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    1. PALAMITE (CONTROVERSE)##


PALAMITE (CONTROVERSE). LES ANTIPALAMITES

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rogés sur ce point, ou ils refusent de répondre, comme ils le firent au concile de 1351 ; ou ils disent : « Si la lumière du Thabor était incréée, il faut l’identifier avec Dieu lui-même, car Dieu seul est incréé ; rien d’incréé en dehors de lui. Si vous posez une lumière réellement distincte de l’essence divine, nécessairement il faut la ranger parmi les choses créées. » En vertu du même principe, ils déclarent créés et la grâce divine et les sept dons du Saint-Esprit. Ils identifient avec l’essence divine l’opération divine considérée dans son terminus a quo, et la disent créée, si on la considère dans son terminus adquem, c’est-à-dire dans ses effets. Les paternités se montrent incapables de saisir cette distinction pourtant si simple, et ils accusent leurs adversaires de versatilité et de contradiction ; d’enseigner tantôt que la lumière thaborique est créée, tantôt qu’elle est incréée ; de réduire à l'état de créature l’opération divine, ou de la supprimer en l’identifiant avec l’essence.

1° L’attitude dont nous parlons a toujours été celle d’Acindyne. Il nous reste de lui, outre un certain nombre de lettres : 1. Trois confessions de foi, dont l’une adressée à l’impératrice Anne Paléologine. 2. Un Exposé abrégé des détestables hérésies de Palamas, "Ex6eaiç è7ÛTop.oç tûv toû IIaXau.â 7rovï)pOTaTcov aipéaewv. 3. Une Réfutation de la confession de foi de Grégoire Palamas, 'H toù I±aXa|i.(x ô(jt.oXoyîa àvsaxeuaffjxévTj. Cette réfutation vise non la confession de foi de Palamas présentée au concile de 1351, mais une autre formule antérieure. 4. Une Réfutation de la lettre de Palamas à Acindyne envoyer de Thessalonique un peu avant le concile de 1311, 'EtucttoXy] toù llaXafià àvsaxsuaatzivY), tjv ànb 0sa<7aXovîxY]< ; àTTsaTsiXsv xqi 'AxtvSuvep, où le théologien hésychaste expose son système avec les formules les plus audacieuses. 5. Un Rapport au patriarche Jean et à son synode racontant les origines de la querelle entre Barlaam et Palamas, Aôyoç upôç tov fjLaxaptcôxaTOV 71aTpiàpXY)v xùp 'IwdcvV7)v xai Tï)v 7tepi kÙtov auvoSov, Sisçicov otccoç r toG llaXap.a xai BapXaàp. ç'Xovsixia tJ]V àpxV auvéaTY). Ce rapport, écrit vraisemblablement avant l’excommunication de Palamas (4 novembre 1344), est fort intéressant pour l’histoire des origines de la controverse, et nous l’avons mis à contribution dans notre étude. 6. Une autre Exposition et réfutation des hérésies de Palamas, 'Exépoc exŒeriç xai àvacoceuï) ràv toG IlaXap.â 7rov/)poT(XTcov aîpéasov. 7. Cinq autres discours antirrhétiques contre Palamas. Tous ces écrits, sauf la Profession de foi adressée ù Anne. Paléologine, qui se trouve dans le Barberinus 201, fol. 218-222 v". sont rassemblés dans le Monacensis 223, de 363 fol. (xve siècle). Ils sont tous inédits.

On a été amené à porter, jusqu’ici, un jugement faux sur la théologie d’Acindyne par suite de l’attribution qui lui a été faite de l’ouvrage De essentia et operatione, qui appartient à Prochoros Cydonès. Loin d'être un Lalinophrone, pénétré de la doctrine thomiste, c’est un Byzantin au rigide conservatisme, tout aussi ennemi des Latins que de Palamas, et qui s’en tient à la foi traditionnelle. Rien qui dénote, chez lui, la connaissance de la scolastique latine. Toutes ses formules, toutes ses expressions dérivent de la patristique grecque. La grande thèse qu’il soutient contre Palamas est celle-ci : Dieu est un être absolument simple, en qui tout s’identifie réellement à l’exception des propriétés hypostatiques : TaÙTÔTYjç [i.6v7) èv to 0£<o xai à71 : apaXXac ; îa t : Xt]v twv xaxà xàç xpsîç Œapxixàç ÛTroaTâcreti ; î810ty)T(i>v, Monac. 223, fol. 19 v°. En lui, point d'élément primaire et d'élément secondaire. Rien d’incréé en dehors de lui. Il est le premier ; tout ce qui vient après est créature ; aucun intermédiaire entre le créateur et la créature. Rien d'éternel en dehors du Père, du Fils et du Saint-Esprit : rcàv t6

ëXaxTov toO Œoù xTtepia. xai u.6vov tô Œîov axTiat6v ts xai avapyov xai ©sôç u.èv 7tpcï>TOv, u.exà $è toùtov xtîctiç, 81à jj-Éctou 8è tô aôujrav oùâév, xai (aôvï) t"7)ç xtlctecùç Ù7tépxeiTai 7) 6eia ts xai oxtictoç cpôaiç, xai oùSsv 7Tpoaio)viov ttXy]v IlaTpôç xai Tloù xai àyiou IIv£i)[i.aTOÇ. Ibid., fol. 18 v°. Appuyé sur ce principe, il rejette par voie de conséquence toutes les thèses de Palamas : point de lumière divine incréée, à moins qu’on ne l’identifie avec l’essence divine ; point de dons du Saint-Esprit incréés, puisqu’ils sont multiples ; point de grâce incréée, puisque c’est un effet produit dans la créature. Quant à l’objet de la béatitude, c’est bien Dieu lui-même, c’est-à-dire sa nature, son essence, qui entre en communication avec la créature sanctifiée d’une manière incompréhensible et sans subir le moindre changement : toîç ÔEoepôpo'.c ; TtaTpdcaw ztc6[lsvoi xai àvaXXotwTcoç xai urcèp a’ii Gvja'.v xai voùv xai Siavoiav Séysadai cppovoG(Aev touç àyîouç Trjv àyiav xai fzaxaptav oôaiav eiç xoivo>viav àyiaafjioû. Ibid., fol. 31 v°-32.

2° Le patriarche Jean Calécas, qui n'était point théologien de profession, a approuvé et fait sienne la doctrine d’Acindyne. L’ouvrage qu’il présenta à l’impératrice en guise d’apologie (voir plus haut, col. 1787) était un recueil d'écrits composés par Acindyne et par des confesseurs et des professeurs nommés par lui. Le tome du synode de février 1347 qui le déposa nous a conservé quelques-uns des anathématismes lancés par lui contre les palamites : « Anathème à ceux qui osent dire que la gloire de la divinité du Christ est différente de l’essence de Dieu. — Anathème à ceux qui osent dire que la grâce divine est incréée et diffère cependant de l’essence de Dieu.-— Anathème à ceux qui disent que la divinité incréée peut être saisie par des yeux corporels : Toïç à7roToXu.wai. xai Xéyouct. ty]v ôeiav x*P tv axTKJTOv ji.èv eîvai, ÊTÉpav Se 7rap->. TTjv oùaîav to’j Œo’j, àvâ0£u.a. » Cf. P. G., t. cl.ii, col. 1280 A.

3° Théodore Dexios appartient également à l'école d’Acindyne et, plus encore que lui, se montre ennemi de toute spéculation curieuse sur tout ce que n’ont pas éclairci les anciens. Sur la nature de la lumière thaborique il ne veut rien savoir ni décider. Cette attitude agnostique est bien marquée dans le drame de Philothée de Sélivri. Dexios y paraît pour insister sur l’incompréhensibilité de l’essence divine et blâmer les téméraires qui osent soulever à son sujet des problèmes insolubles. Le chœur des sophistes lui répond ironiquement, Palamas étant présent : 'Yuépeuye ô xaXôç xai iravâpiaTOÇ AeÇiôç. Cod. Palm. 366, fol. 393 v". De Dexios, G. Mercati, op. cit., p. 226 sq., et 270-271, vient de découvrir un long traité contre Cantacuzène et son synode de 1351, dans le Vatic. 1111, part. 4, fol. 223 321, et trois courtes apologies à l’adresse des antipalamites, dans le Vatic. 1823, fol. 258-280. Dans le premier ouvrage, ce théologien s'élève contre l’injustice des décisions de 1351 et leur caractère novateur. Pourquoi, dit-il, agiter la question de la lumière thaborique, qu’aucun des anciens conciles n’a éclaircie ? Pour lui, la lumière qui a brillé sur le Thabor, c’est le Verbe incarné lui-même, l’un de la Trinité, qui s’est révélé aux apôtres non comme il se manifestera au ciel aux élus, mais d’une manière imparfaite, que lui seul connaît. Ce que les apôtres contemplèrent de leurs yeux, ce ne fut point l’essence divine, mais l’humanité du Sauveur brillant comme le soleil : Aâ[i.iJ>av (pôjç ètù toû Ôpouç 0a6wp aÙTÔv tov sva Tpr.àSoç, tov ttjv xaO’r^aç àveoX7)çÔTa çûaiv Aôyov toû ©soû xai IlaTpôç oï8au.ev. Vatic. 1111. Cf. aussi la première apologie dans le Vatic. 1823, fol. 258 v° : ô yàp coTTTai toiç aÙT07TTaïç XptaToù aco|i.aTt.xo tç Ô[i.p ; aari. xticttôv àXvjôcôç xai aïaOv)tov 9jv Jjv 8' Spa ot>x sTspov y) tô 6eïov 7tp6aXy)[a|i.a jasTap.opçw6èv xai o>ç ô ^Xioç Xâjx^bav. C’est justement