Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.2.djvu/286

Cette page n’a pas encore été corrigée

J705

OYNGT

OZANAM

170fi

tères de la foi..Jusqu'à la grande Révolution, elle fut honorée, à l’oleteins, d’un culte privé. En 1840, l’ordre des chartreux et.Mgr Dévie, évêque de Belley, tirent des instances auprès du Saint-Siège pour obtenir la confirmation du culte ub immemorabili. La cause est encore pendante.

Marguerite d’Oyngt avait soin de mettre par écrit les choses merveilleuses que Dieu lui découvrait dans ses extases, les supérieurs de l’ordre étaient ainsi à même de la diriger prudemment et de profiter de ses lumières pour le bien des âmes. En 1294, dom Hugues, prieur de la chartreuse de Valbonne (Gard), porta au chapitre général le récit de la vision, qui. dans les œuvres publiées, porte le titre de Spéculum sancte Margarele virginis, etc. Dans une de ses lettres. Marguerite disait à son directeur : « Je ne say se ço est ço que vos demandez ? Vos les troveres plus verayment es granz caiers que li priors du Ligct a. » On ignore si ces « granz caiers » renfermaient des œuvres de Marguerite qui sont perdues. En toute ;  : s, voici celles qui restent et, depuis 1877, ont été livrées à la publicité. Sauf les Méditations, elles sont toutes écrites en dialecte lyonnais :

I. Pagina meditationum, récit des impressions ou de l’extase qu’elle eut le dimanche de la Septuagésime, en 1286, lorsque le chœur entonna l’introït de la messe. Son âme éprouva presque toutes les impressions et sentiments qui caractérisent les trois degrés de la vie intérieure. Marguerite les a exprimés sous la forme affective et a complété son exposé par des conseils pratiques sur l’oraison. — 2. Spéculum ou récit de trois visions merveilleuses concernant l’adorable personne de Jésus-Christ, dans sa vie mortelle, dans sa passion et dans sa gloire, se terminant par les merveilles de Dieu et des élus qu’elle eut le bonheur de contempler. — 3. La Via de sriti Matrix, virgina d’Ornaciu, religieuse chartreuse du Dauphiné, sa contemporaine décédée en 1309. Cette Vie est divisée en neuf chapitres. — 4. Cinq lettres ou fragments de lettres contenant le récit d’autres grâces extraordinaires et des conseils spirituels. Le manuscrit où ces œuvres diverses lurent recueillies dès le xive siècle comprend aussi trois paragraphes ou souvenirs d’un contemporain de Marguerite qui, dans le même dialecte, raconte : 1° une prophétie faite par la vénérable, 2° la reconnaissance miraculeuse qu’elle fit du crâne d’une religieuse chartreuse de son monastère morte depuis longtemps, 3° l’apparition de l'âme de Marguerite après sa mort au chartreux dom Durand, vicaire du couvent des chartreuses de la Salle ou Cour-Notre-Dame, autrement Salettes, dans le Lyonnais. Ce ms. provenant de la Grande Chartreuse est aujourd’hui à la bibliothèque de la ville de Grenoble, sous le n. -5T8ô R.

Vers 1640, le général des chartreux fit traduire en français les Méditations, le Spéculum et la Vie de la bienheureuse Béatrix d’Ornacieu. Ce travail inédit est aussi à la bibliothèque susdite sous le n. ~>786 R. Il renferme une notice sur Marguerite, les Méditations en français, le Spéculum en latin et en français, la Vie, texte original et trad. française, et plusieurs notices sur diverses maisons de l’ordre des chartreux. Cf. Cal. gén. des mss. de la ville de Grenoble, Paris, 1889, p. 148, n. 411. La Vie de la bienheureuse Béatrix d’Ornacieu fut traduite en latin, au xvii p siècle, par dom Léon Le Vasseur, qui l’inséra dans les Ephemerides Ord. Cartus., imprimées de nos jours à Montreuil-sur-Mer, t. iv, p. 419-432. Dom Charles Le Couteulx a reproduit cette traduction dans ses Annales Ord. Cartus., t. v, p. 5-23. Le texte original servit très utilement au postulateur de la cause de béatification de la vierge chartreuse, Béatrix d’Ornacieu, et au R. P. Hellanger, auteur

d’une histoire de la vie et du culte de cette sainte, Grenoble, 1874.

Enfin, en donnant, en 1886, une nouvelle é lili le

cet ouvrage, l’auteur y ajouta le texte original avec une traduction française.

Œuvres de Marguerite d’Ogngl, prieure de Poleleins publiées d’après le manuscrit de la bibliothèque de Grenoble }>ur E. Philipon… avec une introduction de M.-II. Guinue, Lyon, 1877, in-12, xxxix-iKi pages.- — V. Le Clerc, Marijuerile dDutjn, prieure de la chartreuse de Poletin, sa vie, ses écrits, dans Histoire littéraire de la France, t. xx, 1842, p. 305- : 525, et 791-792. Beaucoup d’historiens se sont occupés de.Marguerite d’Oyngt à divers points de vue. Les uns ont prétendu qu’elle était de la Savoie, les autres l’ont revendiquée pour la France et la province de Lyon. Quelques littérateurs ont fait des études philologiques sur ses œuvres de langue vulgaire, qui, selon M. Guigue constituent à peu près l’unique monument du dialecte parlé dans la province du Lyonnais à la fin du XIIIe siècle ».

Cf. Le Vasseur, Ephemerides ord. cartus., Montreuilsur-Mer, 1890, i ». 167-109 ; dom Le Couteulx, Annales ord. cartus., cités ci-dessus ; dom Victor Doreau, Les ephemerides de l’ordre des chartreux, t. iv, p. 7-16.

S. Autoiîe.

    1. OZANAM Antoine-Frédéric##


OZANAM Antoine-Frédéric, historien et littérateur français, né à Milan le 23 avril 1813, mort à Marseille le 8 septembre 1853.

Fils d’un ancien officier de l’armée d’Italie installé à Milan comme médecin, puis, en 1816, après que les traités de 1815 eurent donné Milan à l’Autriche, revenu à Lyon d’où il était parti en 1793, Ozanam fut, à Lyon, élève du collège royal de 1822 à 1829, puis clerc d’avoué. En octobre 1831, son père, qui le destine au notariat, l’envoie suivre des cours de droit à Paris, où il est bientôt le pensionnaire d’AndréMarie Ampère. Kn 1836 il est docteur en droit. Mais il a poursuivi en même temps ses études classiques. Il se sent une vocation littéraire. Dès 1828, il colla bore à une petite revue lyonnaise, l’Abeille ; en mai 1831, quand les saint-simoniens, Reynaud, Leroux, Laurent tentent de conquérir le peuple de Lyon, il attaque leur doctrine dans le journal le Réparateur. Il publie peu après cet article développé dans une brochure dont l’Avenir du 24 août, fera un grand éloge : Réflexions sur la doctrine de SaintSimon, Lyon, 1831. dans Œuvres complètes, 2e édit., in-8°, 1862-1865, t. vin (Mélanges). En 1835. il est licencié ès-lettres ; le 7 janvier 1839, docteur ès-lettres. Sa thèse latine traitait De frequenti apuii veteres poêlas heroum ad inféras descensti, 42 p., in-8°, Paris ; sa thèse française intitulée : Essai sur la philosophie de Dante, in-8°, Paris, et, dès la seconde édition, Dante et la philosophie catholique au XIIIe siècle, 1845 (Œuvres complètes, t. vi), montrait « le travail intérieur » d’où naquit la Divine Comédie, elle était appelée à un grand retentissement. Cf. Sainte-Beuve, Causeries du lundi, I. xi, La Divine Comédie de Dante. p. 173-174. De 1839 à 1840, il est professeur de droit commercial à Lyon. Mais, reçu premier, en 1840, au concours d’agrégation des facultés des lettres qu’a institué Cousin, il devient en 1841, l’année même où il se marie, suppléant, à la Sorbonne, de Fauriel dans la chaire de littérature étrangère, et au collège Stanislas, dont Gratry a pris la direction, du professeur de rhétorique, Frédéric Ozanam professeur au collège Stanislas, par Edouard Decq-Ozanam dans Correspondant du 25 avril BI13, p. 219-227 ; il se fixe alors à Paris. En 1844, il sera professeur titulaire de sa chaire de Sorbonne mais devra abandonner son professorat à Stanislas. En 1846, il sera chargé par Salvandy d’une mission de recherches et d'études dans les bibliothèques publiques et privées d’Italie. Le fruit principal de cette mission fut le recueil très austère de textes et de notices : Documents inédits