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1793 PALAMITE (CONTROVERSE). LE PALAMISME CANONISÉ 1794

Le patriarche Calliste, mort au mois d’août 1363, eut pour successeur, le 12 février 1364, son prédécesseur, Philothée, qui s'était réconcilié avec Jean V Paléologue par les bons offices de Démétrius Gydonès, converti au catholicisme. Il avait été convenu, lors de cette réconciliation, que Philothée laisserait en paix ceux qui n’adopteraient pas la doctrine palamite. Mais ce disciple zélé de Palamas ne tint pas longtemps sa promesse et, dès 1368, il se mit à sévir contre ie propre frère de Démétrius Gydonès, Prochore, moine et prêtre au mont Athos. Il est vrai que celui-ci était un adversaire redoutable pour les palamites. Connaissant bien le latin, très versé dans la théologie augustinienne et thomiste, rompu à la dialectique aristotélicienne, il démolissait avec une aisance et une clarté étonnantes les thèses du théologien hésychaste. C’est à lui, et non à Acindyne, qu’il faut attribuer le De essentia et operationc, ouvrage en six livres, dont le premier seulement et le début du second ont été publiés (cf. P. G., t. cli, col. 1191-1242), et qui est un vrai résumé de théologie thomiste. Barlaam n’avait jamais rien écrit d’aussi fort et d’aussi net. Cydonès composa aussi d’autres ouvrages et opuscules (sur la lumière thaborique, sur le tome synodal de 1351, etc.), et détourna du palamisme plusieurs athonites. Dénoncé au patriarche et invité à se rallier à l’orthodoxie officielle, il continua à argumenter contre Palamas et à jeter ses contradicteurs dans le plus grand embarras. Philothée réunit enfin contre lui un synode, en avril 1368. Malgré les ménagements dont on usa à son égard et les délais qu’on lui accorda pour venir à résipiscence, il resta inébranlable dans ses convictions, et parut plusieurs fois se moquer plus ou moins ouvertement de ses juges. Ceux-ci finirent par prononcer contre lui, en son absence — - car il n’avait pas paru à la séance finale — la sentence d’excommunication et de suspense perpétuelle du sacerdoce. On rédigea, à cette occasion, un long tome, dont le contenu est fort curieux et qui se termine par le décret de canonisation de Grégoire Palamas. Texte dans P. G., t. cli, col. 693-716, d’après l'édition de Dosithée dans le Téjxoç àydOTrjç, Bucarest, 1698, Prolegomena, p. 93-114.

Le tome de 1368 clôt la série des conciles palamites, et la canonisation de Palamas avec l'établissement de sa fête, au second dimanche de carême, consacre une fois de plus le triomphe de sa doctrine dans l'Église grecque. Cette doctrine rencontra cependant de terribles adversaires encore dans la seconde moitié du xive siècle. Contrairement à la tradition byzantine, l’empereur régnant, Jean V Paléologue, s’en désintéressa totalement et l’abandonna même ouvertement, en 1369, en faisant profession de foi catholique.

III. LE PALAMISME, DOCTRINE OFFICIELLE DE

l’Eglise byzantine. — Une fois maîtres du patriarcat œcuménique, les palamites déployèrent une activité extraordinaire à propager leurs doctrines.

Dès avant le synode des Blachernes de 1351, ils avaient inséré dans la profession de foi que récite l'évêque, à la cérémonie d’ordination, un passage où les premiers conciles palamites étaient reçus à l'égal des anciens conciles œcuméniques et locaux et où étaient anathématisés, avec Barlaam et Acindyne, ceux qui ne croyaient pas à la distinction réelle entre l’essence divine et ses opérations incréées, et en particulier à la lumière thaborique incréée. Cf. le tome du concile de 1351, P. G., t. cli, col. 721 C. Cette addition, qui a disparu dans la suite, nous ne savons à quelle époque, se lit dans certains euchologes du xve siècle. Dmitrievskii, dans son ouvrage, Eô)(oX6Yi.a, Kiev, 1901, p. 622-623, donne le texte de celle qui se trouve dans le Sinaiticus 1006, fol. 42 v°. Tout métropolite élu dans le patriarcat de Jérusalem devait la réciter, à son ordination : IIpôc ; toûto^ç tjTspyco xai àTto8sy_o[i.ai xai xàç

DICT. DE THÉOL. CATH.

xaxà KojvaTavuvo’jTToX'.v auyxpoTTjOslaaç auvôSouç sv te roi 7T£pia)vù[xcû vacô t^ç àylaç toû ©sou Aôyou croeplae ; xai èv tû (ko<ppoupr)Tw TraXaiia) vacji xarà toù KaXa6poù BapXaàji, xai, toù ji, ST'èxstvov Ta èxslvou çppovoûvtoç… 'AxivSûvou, etc. Certains théologiens de la secte allèrent même jusqu'à donner le titre d'œcuménique au concile de juin 1341, sous Andronic III, à cause évidemment du rôfzoç auvoSixôç, dont nous avons raconté la genèse. C’est ce que fait Nil, métropolite de Rhodes, dans la seconde moitié du xive siècle. Cf. son opuscule, De sanctis et œcumenicis synodis enarratio synoptica, éd. Woel et Justel, Bibliotheca juris canonici veteris, t. ii, Paris, 1651, p. 1160.

Les patriarches œcuméniques, à partir de Calliste I er, essayèrent de faire accepter la doctrine nouvelle par les autres patriarcats orientaux et par les métropoles les plus lointaines soumises à leur juridiction. Ils n’y réussirent pas du premier coup. Pendant assez longtemps, le patriarcat d’Antioche resta rebelle à toute innovation. On s’y souvenait sans doute de la condamnation portée par le patriarche Ignace contre Palamas, en novembre 1344. Mais, avant la fin du xive siècle, le palamisme y était déjà victorieux, comme nous le voyons par la profession de foi de Michel II, datée du 7 février 1395. Cf. Miklosich et Mùller, Acta patriarchatus Constantinopolilani, t. it, Vienne, 1862, p. 248-249. Nicéphore Grégoras nous apprend que le métropolite de Kiev repoussa, au début, avec vigueur les tomes palamites, que lui envoya le patriarche Calliste, et en réfuta la doctrine dans sa réponse. Histor. byzant., t. XXVI, 22, P. G., t. cxlix, col. 96-97. Des résistances semblables se manifestèrent dans les métropoles soumises à l’autorité des Latins et dans certaines autonomies ecclésiastiques, comme l'Église de Chypre. Mais, peu à peu, elles s’atténuèrent et finirent par disparaître complètement. Les cas de retour de « l’hérésie barlaamite » à l’orthodoxie palamite sont assez fréquents dans la seconde moitié du xive siècle. Cf. Miklosich et Millier, op. cit., 1. 1, p. 501505, 530, 568, 574 ; t. ii, p. 267, 295-296, où l’on trouvera sept cas d’abjuration de cette nature entre les années 1369-1397. Nous voyons par le même recueil que les patriarches œcuméniques de cette époque font profession de foi palamite en prenant possession de leur siège. Ibid., t. ii, p. 112-114, 293-295. Cf. Porphyre Ouspenskii, op. cit., t. iii, p. 786-797.

Les anathématismes et les acclamations insérés au Synodicon du dimanche de l’Orthodoxie sont l’expression de ce palamisme officiel. Les principales thèses de Grégoire Palamas y sont canonisées : 1. La lumière qui brilla au Thabor, lors de la Transfiguration du Sauveur, est déclarée n'être ni une créature, ni l’essence de Dieu, mais la grâce et l’illumination incréée et physique jaillissant éternellement et sans séparation de l’essence divine elle-même : jjiyjts xxîcjji.a slvat. Gslotocxov èxsïvo cpw :  ; j.rxz oùaiav 0soû, àXX’axT(.arov xai cpuaiX7)v /âpw xai sXXajjuJnv èJ ; aÙTTjç -rîjç Œtaç oùalaç à^coplaroç àsl irpol’oùaav (1 er anathématisme). — -2. Il y a en Dieu deux choses inséparables : l’essence et l’opération physique et substantielle découlant de l’essence suivant la relation de cause à effet. L’essence est impari icipable, l’opération est participable ; l’une et l’autre sont incréées et éternelles : xaxà tÔ tîjç 'ExxXïjaiaç sùcrsoèç 9pôvY)[i.a ô(i.oXoyoù[i.sv oùatav km. 0sou xai oùaicâSv) xai ç'jctoxt)v toutou èvspy£t, av… eïvai xai Siaçopàv à8ldcciTaTOv xaTà Ta àXXa xai (iâXiaxa tô aÏTiov xai alT'.axôv, xai àiiiÔexTov xai jjLeOsxtÔv, tô fjtiv -rrjç oôaîaç, tô ftè svspyelaç (2e anathématisme). — 3. Cette distinction réelle entre l’essence et l’opération ne détruit pas la simplicité de Dieu, comme l’enseignent les saints et le pieux sentiment de l'Église, xaxà t<xç tô>v àylov 0eoTivsûaTouç GeoXoylaç xai tô -rTiç'ExxXYiataçsùaeSèççpôvï)[i.a, [XSTa tîjç Ô£07rp£7raû< ; TaÙT7)ç Siaçopâç xai tt)v

T. — XI — 57.