmes palamites, et ses théologiens prennent, dans leurs manuels, la contre-partie de ces dogmes. Mais l’Église russe elle-même ne reste pas à l’abri de la contradiction : elle continue de célébrer la fête de saint Grégoire Palamas et de chanter les éloges dithyrambiques que lui décerne Philothée Kokkinos dans l’office du jour.

La contradiction, l’Église grecque contemporaine l’étalé ouvertement, non seulement en laissant enseigner par ses théologiens et à ses clercs ce qu’elle anathématise dans ses offices, mais encore en permettant de répandre parmi ses fidèles des livres d’instruction religieuse et d’édification dont les uns enseignent le palamisme et les autres le rejettent : tels le catéchisme de Nicolas Bulgaris, qui est hostile au palamisme, et le ©Yjaaupôç de Damascène le Studite, qui parle de ! a lumière thaborique incréée.

La question est intéressante à un autre point de vue. Pendant tout le Moyen Age, les polémistes byzantins avaient mis un acharnement incroyable à accuser l’Église romaine d’innovation en matière doctrinale. On lui reprochait surtout d’avoir ajouté le mot Filioque au symbole et d’enseigner la doctrine exprimée par ce mot. Or voici qu’à la fin de cette période, un siècle avant la prise de Constantinople, cette Église byzantine, qui se vante tant de rester fidèle en tout à l’antique tradition sans rien ajouter, ni retrancher, se mêle, elle aussi, d’innover et de faire du développement dogmatique. Mais en quoi a consisté ce développement, ce passage de l’implicite à l’explicite ? A altérer gravement la notion même de Dieu, en introduisant en lui la composition de substance et de propriétés découlant de la substance et réellement distinctes d’elle ; à placer en lui un fourmillement d’entités diverses, à en faire un soleil aux multiples rayons. Rien de plus contraire non seulement à la théologie chrétienne, mais aussi, et surtout, à une saine philosophie. C’est cependant une pareille doctrine qui, par une permission de Dieu, où il n’est pas défendu de voir un châtiment, a réussi à s’imposer comme dogme officiel. Ace dogme, du reste, l’Église dissidente n’a pu longtemps rester fidèle et n’a pas tardé à révéler aux yeux de tous l’impuissance de son magistère. De nos jours, la majorité de ses théologiens n’a trouvé rien de mieux, pour couvrir et excuser les variations doctrinales du passé, que de déclarer que seules les définitions des sept premiers conciles œcuméniques, avec le symbole de Nicée-Constantinople, constituent l’élément dogmatique et vraiment invariable de l’enseignement ecclésiastique. Mais cette apologie tardive équivaut à dire que l’Église orientale a perdu pratiquement le pouvoir d’enseigner la vérité, de condamner l’erreur et de dirimer définitivement la moindre controverse.

Nous ne connaissons aucune étude d’ensemble qui traite de tous les points examinés dans l’article. Les sources utilisées, dont un bon nombre sont encore inédites, ont été signalées en leur lieu, et nous croyons inutile d’en dresser de nouveau la liste. On trouvera dans l’ouvrage souvent cité de Porphyre OuspensUii, Vostok Khristianskii. Aihon, t. iii, éd. P. Syrcou, Saint-Pétersbourg, 1892, p. 683-861, lerecueil à peu près complet des documents édités, en dehors des Histoires de Nicéphore Grégoras et de Jean Cantacuzène. Ceux qui sont imprimés dans la P. G., t. cl-clii, ont été indiqués au cours de l’article. Parmi les études, à celles qui ont été signalées à l’article Pat.amas, il faut ajouter les suivantes : J. Bois, Le synode hésychaste de 134 1, dans les Échos d’Orient, t. vi, 1903, p. 50-60, travail où ne manquent pas les inexactitudes, l’auteur ayant ignoré plusieurs sources que nous avons utilisées ; Théodore Ouspenskii, Sinodik ve nédiélioa pravoslaviia, Odessa, 1893, travail d’abord publié dans les Zapiski de l’université d’Odessa, t. i.ix, p. 481 sq., et constituant comme un appendice à l’ouvrage du même auteur indiqué à l’article précédent, Aperçu sur l’histoire de la civilisation byzantine ; Thémistoclès Ch. Stavrou, Aï u ; pi tûv r|<T’j) ;  : xaTix< ; '>v tïjç cô’ÉxaTOVTasTï)pt’80ç xac t ?|Ç GtoaTxaXca : aÙTÛv èpi’oî :, Leipzig, 1905 ; Krumbacher-Ehrhard, Geschichte der byzantinischen Literatur, 2e éd., Munich, 1897, p. 100-111 ; G. Mercati, Noliziedi Procoroe Dcmetrio Cidone, di Manuele Caleca, di Teodoro Meliteniola, ed allri appunti per la storia délia teologiae délia lelleratura bizanlina del secolo XIV, Rome, 1930, où l’on trouvera de nombreux renseignements nouveaux et quelques textes inédits relatifs à la controverse palamite ; Alexii, évoque, Vizanliiskie tserkovnye mystiki XIV viéka (Les mystiques ecclésiastiques byzantins du XIV » siècle), Kazan, 1906 ; A. Petrovskii, article Awtlliema, dans la Pravoslavnaia bogoslovskaïa entsiklopediia de A. P. Lopoukhine, t. i, 1900, col. 679-700 ; K. Ranoszek, Sludien zur Geschichle des Ilesychasmus (Supplemenla), dans l’Eos, t. xxxi, 1928.

M. Jugie.

PALANCO François (1657-1720). — NéàCampo-Real près de Madrid en 1657, il entra dans l’ordre des minimes, où il exerça longtemps les fonctions de professeur ; nommé finalement à l’évêché de Jaca, il en prit possession le 24 novembre 1717 et mourut le 1 er octobre 1720. Théologien de. mérite et dialecticien redoutable, il représente, dans son ordre, la tendance qui cherchait à résister à l’esprit nouveau du P. Maignan et de ses disciples, et à maintenir le thomisme. Ceci se remarque dans ses deux ouvrages principaux : 1. Cursus philosophicus juxta miram S. Tlwmæ doctrinam digestus, 3 vol. qui parurent successivement, Salamanque, 1695 ; Madrid, 1696 et 1697 ; il y rattacha comme t. iv, un Dialogus physico-theologicus contra philosophiæ novatores, sive Thomista contra atomistas, Madrid, 1714, qui lui attira une vigoureuse riposte de son confrère, le P. J. Saguens, Atomismus demonstratus et vindicatus ab impugnationibus philosophico-theologicis R. P. Fr. Palanco. — 2. Opéra theologica ad mentem S. Thomee, 10 in-fol., dont l’impression commencée à Madrid se continua après la mort de l’auteur, 17061731 ; sans suivre l’ordre de la théologie classique, les divers traités se rapportent aux questions les plus importantes : De Deo uno ; de peccabilitate et impeccabilitate creaturæ intellectualis ; de Verbo incarnalo ; de fide, spe et caritate (avait paru séparément à Madrid, 1701) ; de providentia Dei concordala cum hiunana libertate et sanctitate divina (avait déjà paru à Salamanque, 1692) ; de conscientia huniana, où, au dire de Hurter, Palanco se montrerait probabilioriste.

E.du Pin, Table univers, des auteurs ecclés., t. ii, X VII’siècle, col. 2791-2795 ; Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée éd. de 1821, t. xviii, p. 418 ; Hurter, Nomenclator, 3° édit., t. iv, col. 668-669.

É. Amann.

1. PALANTIER Jean-Paul, frère mineur con ventuel (xvie siècle). — Né à Castel Bolognese, dans la province politique actuelle de Ravenne, en Italie, il fut maître es arts, docteur et maître en théologie, régent à Crémone et à Parme, et lecteur en philosophie et en théologie. Il professa aussi la philosophie aux gymnases de Pavie et de Milan, et la théologie à l’université de Ferrare et chez les bénédictins de SainteJustine à Padoue. Il exerça la charge de consulteur du Saint-Office et, en 1602, il fut élevé par Clément VIII au siège épiscopal de Lacedonia, en Sicile, dans le royaume de Naples ; il y mourut le 26 octobre 1606 (Ughelli, Hurter, J.-H. Sbaralea, Supplementum, t. ii, p. 110) et non 1614 comme le soutient L. Wadding.

Il est l’auteur des ouvrages suivants : 1. Lectiones aureæ in quatluor libros Magistri Sententiarum, in quibus et Magistri littera accurate explicatur, et quæstioncs omnes, quee a scholasticis tractari soient, sublililer exa-