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V I E D — OXFORD (MOUVEMENT D"


lia et à Madrid, il mourut dans cette derle 9 février 1651. Il a laissé : 1° Un cours e philosophie scolastique, Integcr cursus us ad unum redactus, en 2 gros in-folio, ). réédité en 1651 et 1663 ; 2° des Tractatus scholastici et morales respondentes II&-’homæ in-fol., Lyon. 1646 : 3° des Traciurlulibus fîde, spe et charitale. in-fol.. Lyon,

seur à Aie

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philosophie

Lyon, 1641

theologici,

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1651.

C. Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. vi, 1895, col. 42-43 ; Hurter, Nomenclator, 3e edit., t. iii, col. 921.

É. Amann.

OXFORD (MOUVEMENT D’)- On désigne

sous ce nom les efforts faits, au second tiers du xix’siècle, par un groupe de elergymen appartenant, pour la plupart, à l’université d’Oxford, hommes de haute culture et profondément religieux, pour sauver l’Église établie du libéralisme destructeur des dogmes et pour la défendre contre les entreprises du Parlement, qui menaçait ses droits et sa situation officielle d’Église d’État.

Pour atteindre ce but, ils cherchèrent à donner à leur Église un Credo plus ferme et à lui infuser une vie religieuse plus intense, par le retour aux doctrines des théologiens anglicans du xvii c siècle, les Caroline divines, et aux pratiques de l’Église catholique des premiers siècles. Ce but sera atteint et dépassé : une partie de la High Church réalisera ce programme (puseyisme et ritualisme), tandis que plusieurs des fidèles du mouvement, constatant l’inconséquence de leur situation intermédiaire entre, le protestantisme et le catholicisme, se tourneront vers Rome et déclencheront, au sein de l’anglicanisme, un élan de conversions qui s’est perpétué jusqu’à nos jours. I. La situation religieuse de l’Angleterre vers 1830. II. Causes et origine du Mouvement (col. 1677). III. Les premiers Tracts (col. 1681). IV. L’apogée du Mouvement (col. 1686). V. La crise (col. 1691). VI. Le dénouement (col. 1699). VII. Conclusion (col. 1701).

I. La situation religieuse de l’Angleterre vers 1830. — 1° L’Église catholique. — Au nombre de 160 000 seulement, avec 4 vicaires apostoliques et 400 prêtres, les catholiques anglais ne pouvaient, au début du xixe siècle, exercer aucune influence : habitués à être traités comme des parias, privés de tous les droits civils et politiques, ayant la mentalité des peuples vaincus, ils dissimulaient leur foi, célébraient un culte sans éclat dans de modestes chapelles ; leurs prêtres n’avaient pas l’esprit d’apostolat : dépourvus de formation intellectuelle sérieuse, ils ne pouvaient d’ailleurs s’imposer à l’attention de leurs adversaires. Au regard des anglicans, ils étaient tenus pour quantité négligeable, à ce point que les libéraux jugeaient qu’il n’y avait aucun danger à leur octroyer la liberté : s’ils s’élevaient, ce serait au profit de l’anglicanisme. En 1830, la liberté leur était rendue. Certaines préventions contre, le clergé étaient tombées. Ce n’est pas à dire que leur doctrine fût mieux connue : elle représentait toujours, pour les anglicans, une religion formaliste et superstitieuse. Cf. Newman, Occasional sermons, The second spring, donné à Oscott, le 13 juillet 1852, dans Thureau-Dangin. La renaissance catholique en Angleterre au XIXe siècle. Paris. 1899, t. i, p. 13-14.

Cependant le catholicisme allait se relever. La vie édifiante des prêtres et religieux français, réfugiés en Angleterre pendant la Révolution, avait dissipé bien des préjugés contre le clergé romain : tandis que l’on s’attendait à voir des hommes sans conscience, incapables d’honneur et de devoir, pratiquant une religion pleine de pratiques superstitieuses, sans mœurs, sans zèle et sans loyauté, trahissant le roi pour obéir au

pape, ou le pape pour obéir au roi, on eut le spectacle de prêtres fidèles à leur foi, plus fidèles que ne l’avaient été les évêques anglais au xvie siècle, d’une profonde et sérieuse piété, d’une grande pureté de vie ; on admira leur courage dans la souffrance, leur dignité et leur fierté, leur fidélité à leur roi ; on les estima et l’on commença à les aimer. Cf. J. Guibert, Le réveil du catholicisme en Angleterre au xixe siècle, Paris. 1907. p. 28-35.

Les catholiques anglais devaient bénéficier de ce revirement de l’opinion. Pendant qu’en Irlande O’Connell entraînait ses compatriotes à la conquête de la liberté religieuse, en Angleterre, les catholiques avaient, depuis 1803, un guide éclairé en la personne de l’évêqiie Milner, vicaire apostolique du Centre (Midland). Avec une vue exacte de la situation, une intelligence éclairée des intérêts catholiques, il prend une part active aux controverses suscitées par la discussion du bill d’émancipation, présenté par lord Grattam en 1808 : presque seul contre l’ensemble des catholiques anglais et malgré la concession que Rome semblait disposée à faire, il s’oppose à l’octroi du droit de veto au gouvernement dans la nomination des évêques et fait échouer le bill (1813) : ce dernier ne devait finalement être adopté qu’en 1829, après la mort de Milner (1826). mais il accordait cette fois une liberté entière. Cf. J. Guibert, op. cit., p. 45-54 et ici l’art. Milner.

L’Église anglicane.

La réforme du xvie siècle

en Angleterre avait été l’œuvre de la Couronne et du Parlement ; pour y rallier les catholiques, on avait évité de donner aux 39 Articles de religion (1563) une allure trop nettement protestante. Au siècle suivant, des théologiens remarquables, Andrews, Laud et, à leur suite, toute une école, connue sous le nom de Caroline divines, s’étaient efforcés de construire un système religieux qui maintînt le plus possible des idées et des pratiques catholiques, prétendant ne rejeter que les superstitions et les abus de l’Église romaine. On leur doit la dernière édition du Book oj common prager (1662). C’est le début du parti High Church.

Les puritains, calvinistes dans l’ensemble, qui avaient un moment triomphé après la chute. îles Stuarts, désespérant, après la restauration de Charles II (1660-1685), de s’emparer de l’Église officielle, s’en séparèrent définitivement : commencement des dissidents ou non-conformistes. Il était resté cependant dans l’Église établie un groupe à tendances protestantes, opposé à toute tradition catholique, qui donna naissance au latitudinarisme et parvint à prédominer après la Révolution de 1688 et le remplacement des 400 prêtres et des 8 évêques non-jurors par des ecclésiastiques de tendances contraires.

Contre le latitudinarisme indifférent à la doctrine, n’accordant aucune importance aux Credo, se contentant d’un culte froid et sans vie sacramentelle, s’opérèrent au xviii 6 siècle deux réactions. Le méthodisme, sous l’impulsion de Wesley et de Whitefield, s’efforce de réveiller le sentiment religieux par le repentir du péché et par l’amour du Christ. Il est une réaction contre les erreurs rationalistes du temps, une réaction aussi contre un clergé high and dry qui a abandonné l’idéal évangélique : il agit sur les humbles, sur ceux qui sont ignorés de la riche Église établie. Avec son dogme de la justification par la foi seule et, chez certains, de la prédestination absolue, avec son rejet de la succession apostolique, de l’autorité des évêques, du privilège de la prêtrise, il s’était séparé de l’anglicanisme officiel. Cf. art. Méthodisme, t. x. L’évaiigélisme, qui se développa surtout à Cambridge, demeura, lui, dans l’Église établie. Il se manifesta, à la fin du xviiie siècle et au début du xixe, par le développement de la piété individuelle, l’impulsion donnée aux œuvres phil inthropiques et une grande austérité, mais