Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.2.djvu/284

Cette page n’a pas encore été corrigée

1701

OXFORD (MOUVEMENT IV

L702

une décision. Liddon, Life of Pusey, t. ii, p. 428. Il voulait, avant de faire le pas décisif vers Rome, éclairer encore un point qui demeurait obscur : les dogmes nouveaux, dans lesquels il voyait une corruption de l’ancienne croyance, ne seraient-ils pas un développement légitime de la doctrine catholique ? Son attention sur ce sujet avait déjà été attirée par un sermon de Wiseman, en 1839. Cf. W. Ward, Life and times of card. Wiseman, t. i, p. 314-319 ; il le considère attentivement, à partir de 1843 ; à la fin de 1844, il se décide à écrire un essai, des conclusions duquel dépendra le parti qu’il prendra vis-à-vis de son Église. Mais point n’est besoin d’attendre la conclusion du travail : son parti est pris dès la fin de 181 1. Il en prévient ceux de ses amis qui n’ont pas encore pu se faire à cette idée, Pusey en particulier. Cf. Lett. and corr., t. ii, p. 457466. Ce dernier cherche en vain à le faire revenir sur sa décision ; il n’a plus qu’un espoir, c’est que les disciples ne suivront pas le maître. Liddon, op. cit., t. ri, p. 433. On remarque d’ailleurs un changement dans la vie religieuse de Nevvman : il cesse de lire le service anglican de la communion. Enfin, le 3 octobre 1845, il demande au prévôt d’Oriel de rayer son nom des livres de l’université ; le 6 octobre, il terminait l’avertissement à VEssay on the developmeni of Christian doctrine. II n’eut pas la patience d’attendre l’impression du volume : le 8 octobre, il accueillait à Littlemore le P. Dominique, passionniste, qui le recevait le lendemain dans l’Église catholique.

VIL Conclusion. — La conversion de Newman, dit Gladstone. « forme époque dans l’histoire de l’Église d’Angleterre ». Life of bishop Wilberforce, 1. 1, p. 328. C’est un fait de la plus grande importance pour le catholicisme et pour l’anglicanisme.

Le clergé catholique anglais n’eut pas de part dans ce résultat. Comme l’ont bien fait remarquer le P. Morris et le cardinal Manning, Newman s’est converti sans avoir subi l’influence d’aucun catholique vivant, sans avoir mis le pied dans une Église catholique, ni vu la figure d’un prêtre catholique ». Thureau-Dangin, op. cit., t. i, p. 315. Si l’on excepte Wiseman et le P. Spencer, converti en 1830, les catholiques anglais n’eurent jamais confiance dans les heureux résultats que pouvait avoir le mouvement d’Oxford : ils se défiaient des tractariens et peut-être redoutaient-ils l’afflux au milieu d’eux d’hommes supérieurs, formés par la forte discipline intellectuelle d’Oxford. Ils triomphèrent lorsqu’ils apprirent que le nouveau converti Sibthorpe était retourné à l’anglicanisme.

C’est, avec la grâce divine, l’aspect contradictoire de l’anglicanisme, qui a conduit à Rome nombre de tractariens. L’Église d’Angleterre se prétendait catholique et voulait être conforme au christianisme des premiers siècles. L’étude de la littérature palristique montra qu’il n’en était rien, tandis que le système romain, dans sa doctrine et sa pratique, ne présentait, des origines au xixe siècle, aucune solution de continuité. C’est l’argument principal, auquel s’ajoute l’impuissance fondamentale de l’Église d’Angleterre, étroitement liée au pouvoir temporel, à défendre efficacement sa position actuelle, à conserver la doctrine que lui avaient léguée les théologiens du xviie siècle. La conclusion s’imposait. Avant Newman, W.-G. Ward avait abjuré, en septembre 1845. Cf. W. Ward, op. cit., p. 357-366. Après lui vint Dalgairns, 29 septembre 1845, l’un des jeunes hôtes de Littlemore, suivi par Ambr. Saint-John, le 2 octobre ; le 9 octobre, Stanton et Bowle se font recevoir dans l’Église catholique par le P. Dominique, avec Newman ; puis vinrent F.-W. Faber, Oakley, Coffln, T. Meyrick, A. Christie, R. Simpson, et l’année suivante, J.-S. Northcote, J.-B. Morris, G. Ryder, D. Lewis. Plus de trois cents conversions de clergymen. de gradués de l’université,

de laïques, sont la conséquence immédiate de celle de Newman. L’Église catholique d’Angleterre reprenail une nouvelle vigueur : c’était bien, comme le dit Lecky, < le plus grand événement dans cet ordre d’idées depuis les Stuarts ». W. Ward, Life and limes of card. Wiseman, t. i. p. 438.

Dans l’anglicanisme, s’opère, à la suite du mouvement d’Oxford, un nouveau classement des partis. Il se produit un nouveau genre de libéralisme, sorti de l’enseignement d’Arnold et du collège de Rugby, plus hardi et plus indépendant que les anciennes formes, plus tranchant dans ses critiques, accordant de moins en moins d’importance à la tradition, n’ayant pas, comme les tractariens, le respect du passé. Il se développera au grand étonnement des « chefs de maisons », il renversera les autorités victorieuses des tractariens. et bouleversera de fond en comble les institutions universitaires. Cf. Church, op. cit., p. 390-393.

Les chefs du parti tractarien, Pusey, Keble, Marriott, demeurèrent fidèles à l’Église anglicane : leur attitude fut un nouveau point de départ pour ceux qui croyaient à la vérité de l’anglicanisme. Influencés par le courant romain, ils reconnaissaient, tel Is. Williams, ce qu’il y avait de bien à Rome, ce qu’il y avait de mal dans l’anglicanisme, sans songer à se soumettre à Rome. « Nous pouvons nous taire, disaient-ils, mais, tout en n’ayant aucun désir d’abandonner l’Église « l’Angleterre, nous ne pouvons rejeter la croyance que, l’Église d’Occident, sous la direction de Rome, est une branche vraie, vivante, vénérable, de l’Église chrétienne. Il y a des dangers dans une telle croyance, mais on peut y pourvoir… » Church, op. cit., p. 399400. Pour y pourvoir, ils faisaient appel à la vitalité et à l’expérience, aussi bien qu’à l’histoire et aux caractéristiques essentielles de l’Église d’Angleterre, actuellement existante : comme toute autre, elle a des lumières et des ombres dans son enseignement et dans sa vie. Pusey et Keble s’efforceront à le montrer, étendant leur action en dehors d’Oxford, à Londres cl dans tout le pays, ce que Newman n’avait pas songé à faire. Les idées du mouvement d’Oxford trouveront leur continuation et leur réalisation dans le puseyisme et le ritualisme.

I. Ouvrages exposant la doctrine tractarienne et écrits de controverse. — Les articles et travaux de J. H. Newman, Tracts for the Unies by members of the University of Oxford, 6 vol., 1833-1842 ; Elueidations of Dr Hampden’s theological slalement, Oxford, 1836 ; Letter to the Margaret professor of divinily on M. R.-H. Fronde’* slaiements on the Holu Eucharist, 1836 ; Lectures on the prophelical office of the Church, viewed relalivcly lo romanism and popular protestantism, 1837 ; Parochiul sermons, 6 vol. 1837-1842 ; A letter lo the Rev. Fausselt on certain points of failli and praclice, 1838 ; Lectures on justification, 1838 ; A letter addressed to the Rev. R.-W. Jet/, D.D., in explanation of n" 90 in the séries called « Tracts for ihe times », 1811 ; A letter to Richard Ragot, bishop of Oxford, on occasion of n" 90 in the séries called « Tracts for the times », 1841 ; The Church of Fathers, 1842 ; Plain serinons, 1843 ; Lifes of the english saints (S. Retlelin, S. Edilward, S.Gundleas), 18431844 ; An essay on the developmeni of Christian doctrine, 1845 ; Loss and gain, 1848 ; Lectures on certain difficultics fell by anglicans in submitling lo the catliolic Church, 1850 ; Certain diffleuliies fell by anglicans in catliolic teaching, considérai in twelve lectures addressed in 1850 to the party of religious Movement of 1833 ; Apologia pro vita sua, 1864 ; The via média of the anglican Church, 2 vol., 1877 ; dans le Rritish magazine, 1833-1836, The Church of Fathers, primitive christianiiy. Convocation of Canlerbury, Rome thoughts abroad ; dans le Brilish crilic, 1839-1842, Palmer’s view of faith and unity, Anglo-american Church, The catholicity of the anglican Church, The protestant idea of Aniiehrist, Milman’s view of christianiiy, The reformation of the eleventli cenlury, Privule judgement ; dans le Conservative journal, 1843, Rétractation of anticatholic slaiements ; dans Dublin Review, juin 1846, John Keble, fellow of Oriel.