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OT GUIRAL — OTHON DE FREISING


canum historicum, t. vi, 1913, p. 392-396 ; E. Albe, Autour de Jean XXII. Les familles du Quercy, t. ii, Rome, 19021904, p. 143 sq. ; L. Oliger, Fr. Berlrandi de Turre processus contra spirituales Aquitaniee, dans Archiv. franciscanum historicum, t. xvi, 1923, p. 325 ; Othon de Pavie, L’Aquitaine scraphique, t. i, Auch, 1900, p. 248 ; A. Heysse, O. F. M., Duo documenta de polemica inter Gerardum Odonem et Michælem de Cœsena, dans Archiv. francise, hislor., t. ix, 1916, p. 134-183 ; Golubovich, Biblioleca bio-bibliografica délia Terra Santae dell’Oriente fransciscano, t. iv, Quaracchi, 1923, p. 364 ; C. Eubel, Bullarium faiiciscanum, t. v, 1898, n. 932, 945, 1031, 1044 ; t. vi, 1902, n. 20, 50, 51, 87 et 169 ; surtout l’article : Guiral Ot, frère mineur, dans Histoire littéraire de la France, t. xxxvi, 1927, p. 203225.

A. Teetært.

    1. OTHON DE FREISING##


1. OTHON DE FREISING, ainsi nommé

de la ville dont il fut évêque († 1158). — Othon est né, entre 1110 et 1115, d’une des plus illustres familles d’Allemagne ; il avait pour père saint Léopold III, margrave d’Autriche ; sa mère, Agnès, fille de l’empereur Henri IV, avait été mariée d’abord à Frédéric de Saxe, dont elle eut Conrad, le futur empereur, et Frédéric de Souabe, le père du futur Frédéric Barberousse. Othon se trouve donc être le demi-frère de Conrad et l’oncle de Barberousse. Destiné par son père à l’état ecclésiastique, il est allé de bonne heure à Paris, chercher, comme plusieurs de ses contemporains, une science que l’on ne trouvait plus à cette époque dans les monastères ou les écoles épiscopales de Germanie. Il a dû y parcourir le cycle complet des études littéraires, philosophiques et théologiques. La sympathie qu’il marque dans l’un de ses ouvrages, Gesta Frider., t. I, c. l-lvii, pour Gilbert de La Porrée, semblerait indiquer qu’il a connu personnellement ce matîre ; ce ne peut être qu’à Chartres, puisque Gilbert n’est venu à Paris qu’en 1141. Mais c’est à la célèbre abbaye de Saint-Victor qu’il a connu Hugues dont la gloire brille alors du plus vif éclat. Ses études terminées, au lieu de rentrer en Allemagne, il s’arrête à l’abbaye cistercienne de Morimond (Haute-Marne), se fait moine avec un certain nombre de ses jeunes compagnons ; ce devait être dans l’hiver de 1132 à 1133. Trois ans plus tard, à l’automne de 1136, il est élu abbé de cet important monastère. Il n’y séjournera guère, car, dans les derniers mois de 1 137, il est choisi comme évêque par les chanoines de Freising ; c’est de Conrad III, son demi-frère, et par conséquent après le 22 février 1138, qu’il reçoit l’investiture des regalia. Othon est mêlé dès lors de façon très intime aux grandes affaires de l’État. Signalons seulement la part qu’il prend à la IIe croisade (1147-1148). Parti avec l’empereur Conrad, il a le commandement d’un corps d’armée, qui, séparé du gros des troupes allemandes dans la traversée de l’Asie Mineure, fut mis fort mal en point. Ayant rallié la Terre sainte, non sans difficultés, il rentre en France avec le roi Louis VII et on le trouve, en 1150, auprès de saint Bernard. De retour en Allemagne peu après cette date, il prend une part de plus en plus importante aux affaires de l’empire, surtout après l’avènement de Frédéric I er (1152) ; son intervention contribue puissamment à terminer la lutte entre les Guelfes et les Hohenstaufen. Du règne de son neveu, Othon ne devait connaître que la première partie, la plus brillante. Quand, à l’été de 1158, l’empereur se préparait à descendre en Italie pour régler sa querelle avec les communes lombardes et aussi avec la curie romaine, Othon, quittant l’armée allemande, se rendit en France pour assister au chapitre général des cisterciens. S’étant arrêté à Morimond, dont il était demeuré l’abbé, il y tomba malade et y mourut le 22 septembre 1158.

L’évêque de Freising n’a laissé que des ouvrages

historiques. Ces livres toutefois ne sont pas sans importance au point de vue de l’histoire du mouvement théologique, et les études de J. Schmidlin, J. Hashagen, A. Hofmeister ont bien mis cela en évidence. Voir la bibliographie. — Entre 1143 et 1146, Othon travailla à la composition d’une Chronique, depuis les origines du monde jusqu’à l’année 1145, en quoi il n’aurait rien d’original, car les ouvrages de ce genre abondent au Moyen Age. Mais, au lieu de se contenter, comme nombre de ses prédécesseurs, d’enregistrer, année par année, les événements du passé, il s’efforce de philosopher sur ceux-ci et d’en atteindre les causes. Le titre même qu’il donne à son ouvrage, Historia de duabus ciuitatibus, avertit assez qu’il se rallie à la conception vulgarisée par saint Augustin et plus encore peut-être par Orose. Nous avons dit, à l’article consacré à ce dernier, les avantages et les inconvénients de la méthode ; on les retrouvera chez Othon. L’intérêt de la Chronique n’est donc pas surtout dans les événements qu’elle rapporte ; pour ceux-ci elle dépend étroitement de la composition de Frutolf de Michelsberg (publiée sous le nom d’Ekkehard) qui poussait son histoire jusqu’en 1106 et avait été continuée jusqu’en 1125. Aux sept livres de la Chronique, Othon, suivant d’ailleurs l’exemple d’Orose, en a ajouté un huitième qui traite de l’Antéchrist, des signes précurseurs de sa venue, des luttes que l’Église aura à soutenir contre lui, de la défaite où il finira par succomber. C’est la conclusion tout indiquée de l’histoire de la Cité de Dieu.

En envoyant son premier ouvrage quelque peu retouché à Frédéric, en 1157, Othon exprimait l’intention de pousser plus avant son histoire si l’empereur lui fournissait pour la période toute voisine les documents nécessaires. Les ayant reçus, Othon entreprit la rédaction des Gesta Friderici, où il entendait abandonner le ton pessimiste de la Chronique et louer, comme il convenait, le règne glorieux de son neveu. Le livre I er est une introduction consacrée aux événements écoulés depuis le début de la querelle du sacerdoce et de l’empire, sous Henri IV, jusqu’à la mort de Conrad III, en 1152 ; le livre II commence le récit du règne de Frédéric qu’il poursuit jusqu’à l’automne de 1156. La suite a été rédigée par Bahewin (Bagevin, Badevic, etc.), chanoine de Freising, qui accompagna Othon à Morimond et lui ferma les yeux. Œuvre de haute valeur, tant par les documents qu’elle incorpore que par l’autorité des jugements qu’elle porte, cette Histoire de Trédéric fait le plus grand honneur à l’évêque de Freising.

De la correspondance d’Othon qui a dû être considérable, il ne s’est conservé qu’une lettre envoyée, en 1152, à l’abbé de Corbie, Wibald ; on la trouvera dans l’édition des lettres de cet abbé, P. L., t. clxxxix, col. 1398, simple explication d’un texte scripturaire, Ps., xxiii, 9. Si tant est que l’évêque de Freising ait composé des opuscules philosophiques et un libellas de natura et miraculis, comme le veut J. Schmidlin, il ne s’en est rien conservé. Mais ce qui paraît clair, c’est que, devenu évêque de Freising, l’ancien écolier de Paris a fait pénétrer en son pays d’origine la connaissance de l’œuvre logique d’Aristote et par là même le goût pour les études philosophiques.

I. Textes.

La Chronique et les Gesta Friderici ont été publiés pour la première fois à Strasbourg, en 1515, par J. Cuspinianus ; voir la recension des autres éditions dans celle de A. Hofmeister (ci-dessous). Édition critique de R. Wilmans dans Mon. Germ. hist., Script., t. xx, 1868, p. 116-337, 347-493, reproduite aussi, in-8°, dans les Scriptores rerum germanicarum, 1867 ; il y a eu depuis, dans cette dernière collection, une 2e édit des Gesta par G. Waitz,