Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.2.djvu/287

Cette page n’a pas encore été corrigée
1707
1708
OZATN M


pour servir à 'l’histoire littéraire de V Italie depuis le VIIIe siècle jusqu’au XIIIe, avec des recherches sur le Moyenvge italien, paru en 1850, et qui ne figure pas aux Œuvres complètes. En tête se trouve un mémoire : Des écoles et de l’instruction publique en Italie aux temps barbares, publié à part en 1850 et qui figure aux Œuvres complètes, t. n. De cette mission sortit aussi le livre des Poètes franciscains en Italie au XIIIe siècle, avec un choix des Petites fleurs » de saint François traduites de l’italien (cette traduction était l'œuvre de Mme OLanam), in-8°, Paris, 1852 (Œuvres, t. v). De cette époque datent également les ileux ouvrages, Les Germains avant le christianisme, in-8°, Paris, 1847 (Œuvres, t. iv). grand prix Gobert, 1 849, et La civilisation chrétienne chez les Francs, in-8° Paris (Œuvres, t. v), grand prix Gobert, 1850, qui forment ensemble les Études germaniques.

En 1848, il applaudit au triomphe du peuple. Il croit à la démocratie ; avec Lacordaire il fonde V Ère nouvelle et il est garde-national malgré sa santé déjà chancelante. Il connaîtra les mêmes déceptions que Lacordaire. Il n’en sera pas moins hostile au coup d'État du 2 décembre. Mais sa santé de plus en plus mauvaise l’obligeait à s'éloigner de Paris et, après un séjour en Italie, il mourait à Marseille en 1853.

Outre les ouvrages signalés, il avait publié ou il laissait : 1. des articles de revue ou de journaux, des discours, etc., recueillis sous le nom de Mélanges {Œuvres, t. vu et viii) ; Du progrès par le christianisme, paru dans la Revue européenne, l. i, p. 1-25, loc. cit., 1. vu ; Deux chanceliers d’Angleterre, Bacon de Ycrulam et saint Thomas de Canlorbéry, Paris, 1866, loc. cit., 1. viii ; Du protestantisme dans ses rapports avec la liberté, paru dans V Univers, 4-12 décembre 1838, ibid. ; Du divorce, in-8°, 184K, ibid. ; Un pèlerinage au pays du Cid, 64 p., in-8°, ibid., etc. — 2. Un mémoire sur les Sources poétiques de la Divine Comédie (Œuvres. t. v, à la suite des, Poètes franciscains) ; et une traduction inachevée de la Divine Comédie, trente chants sur trente-quatre de l’Enfer, six sur trente-trois du Paradis et les trente-trois du Purgatoire, ibid., t. ix. — 3. Des cours faits à la Sorbonnë et qui parurent sous ce titre : La civilisation au ie siècle, introduction ù une histoire de la civilisation aux temps barbares, suivie il’un Essai sur les écoles en Italie… (Œuvres, 1. 1 et il), qui reçut le prix Bordin en 1856. - 4. Une abondante correspondance dont la partie la plus importante, sous le nom de Lettres, 1831-1853, a été publiée dans les Œuvres, t. xetxi ; 5. Des lettres inédites et des Discours sur la Société de Saint-Vincent de Paul, in-8°, Paris, 1870.

Les Œuvres complètes furent publiées pour la première fois en 1855, 8 in-8°, Paris, avec une Préface de F.-J. Ampère. Des Œuvres choisies d’Ozanam, parurent en 1870, in-18, Paris, et en 1877 in-12, ibid. Il faut mentionner aussi le Livre des malades qui parut en 1857 et qui eut plusieurs (dit ions.

Ozanam appartient à l’histoire religieuse. Il est de cette génération de jeunes hommes qui, à la suite de l'ébranlement donné par le Génie du christianisme, tentèrent de ramener à l'Église les esprits que lui avaient aliénés le philosophisme et la Révolution. C’est sous l’influence de son professeur de philosophie au lycée de Lyon, l’abbé Noirot ; qu’Ozanani sentit sa vocation d’apôtre et, puisqu’il se proposait d'écrire, d’apologiste. Sur l’abbé Noirot et son influence, voir Heinrich, Notice sur l’abbé Noirot, Lyon, 1888, et sur sa philosophie, Tissandier. Leçons de philosophie professées au lycée de Lyon par l’abbé Noirot. Lyon, 1852. En relations avec Ampère, Ballanche, dont la pensée le pénétrera profondément, Chateaubriand, et parmi de plus jeunes, Montalembert, Gerbet, Lacordaire. subissant également

l’influence du Lamennais de l’Avenir, il servira le catholicisme libéral et social.

Après diverses tentatives pour grouper les jeunes catholiques intellectuels dans une même pensée et une même action, il fondera la Société de SaintVincent de Paul en 1833 : il sera de ceux aussi qui, ù force d’insistance, amèneront l’archevêque de Paris, de Quélen, à instituer les conférences de NotreDame et à les confier à Lacordaire, 1834-1835. Il pèsera sur l’opinion par de multiples articles dans les revues ou journaux catholiques : le Correspondant. la Tribune catholique, l’Univers, la Revue européenne, surtout. Son œuvre entière d’historien et de lettré est une œuvre d’apologétique.

Dès 1829, il concevait un ouvrage qu’il intitulerail : Démonstration de la religion catholique par l’antiquité des croyances historiques, religieuses et morales, histoire de l’humanité religieuse, qui glorifierait la religion par ses bienfaits et démontrerait la transcendance du christianisme. Son article, Le progrès par le christianisme, paru en 1835 dans la Revue européenne, et faisant suite, en quelque sorte, à ses Réflexions sur la doctrine de Saint-Simon, répond à cette conception. En fait, cependant, les circonstances, en particulier les nécessités de son enseignement, l’engagèrent à se proposer seulement d'écrire une Histoire de la civilisation au Moyen Age : « Je me propose, dit-il, d'écrire l’histoire littéraire du Moyenvge depuis le ve siècle jusqu’au xii° et jusqu'à Dante. Mais, dans l’histoire des lettres, j'étudie surtout la civilisation dont elles sont la fleur et dans la civilisation j’aperçois principalement l’ouvrage du christianisme. » Avant-propos de la Civilisation au Ve siècle. Cf. Lettre à Foissel du 26 janvier 1846. Cette œuvre, Ozanam est loin de l’avoir réalisée. La Civilisation au Ve siècle est l’introduction générale. Elle montre le monde antique s'écroulant, impuissant, sous les coups des barbares, l'Église sauvant alors de la civilisation ce qui doit en être sauvé et purifiant ce qui y devait être purifié ; puis, forte de sa puissance divine, entreprenant l'éducation des peuples nouveaux. Les Études germaniques la montrent à l'œuvre auprès des peuples d’origine germanique, ce qu’ils étaient avant qu’elle prît contact avec eux, ce qu’elle fit d’eux et par quels moyens, où éclate son intelli gencè supérieure. C'était l’entrée dans le sujet. Ses travaux sur Dante en devaient être le couronnement. « Il abordait Dante comme le jeune lévite approche de l’autel », et il l'étudiait, pour la première fois, comme Dante veut être étudié, avec l’esprit catholique. Il y montrait « l’expression de l’histoire de son temps prise au sens le plus étendu, l’expression non-seulement des passions, des haines politiques, des luttes, mais encore de la science, des croyances et des imaginations d’alors », SainteBeuve, loc. cil., et il en tirait cette double leçon que la théodicée couronne la philosophie, comme le Paradis est le terme de la Divine Comédie, et que le bonheur complet de l’homme ne se réalise que dans la contemplation de Dieu.

En 1921, le conseil général de la Société de SaintVincent de Paul a parlé de demander à Rome l’introduction de la cause de béatification de Frédéric Ozanam. Cf. Revue apologétique, 1 er mars 1923. p 693-696.

Ozanam, livre du centenaire, in-8°, Paris, 1913 : Préface par l’i. Domine ; Ozanam collégial ; Ozanam étudiant : son apostolat intellectuel par (i. ( ioyau ; Le fondateur de la Société de Saint-Vincent de Pool, par de I.anzac de Laborie ; L’historien par R. Jordan ; L’homme de lettres, par H. Cocliin ; La pensée sociale de Frédéric Ozanam, par E. Duthoit ; L’apologiste, par Mgr Baudrillart ; Biographie, et bibliographie de Frédéric Ozanam, par A. F. Corbière.