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l’A LAMAS. AUTRES DOCTRINES

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les épithètes d’incréé el d'éternel : axTioroç, à'fôioç, xtsXsûtyjtoç, frisent le panthéisme et paraissent assimiler l’union à Dieu par la grâce à l’union hypostatique.

c) Affirmer que l’essence et les personnes divines sont absolument invisibles même aux anges et aux élus dans le ciel, et que la béatitude consiste essentiellement non à voir Dieu tel qu’il est. mais à contempler une lumière incréée et éternelle jaillissant de la divinité est une hérésie opposée à la définition prononcée par le pape Benoît XII. le 29 janvier 1336, juste à la vieille de la controverse entre Barlaam et Palamas. Cf. Denzinger, n. 530, et l’article Benoit XII, t. n. col. 657-696.

d) Heste la question de la possibilité pour un œil corporel de voir, par un miracle de la toute-puissance divine, soit la lumière divine incréée (thèse de Palamas), soit l’essence même de Dieu. Ce problème a été examiné par les théologiens catholiques pour ce qui regarde la vision de Dieu. Un tout petit nombre s’est prononcé pour l’affirmative. La plupart s’en tiennent a la réponse de saint Thomas, Sumina Iheologica, l a, ((. xii, a. 3. L’affirmative ne saurait être qualifiée d’hérésie, mais elle fait l’effet d’un non-sens philosophique.

IV. Doctrine de Palamas sur d’autres points de dogme. — La question de l’essence divine et de son opération n’a pas absorbé toute l’activité théologique de Palamas. Il a laissé sur plusieurs autres points de dogme des affirmations intéressantes, des aperçus remarquables et parfois nouveaux, qu’il nous faut brièvement signaler.

" Sur Dieu. — Parmi tous les attributs divins Palamas accorde la primauté à la bonté. C’est la bonté qui constitue l’essence de Dieu, oùaîav e/ei rJjv àyaflôxrjxa. Capita theologica, 34, P. G., t. cl. col. 1141 D. Tout ce quon peut concevoir de bon se trouve en lui ; ou plutôt lui-même est cela, et quelque chose au-dessus de cela. p.àXXov 8k Èxsïvôç sem, xal ÛTièp èxeïvo êaxt. Ibid. Très affirmatif sur la distinction réelle entre l’essence divine et son opération, sa gloire ou sa lumière, le théologien hésychaste tient un langage embarrassé et contradictoire, quand il s’agit de la distinction entre l’essence et les attributs négatifs ou quiescents. C’est ainsi que, dans le passage que nous venons de citer, il identifie avec l’essence la bonté, la vie, la sagesse, l'éternité, la béatitude : La vie. dit-il, est en lui, ou plutôt, il est lui-même la vie. car la vie est chose bonne, el la vie est bonté en lui. La sagesse aussi est en lui, ou plutôt il est lui-même la sagesse, car la sagesse est bonté en lui ; ainsi en va-t-il de tout ce qu’on peut concevoir comme bon. Et en lui. il n’y a pas de différence entre la vie, la sagesse et la bonté et autres perfections semblables, car cette bonté concentre et réunit eu elle-même dans une unité très simple toutes les perfections, et elle est conçue et dénommée par tout ce lui est bon : xal oùx È'axiv èxeî Siaoopà Çcorjç, xal aoeptaç, xal àyafJoT/jTOÇ xal twv toioûtoùv -àvxa yàp r t àyaôôxrjç èxsiVY] auveiA7)|ZU, évcoç xal èvialcoç xal àTrXoucxàxcoç cup.-epioâÀAe'.. Ibid., col. 1141 D. Il est vrai qu’il ajoute aussitôt : « Cette suprême bonté n’est pas seulement tout ce qu’on conçoit véritablement comme bon : mais en tant qu’ineffable et incompréhensible, elle est audessus de tout cela sans perdre son unité et sa surnaturelle simplicité. » Ibid., col. 1144 A. Ailleurs, Theophanes, col. 945 BC, il paraît placer une distinction réelle entre l’essence et les attributs énumérés plus haut. Tout cela donne l’impression du discoureur dans les nuages, qui ne sait pas trop ce qu’il dit et patauge dans le mystère. Cette instabilité de pensée, cette tendance marquée à la contradiction a été signalée par plusieurs contemporains, qui reprochent souvent à notre théologien de nier ce qu’il a d’abord affirmé et de faire des dérobades opportunes pour échapper à l'étreinte de ses adversaires.

Dans son homélie sur la parabole du festin des noces, la 11e de la série, P. G., t. cli, col. 513-526, Palamas j touche, en passant, à la question de la prédestination ; mais il le fait en prédicateur répondant à une objection courante, non en théologien cherchant à sonder le mystère. L’objection est celle-ci : Pourquoi Dieu a-t-il créé les méchants, dont il a prévu le châtiment éternel ? La réponse est celle-ci : Dieu appelle tous les hommes au salut, et veut le salut de tous ; mais il respecte la liberté des créatures raisonnables, qui consiste à pouvoir choisir entre le bien et le mal. Reprocher à Dieu d’avoir créé les méchants revient à dire qu’il n’aurait pas dû produire à l’existence les créatures raisonnables. La malice des méchants ne devait pas empêcher Dieu de créer les bons, d’autant qu’un seul juste vaut plus qu’une multitude de pécheurs. Ceux qui devaient devenir mauvais par leur faute ont été créés à cause des bons, Sià xoùç àyaôoùç xal xoùç èao[xsvo’jç xaxoùç êS7)(i.ip15pyrjŒV, col. 520 B. Au même endroit et ailleurs, notre théologien enseigne explicitement le petit nombre des élus : ôXîycov ôvxgjv tûv exXexxûv lascGai p.EXX6vxa>v, aùxoç Sià xo ùrcspëâXXov Trjq aùxoù cpiXavôptoTrlaç airavxaç ÈxâXsasv, col. 520 C. Cf. Horn., lv, éd. Sophoclès, p. 1 92-194.

2° Sur la Trinité et la procession du Saint-Esprit. — Fait remarquable dans l’histoire de la théologie grecque et byzantine, et, à notre connaissance, inouï jusque-là, Palamas expose sur le mystère des processions divines une théorie identique à celle de saint Augustin et de saint Thomas : Dieu est esprit, voùç, et comme esprit il a un Verbe qui l’exprime, Xôyoç, et un Souffle, Ttv£Ûp.a, qui est comme l’amour ineffable du Père vers le Verbe engendré, et dont le Verbe et Fils du Père se sert lui-même en se tournant vers le Père : Ixsïvo to nv£Ùp.a xoù àvcoxâ/roo Aoyou oïôv xiç s’pojç Èaxlv àTtôpprjxoç toù revvïjTopoç itpôç aÙxÔV TÔV àicopp^xcoç yEvvrjÔÉvxa Aôyov w xal aùxèç ô xoù Ilaxpôç E7tspaaxoç Aoyoç xal Ylàç ypîjxai 7rpôç xôv rEvvvjxopa. Capita theol., 36, loc. cit., col. 1144-1145. Le Verbe de Dieu ne trouve en nous son image, ni dans la parole extérieure, Xôyoç Trpoçopixôç, ni dans la parole intérieure, Xôyoç IvSiâflETOç, mais dans la raison en acte, dans l’acte de connaissance, àXXà xaxà xôv sp : <pÙTcûç 7)ji.1v, èi, ou ysyôvap.£v Ttapà xoù xxlaavxoç rjfjiaç xax' slxôva oïxeîav, ÈvaTiûXELpisvov xÇ> vÇ> Xôyov, xtjv àsl ÛTtâpxo’jaav aùxcô yvâxiiv. Op. cit., 35, col. 1144 C. La même doctrine des deux processions par voie de connaissance et par voie d’amour est exposée et développée à propos de l'âme humaine considérée comme l’image vivante de la Trinité. Tout comme Dieu, notre âme est intellectuelle, douée d’un verbe et d’un souille, voepdc, Xoyixrj xal 7rvsup.ax1.xr) ; elle connaît et elle aime. Elle est même la seule à avoir un voùç, un Xôyoç et un souffle vivifiant, p.6v7] voùv E/ouaa, xal Xoyov xal Trv£'j[za Çcooitoiov ; souffle vivifiant, parce qu’elle donne la vie au corps. Sous ce dernier rapport, elle exprime mieux l’image divine que l’ange. L’ange, sans doute, a le voûç, le Xôyoç et l’amour du voûç pour le verbe, è'pcoç toû voû Trpôç xov X6yov ; mais il n’a pas le souffle, l’esprit vivifiant, ne possédant aucun corps pour lui donner la vie. Op. cit., 37, 38, 39, col. If 45-1 148. Ces considérations sont vraiment curieuses et originales sous la plume d’un théologien byzantin de la première moitié du xive siècle. Palamas les a-t-il trouvées tout seul, ou les a-t-il empruntées ? Nous pensons que l’idée-mère lui est venue de saint Augustin par la traduction du De Trinitaie de Maxime Planude, peut-être de saint Thomas par la traduction du Contra génies de Démétrius Cydonès, terminée la veille de Noël 1354. Les Capita physica et theologica, en effet, où nous trouvons l’exposé de la théorie, paraissent bien être un des derniers écrits du théologien hésychaste, et il n’est pas impossible que la traduction de Cydonès lui soit parvenue. Au demeurant,