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PAGULA — PAIN BENIT


sait rien de son origine. Jean Baie, en un endroit, le dit natif d’York, mais ailleurs il dit qu’il ignore s’il était Anglais ou Irlandais. Il est probable qu’il était originaire du pays de Galles, du moins à en juger par ! e nom de Powell, qui est gallois. Après avoir embrassé l'état religieux chez les carmes, il étudia à Oxford, y prit ses grades et étudia ensuite à Paris. Au chapitre général de Gènes, 1309, il fut élu provincial de la province carmélitaine d’Angleterre ; Jean Baie dit qu’il fut provincial d’Ecosse en même temps que d’Angleterre, ce qui est possible, du moins pour un certain temps. Le 16 février 1327, Guillaume Powell fut élevé, par Jean XXII, au siège de Meath, en Irlande, il fut consacré à Avignon et reçut l’investiture du roi Edouard III le 21 juillet de la même année. Après vingt-deux ans d'épiscopat, il mourut le 26 juillet 1349. Il écrivit plusieurs ouvrages, mais il serait difficile de dire, avec exactitude, lesquels lui reviennent, car beaucoup le confondent avec le canoniste Guillaume de Pagula ou Pagham, vicaire à Winkfield, près de Windsor en 1330 et mort en 1350.

Archives vaticanes, Rrg. Joannis XXII, an. II (t. i.xxxii), ep. 995 ; Jean Baie, Index Brilannitu scriplorum (éd. de R. Lane Poole), Oxford, 1902, p. 143 ; Jean Leland, Commentarii de scripioribus britannicis, Oxford, 1719, cap. 392, p. 361 ; Jean Baie, Scriptorum illuslrium Majoris Britannica calalogus, Bâle, 1557-1359, t. i, cent, iv, cap. 52, p. 340341 ; Jean Possevin, Apparatus sacer, Venise, 1606, t. i, p. 619 ; Jean Pits, Relalionum hisloricarum de rébus anglieis tomus i, Paris, 1019, p. 363-364, n. 406 ; J.-B. de Lezana, Annales, Rome, 1045-1656, t. IV, p 438, n. 3 ; p. 162, n. 2 ; p. 504, n. 2 ; Elisée Monsignani, Bullarium carmelitanum, Rome, 1715, t. i, p. 553a-554a ; Tanner, Bibliolheea britannico-hibernica, Londres, 1748, p. 581-582 ; Cosme de Villiers, Bibliollieca carmelitana, Orléans, 1752, t. i, col. 605606, n. 112 ; t. ii, col. 918, n. 21 ; Gams, Séries episcoporum Ecclesim catholicm, Ratisbonne, 1873, p. 229 ; Feret, La Faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres, Paris, 1891-1897, l. ii, p. 537-589 ; Eubel, Hierarchia caiholica Medii Moi, Munster, 1898-1910, t. i, p. 351 ; Sidney Lee, Diclionarij o/ national biographij, t. xv, p. 66 el 521. P. Anastase de Saint-Paul.

    1. PAIN BÉNIT##


PAIN BÉNIT. — Quelques auteurs cherchent l’origine du pain bénit dans l’agape, dans les eulogies, morceau de pain ou de gâteau sec que les évêques s’envoyaient mutuellement en signe d’amitié. Il est beaucoup plus probable, sinon certain, que l’usage de distribuer du pain bénit à la messe solennelle du dimanche vient de l’offrande faite à l’autel du pain qui devait être consacré. A l’origine, les fidèles apportaient eux-mêmes la matière du sacrifice : nous savons qu'à la messe de station, le pape, assisté des prêtres et des évoques, recevait les pains, qui étaient tous déposés sur l’autel. Les diacres et les sous-diacres veillaient à ce que ne fût consacrée que la quantité nécessaire : après l’oblation, considérée comme une bénédiction, le reste des offrandes était distribué aux assistants, aux absents, quelquefois à titre d’aumône. Quand les fidèles cessèrent de fournir eux-mêmes le pain et pourvurent d’une autre manière aux frais du culte, une distribution de pain continua à se faire connue une compensation accordée à ceux qui n’avaient pas communié : on la voit s'établir, en même temps que disparaît chez le peuple la coutume de communier à la messe dominicale. Il en est sans doute arrivé de ces pains comme des cierges de la Chandeleur ou des brandies portées au dimanche des Rameaux, ces objets ne furent pas bénits d’abord, la bénédiction ne s’ajouta que plus tard. Saint Léon IV (847-855) recommande de bénir le pain aux messes paroissiales et de le distribuer à tous les assistants ; le canon 9e d’un concile de Nantes, que les uns pensent avoir été tenu entre 655 el 660, mais que Labbe place en 897 seulement, est ainsi conçu : « Tous les dimanches et jours de fête, le prêtre doit donner les eulogies à ceux

qui ne communient pas et doit les bénir en disant la prière suivante : Domine sancte Pater omnipotens œterne Deus, benedicere dignare hune panem tua sancta et spirituali benedictione, ut sit omnibus salus mentis et corporis atque contra omnes morbos et universas inimicorum insidias lutamentum. Cette formule est encore textuellement la deuxième du rituel romain. Semblable ordonnance se Lrouve assez fréquemment dans les capitulaires des évêques du ixe siècle, en particulier d’Hincmar de Reims ; plus tard, saint Pierre Damien, Honorius d’Autun, Lanfranc, le concile de Borde mx de 1255, les anciennes coutumes de Cluny sont témoins de cet usage de distribuer, après la communion ou même après la messe, du pain bénit à ceux qui n’avaient pas communié. Voir Thomassin. Ancienne et nouvelle discipline de l'Église, éd. 1725. t. iii, p. 103-110. Sous des formes diverses, cette habitude s’est transmise jusqu'à nos jours.

Dans toute la force du terme, le pain bénit est un sacramental qui donne la grâce, non seulement ex opère operantis comme la prière privée, mais en vertu aussi de la bénédiction de l'Église, ce qui explique cette naïve formule :

Pain bénit, je te prends, En mon cœur je t’attends ; Si je meurs subitement, ' Sers moi de divin sacrement.

Outre la vertu générale, produite par tous les moyens de grâce, chaque sacrement et même chaque sacramental a sa vertu particulière. Le fruit du pain bénit doit être une charité plus grande qui unit tous ceux qui le mangent, comme le pain eucharistique suppose que ceux qui le reçoivent sont unis en JésusChrist et, par lui, davantage entre eux : Unum corpus multi sumiis, omnes qui de uno pane participamus. I Cor., x, 17. Ce symbolisme de l’union entre les chrétiens est le premier qui s’est attaché à la matière du sacrifice : « De même, est-il dit dans la Didachè, ix, que ce pain rompu était dispersé sur les collines et qu’il est devenu, par le soin de ceux qui l’ont recueilli, un seul morceau, qu’ainsi soit rassemblée ton Église des extrémités de la terre… fais-la l'Église une, vivante. catholique. » — « De même, écrit saint Gaudens, que le pain se compose de plusieurs grains réduits en farine, pétris avec de l’eau et cuits au feu, ainsi trouvons-nous dans ce pain la figure très rationnelle du corps de Jésus-Christ, sachant bien que l’unité de ce corps s’effectue par la réunion de la maltitude des âmes du genre humain. » Fin du ive siècle, Senno II de Exodo, P. L., t. xx, col. 860.

La bénédiction est faite habituellement par le prêtre, soit au commencement de la messe, soit au moment de l’offertoire ; mais un simple lecteur peut bénir le pain en dehors de la messe ; lévêque en l’ordonnant lui confère le pouvoir de benedicere panem et omnes fruclus novos ; le Code, can. 1147, § 4, reconnaît ce droit, extension sans doute de la bénédiction donnée autrefois par le lecteur aux fruits nouveaux, pendant les leçons des quatre-temps de septembre. Toute personne peut même bénir le pain à la maison par un signe de croix ; Tertullien parle déjà de cet usage, qui dure toujours, de tracer une croix sur le pain avant de l’entamer.

Certains rituels particuliers renferment une bénédiction de sel, de pain et d’eau pour les animaux ; il y avait autrefois le pain calendaire qu’on offrait dans certaines églises à la fête de Noël appelée « Calende le pain conjuré fait de farine d’orge et bénit par un prêtre avec des imprécations spéciales et qui servait chez les Anglo-Saxons à la manifestation des jugements de Dieu : l’accusé qui le mangeait n'éprouvait aucun mal, s’il était innocent ; mais, s’il était cou-