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de toute la controverse palamite. Mais après l’avoir parcourue, on ne peut s’empêcher de penser que son auteur était quelque peu sceptique à l’endroit des thèses de Palamas. La pièce se trouve dans le Patmiacus 366, fol. 369-111.

89 Au xve siècle, la controverse n’est pas encore complètement éteinte. Il se rencontre encore à Byzance des barlaamites et des acindynistes, et nous voyons plusieurs théologiens s’occuper de les réfuter. Siméon de Thessalonique, dans son Dialogue contre les hérésies, parle en termes fort sévères des antipalamites. Il est vrai qu’il leur prête des erreurs qu’ils n’ont jamais enseignées, par exemple celle-ci : μηδεμίαν δύναμιν προσεῖνα ! λέγοντες τῷ Θεῷ. Dialogus contra hæreses, C. XXX-XXX1, P. G., t. CLV, col. 144-158.

9° C’est un vrai disciple de Palamas que nous trouvons en Joseph Bryennios. Nous avons un de ses sermons prêché à la cour, où il cherche à prouver par le témoignage de dix-sept docteurs, parmi lesquels les saints apôtres Jean, Pierre et Paul, que l’opération divine, la grâce et la iumière du Thabor sont incréécs et que les élus, au ciel, voient non l’essence divine, mais 58 lumière. Il enseigne aussi explicitement que les hypostases divines diffèrent réellement de l’essence divine et sont autre chose qu’eiles : « De même, dit-il. qu’en affirmant en Dieu une seule essence, qui est autre chose que les trois hypostases, ct trois hVpostases, nous n’introduisons pas de composition en Dieu et nous ne constituons pas de quaternité ; de même en plaçant en Dieu une opération, ἐνέργεια, qui est autre chose que l’essence et les trois hypostases, nous ne le faisons pas composé : οὐσίαν λέγοντες ἐν τῷ Θεῷ μίαν, ἄλλο τι οὖσαν παρὰ τὰς κατ᾽ αὐτὸν ἁγίας τρεῖς ὑπωστάσεις, οὔτε σύνθεσιν, οὔτε τετράδα ποιοῦμεν. » Λόγος περὶ θεΐας ἐνεργείας, dans ᾿Ιωσὴφ μοναχοῦ τοῦ Bpnevνίου τὰ εὑρηθέντα, éd. Eugène Bulgaris, t. τι, Leipzig, 1768, p. 112-140 ; voir en particulier p. 118-123. Ailleurs, il reproche à saint Thomas d’Aquin comme un blasphème d’enseigner qu’en Dieu l’essence s’identifie avec la puissance et l’opération et avec chaque personne prise à part, et qu’elle peut être vue par les saints : Διάλεξις πρώτη περὶ τῆς τοῦ ἁγίου Πνεύματος ἐχπορεύσεως, Œuvres, t. 1, p. 414. Voir aussi son Discours sur la Transfigquralion, t. 111, D. 25-386.

10° Un autre palamite rigide est Mare d’Éphèse, qui a consacré le plus long de ses ouvrages à réfuter l’écrit de Manuel Calécas : Περὶ οὐσίας καὶ ἐνεργείας. Cf. article Marc EUGÉNiIcos, t. IX, coi. 1981-1983, où cet ouvrage est décrit avec la doctrine qu’il expose. Il est encore inédit, sauf pour ce qui regarde la troisième partie : Κεφάλαια συλλογιστικὰ κατὰ τῆς αὐτῆς αἷοέσεως τῶν ᾿Ακινδυνιστῶν καὶ πρὸς Λατίνους περὶ οὐσίας καὶ ἐνεργείας, publiée par Séraphin de Pisidie, dans l’édilion d’Eustratios Argentis : Βιθλίον καλούμενον “Ῥαντισμοῦ στηλίτευσις, Leipzig, 1718, p. 221-227, puis par W. Gass, Die Mystik des Nikolaus Cabasilas, Greifswaid, 1849, p. 217-233. Faisons remarquer que ces éditions ne donnent pas tous les χεφάλαιχ, en particulier celui que nous avons cilé à l’article PALAMAS, Col. 1760.

11° Versé comme il l'était dans Ja connaïssance de la scolastique latine et en particulier de la théologie thomisie, Georges Scholarios devait être assez embarrassé par la doctrine de son Église sur la distinction réelle entre l’essence de Dieu et son opération et sur la lumière thaborique incréée. Cet embarras est visible dans les deux dissertations qu’il nous ἃ laissées sur le sujet, l’une à l’allure polémique : Πρὸς κῦρ ᾿Ιωάννην τὸν Βασιλικὸν ἐρωτήσαντα περὶ τῆς τοῦ μακαρίου Θεοδώρου τοῦ ἸΤ᾽ραπτοῦ ῥήσεως, ἀφ᾽ ἧς οἱ ματαιόφρονες ᾿Ακινδυνισταὶ θορυθδοῦσιν, ἔτι δὲ καὶ περὶ ὧν οἱ αὐτοὶ περὶ τοῦ [Πνεύματος τοῦ ἁγίου σοφίζονται ; l’autre, irénique, intitulée : Περὶ τοῦ πῶς διακρίνονται αἱ θεῖαι

    1. PALAMITE (CONTROVERSE)##


PALAMITE (CONTROVERSE). ÉCRIVAINS PALAMITES




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ἐνέργεια ! πρός τε ἀλλήλας καὶ τὴν θείαν οὐσίαν, ἧς εἰσιν ἐνέργειαι, καὶ ἐν ἢ εἰσιν. Cf. Œuvres complètes de Georges Scholarios, t. ππι, Paris, 1930, p. 204-239. Dans la première, écrite en 1445, où notre théologien aborde l’exégèse d’un des principaux textes patristiques apportés par les antipalamites contre la théologie de Palamas (passage qui appartient non à Théodore Graptos, comme le croyaient les Byzantins du xiv® et du xve siècle, mais à saint Nicéphore, patriarche de Constantinople, cf. Antirrheticus 1 adversus Constantinum Copronymum, 41, P. G., t. ©, col. 304 C-305 A), la thèse palamite sur la lumière thaborique incréée et la distinction réelle entre l’essence de Dieu et son opération est fortement mitigée, quoique non complètement abandonnée. Le passage capital est celui-ci : « Comme est la nature, ainsi est l’opération de Dieu ; c’est-à-dire, puisque la nature est infinie, incréée et éternelle, l’opération l’est également, car en Dieu l’opération doit être sur le pied d'égalité avec la nature, contrairement à ce que l’on voit dans tous les autres êtres, en qui se rencontre une essence, puis une opération qui, bien que substantielle, rentre dans l’ordre des accidents. Voici comment on peut expliquer la chose : L’essence de Dieu est formellement infinie, mais son opération n’est pas formellement infinie, car plusieurs infinis sont impossibles. Mais, parce qu’elle a une seule existence avec l’essence, qui est infinie, l’opération est aussi infinie ; de sorte que l’essence et l’opération, considérées comme telles, diffèrent entre elles comme l’infini et le non infini. L’infini. en effet, ne vient pas à la bonté de Dieu du concept de l’opération, mais s’attache à elle à cause de l’essence ; au contraire. l’infinilé convient à l’essence de Dieu par elle-même et à cause d’elle-même. Mais, par le fait que l’une et l’autre ont le même mode d’existence, ce qu’exige la simplicité divine, les deux constituent un seul infini et un seul Dieu, la distinction formelle ne pouvant ici introduire, ni une division, ni une composition des réalités, attendu que la nature divine est fondée sur un sujet unique et très simple : τῷ δὲ τὸν αὐτὸν τῆς ὑπάρξεως τρόπον ἔχειν, τῆς θείας τοῦτ᾽ ἀναγκαζούσης ἁπλότητος, ἕν τε ἄπειρόν εἰσιν ἄμφω καὶ εἷς Θεος, τῆς εἰδιγεῆς διακρίσεως οὔτε διαίρεσιν ἐκεῖ πραγμάτων οὔτε σύνθεσιν δυναμένης ἐογάζεσθαι, ἅτ᾽ ἐφ᾽ ἑνὸς ὑποκειμένου καὶ ἁπλουστάτου τῆς θείας φύσεως ἱδρυμένης. » Op. cit., p. 225-226. Avouons que ce langage n’est pas la limpidité même, et Scholarios n’est plus là pour nous l’expliquer. Si nous l’entendons bien, le théologien byzantin rejoint ici, à peu de distance près, la distinction formelle a parte rei de Duns Scot. Le mot même de distinciion formelle s’y trouve et doit venir de Scot lui-même, que Scholarios n’ignorait pas. Cette interprétation est d’autant plus plausible que notre théologien prêtait aux acindynistes, qu’il combat ici, le pur nominalisme. D’après lui, entre l’essence de Dieu et son opération et ses divers attributs, ils ne posaient qu’une pure distinction de raison, la distinetio rationis ratiocinantis de nos scolastiques : ἠγνόουν δὲ ἄρα, ὡς ἔοικε, τίς τέ ἐστιν ὡς ἀληθῶς ἣ τῆς ἐπινοίας διάκρισις, ὅτι ὅρων ἐστὶν ἐν τῇ ψυχῇ καὶ ὑπ᾽ αὐτῆς πεποιημένων D πεπλασμένων. 1014., p. 212, $ 5. Pour lui, il affirme que, antéricurement à toute opération de notre esprit, les divers attributs de Dieu se distinguent formellement, εἰδικῶς, de l’essence divine et entre eux. Cette distinction formelle, il l’appelle aussi réelle, πραγματιυκῆ ; mais c’est une distinction réelle plus faible que celle qui distingue les personnes divines entre elles : τῆς δὲ πραγματικῆς ἐκείνης αὖθις ἀδρανεστέραν, ἢ τὰ θεῖα διακρίνονται πρόσωπα. Ibid. Ῥ. 215, ὃ 6. Parmi les palamites, Scholarios est seul à s’exprimer ainsi. Il a beau, dans l’opuscule dont nous parlons, s’en rapporter à Palamas et faire son éloge. Il est trop évident que nous sommes loin du ver-