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ORDINATIONS ANGLICANES — ORDRE. ORDINATION


of the english Ordinal, Londres, 1898 ; A. Bulgakoff, The question of anglican orders, in respect to a « Vindication » of the papal décision, translatée ! by V. J. Birbeck, Londres, 1899 ;.7. Moyses, Aspects of anglicanism ; or some comments on certain events in the nineties, Londres, 1900 ; S. H. B. Série, The validily of anglican ordinations, Londres, 1907 ; C. A. Briggs, Church unitg ; sludies of ils most important problems, Londres, 1910 ; T. A. Lacey, A roman Diary and others documents relatingtothe papal inquiry into English ordinations, MBCCCXCVl, Londres, 1910 ; dom Gasquet, Leaves from my Diarꝟ. 1894-1896, Londres, 1911 ; Vise. Halifax, Léo XIII and anglican orders, Londres, 1912 ; de La Serviêre, La controverse sur la validité des ordinations anglicanes, d’après des publications récentes, dans les Eludes, S septembre 1912 ; Sidney Smith, Ordinations anglicanes, dans le Dictionnaire apologétique de la Foi catholique, t. iii, col. 1162-1228 ; J. Couturier, Le « Book of Common Prayer «  et l'Église anglicane, Paris, 1928.

L. Marchal.


ORDRE. ORDINATION.

On étudiera successivement :
I. L’institution du sacerdoce par Jésus-Christ,
II. L’origine et le développement de la hiérarchie, col. 1207.
III. Le rite sacré de l’ordination, col. 1235.
IV. Les premiers essais de spéculation théologique, depuis les Pères du ive siècle jusqu’au concile de Florence, col. 1275.
V. Le décret d’Eugène IV et l’essence du sacrement de l’ordre, col. 1315.
VI. La réaction protestante et l'œuvre doctrinale du concile de Trente, col. 1333.
VII. La théologie moderne, col. 1365.
VIII. La théologie orientale orthodoxe du sacrement de l’ordre, col. 1391.
IX. Les dispositions canoniques les plus importantes concernant le sacrement de l’ordre, col. 1400.

I. Institution du sacerdoce par Jésus-Christ. —

L’institution du sacerdoce est renfermée dans l’institution même de l'Église. C’est donc parallèlement à l’enseignement de Jésus sur l'Église qu’il faut découvrir, dans l'Évangile, son enseignement sur le nouveau sacerdoce, par lui institué. Or, précisément, cet enseignement est contesté. Certaines conceptions éliminent de la pensée du Christ le dessein rie fonder un nouveau sacerdoce. Il convient donc, tout d’abord, de montrer la fausseté de telles conceptions ; ensuite, de mettre en relief la véritable pensée de Jésus-Christ.

I. FAUSSES CONCEPTIONS DE L'ŒUVRE DU CHRIST ÉLIMINANT L’INSTITUTION D’UN SACERDOCE NOUVEAU. — Jésus-Christ se faisait-il de son œuvre future une idée excluant ou impliquant l’institution d’un sacerdoce nouveau, d’une hiérarchie sacrée ? Toute la question de l’institution divine du sacrement de l’ordre dépend de la-réponse apportée à ce problème historique.

Jésus-Christ, prétend-on, n’aurait jamais eu l’idée d’un sacerdoce futur, établissant dans l'Église une hiérarchie sacrée. Telle est la réponse qu’apportent les protestants libéraux, les modernistes et même les protestants orthodoxes, en l’appuyant d’ailleurs sur des arguments bien différents.

1° Pour les protestants libéraux, le Christ eut en en vue simplement l'établissement d’un royaume intérieur purement spirituel, qui n’est autre qu’une vie nouvelle de l'âme, dans l’ordre religieux et moral. Le fondement de cette doctrine se trouve dans le sensisme religieux (Schleiermarcher et Ritschl), d’après lequel tout acte religieux se rapporte à une faculté spéciale et indépendante, le « sens religieux ». De ce sens religieux procède toute religion, et même toute révélation, puisque la révélation n’est pas autre chose que ce sens religieux apparaissant dans la conscience et Dieu lui-même s’y manifestant confusément. Au fond, c’est la doctrine de 1' « expérience religieuse », au sens protestant du mot, que nous trouvons à la base de ce système. Voir Expérience religieuse, t. v, col. 1787. Les principaux représen tants de cette école sont Harnack, Das Wesen des Christenturns, Leipzig, 1902, trad. franc. : L’essence du christianisme, Paris, 1907, et Auguste Sabatier, Esquisse d’une philosophie de la religion, Paris, 1897 ; Les religions d’autorité et la religion de l’esprit, Paris, 1904. Le Christ, ayant éprouvé en lui-même un sens religieux plus aiguisé, a pu servir de maître et d’exemple aux autres. Il n’a pu être l’objet de sa prédication ; cet objet, c’est le règne du Père dans l'âme du croyant ; c’est l’expérience intime de la paternité de Dieu. Le Christ a été, sur ce point, pour les hommes, « la voie vers le Père » ; et le royaume de Dieu annoncé par le Christ « est la domination du Dieu saint dans chacune des âmes ; c’est Dieu lui-même avec sa puissance. » Dans ce royaume, il ne saurait être question d’autre chose que « d’un bien purement intérieur, d’une simple relation entre Dieu et l'âme, entre l'âme et son Dieu. » Ainsi donc, le royaume prêché par Jésus est « une sorte de puissance, toute spirituelle, plongeant à l’intime même de l’homme et ne pouvant être saisie que par ce qui est intime dans l’homme. » Das Wesen…, p. 36-40, passim.

Aussi le Christ n’a-t-il pu songer à instituer une société visible, extérieure, organisée. Toutes les sectes religieuses, se réclamant du nom du Christ, ne doivent être considérées que comme des institutions humaines, faites à l’image de l'Église catholique. Ibid., p. 179, 184. L'Évangile « est chose si simple et si divine, et partant si humaine, qu’on le reconnaît immédiatement dès lors qu’on lui donne la liberté ; et dans chacune des âmes humaines, il crée nécessairement des expériences et des croyances essentiellement les mêmes. » Ibid., p. 172. L’essence du royaume de Dieu, c’est donc le sentiment tout intérieur et tout intime que l’homme éprouve, par l’expérience religieuse, à l'égard de Dieu, son Père. Ce sentiment a existé d’une façon supérieure en Jésus ; mais il peut, à l’exemple de Jésus, exister en tout homme qu’anime l’esprit de l'évangile. /6/d., p.36. « Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à être remarqué ; et on ne dira point : il est ici ou il est là. Car voici que le royaume de Dieu est au-dedans de vous. » Luc, xvii, 20-21.

Sans doute, le Christ a tenu pour légitime, selon la tradition juive, une autorité enseignante et une législation rituelle. Mais tout cela est fort accessoire et secondaire dans la conception évangélique du royaume de Dieu. C’est l’inévitable emprunt aux conditions de temps et de milieu dans lesquelles il vivait ; cf. Sabatier, Esquisse d’une philosophie, p. 204-207, et Les religions d’autorité…, p. 458-461. Bien plus, ne seraiton pas autorisé, à bien considérer l’attitude de Jésus-Christ, que le Christ a été bien loin d’accorder quelque importance à ces institutions ? Telle est la thèse récente de M. Wilfrid Monod. Si le Christ a été assidu à la synagogue, présent dans le temple aux fêtes sacrées, fidèle à payer l’impôt du sanctuaire ou à pratiquer les rites, c’est « avec un parfait détachement intérieur à l'égard de ce qu’il considérait comme désuet ou absurde. » Jésus a pu « se plier aux coutumes de la dévotion traditionnelle, en conservant pleine indépendance à leur égard. Sans les dédaigner, il restait distant. » En réalité « on est stupéfait du nombre de passages (évangéliques) qui montrent le Messie en conflit avec les lois cérémonielles, ou morales, imposées parles chefs religieux du peuple… ». Pour Jésus, au-dessus des cultes, il y a l'âme, et « les formes cultuelles et les institutions ecclésiastiques sont les moyens que l’Esprit emploie pour agir, mais qu’il est libre, aussi, d’abandonner ou rie briser. » En définitive, être chrétien, au sens où Jésus a voulu qu’on le soit, c’est croire en JésusChrist ; non pas croire quelque chose sur lui, ni