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ORIGÈNE — ORIGENISME

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Der Kalholik, t. i, 1865 ; Stufler, Die Siindenpergebung bei Origenes, dans Zeitschr. fur kath. Theol., t. xxxi, 1907, p. 193-228 ; Id., Œffentliche und geheime Busse bei Origenes, ibid.. t. xxxvii, 1913, p. 193, 201 ; B. Poschmann, Die Siin<teni<ergebiing bei Origenes, Braunsberg, 1912 ; A. d’AIès, L'êdit de Calliste, Paris, 1911 ; F. Cavallera, Origène, De oratinne 28, dans Bulletin de littérature ecclésiastique, 1923 ; P. Galtier, Les péchés incurables d’Origène, dans Gregorianum, t. x, 1929, p. 177-209.

(i. E. Stcitz, Die Abendmdhlslehre der gricchischen Kirche in ilirer geschiclillichen Entuncklung, dans Jahrbùcher fur deulsche Theol., t. ix-xui, 1864-1868 ; A. Struckmann, Die Gegenwarl Christi in der hl. Eucharistie nach den schriftlichen Quellen der vornizànisehen Zeit, Vienne, 1905 ; P.Battiftoi, L’eucharistie, la présence réelle et la transsubstantiation, 7° éd., Paris, 1920.

L’apologiste.


B. Aube, Histoire des persécutions de l'Église : la polémique païenne à la fin du second siècle, 2e édit., Paris, 1878 ; J. Patrik, The apology of Origen in reply to Celsus, a chapter in the history o/ apologetics, Edimbourg, 1892 ; G. Bordes, L’apologétique d’Origène d’après le Contra Celsum, Cahors, 1900.

G. Bardy.


ORIGÉNISME. — - Sous ce titre nous étudierons les controverses dites origénistes. —
I. Après un rapide aperçu des attaques formulées contre l’orthodoxie d’Origène durant le premier siècle qui suivit sa mort, nous étudierons :
II. La controverse origéniste de la fin du iv c siècle, qui aboutit à la condamnation du grand Alexandrin par le pape Anastase I er et à la prohibition de ses livres par l’autorité impériale ;
III. Les controverses origénistes du vie siècle qui se terminèrent par la double condamnation d’Origène au concile de Menas en 543 et au "Ve concile général en 553.

I. Les attaques formulées au ive siècle. —

Il faut descendre jusqu’aux environs de l’an 300 pour connaître d’une manière positive ce que certains hommes d'Église trouvaient de répréhensible dans l’enseignement d’Origène.

Méthode d’Olympe († 311) lui reproche d’avoir enseigné l'éternité de la création. De creatis, c. ii, édit. Bonwetsch, p. 494 ; il combat sa doctrine de la préexistence des âmes, enfermées dans les corps comme dans une geôle ou un tombeau, De resurrectione, t. I, c. xxix, xxxii, xxxiii, p. 258. 267 sq. ; il s'élève contre son interprétation de-Gen., iii, 21, où Origène voit, dans les peaux d’animaux dont Dieu revêtit Adam et Eve après leur chute, une allégorie de la création du corps, Dieu n’ayant pu, comme un vulgaire corroyeur, confectionner des vêtements de peaux d’animaux. De resurrectione, t. I, c. iv, xxxii, p. 224, 270 ; il critique l’opinion d’Origène localisant le paradis terrestre au troisième ciel et non sur cette terre, De resurrectione, t. I, c. lv, p. 313 ; enfin il essaie de démontrer que la conception origéniste de la résurrection, qui nie l’identité matérielle des corps ressuscites et des corps mortels, n’est pas recevable, De resurrectione, t. I, c. xx sq., p. 242 sq.

L’influence de Méthode dans les controverses origénistes a été considérable. Dans le Panarion, lorsqu’il traite des erreurs d’Origène, saint Épiphane a inséré une grande partie du De resurrectione de Méthode ; Hxr., lxiv, t. ïi, édit. Holl, p. 421-499, reproduisant De resurrectione, p. 242-345. Épiphane a aussi reproduit, en l’amplifiant, le mot sur Dieu qui, n'étant pas corroyeur, n’a pu confectionner des vêtements de peaux, et bien des antiorigénistes l’ont répété après lui. Sur Méthode, adversaire d’Origène, voir Méthode d’Olympe, t. x, col. 1610 ; Farges, Les idées morales et religieuses de Méthode d’Olympe, Paris, 1930, surtout p. 89 sq.

L’empereur Justinien nous apprend qu’un contemporain de Méthode, Pierre, évêque d’Alexandrie († 312), dans un livre sur l'âme, aujourd’hui perdu, combattit la conception origéniste de la préexistence des âmes, dans laquelle il ne voyait qu’une spéculation philosophique, et qu’il traitait de (xâ0r) ; jioc -r/jç 'EXXr r vixTJç cptvocroqHaç. Sur Pierre d’Alexandrie, adversaire d’Origène, voir Justinien, Epist. ad Menam, P. G. t. lxxxvi a, col. 961 ; Duchesne, Histoire ancienne de l'Église, t. i, p. 493 ;.Christ-Stàhlin, Griechische Litteraturgeschichte, t. n b, p. 1119. Méthode et Pierre d’Alexandrie jouissaient d’une grande autorité dans l'Église ; néanmoins il semble bien qu'à leur époque les partisans d’Origène étaient très nombreux. A en croire Photius, Piérius aurait enseigné la préexistence des âmes, tout comme Origène, et aurait mérité d'être appelé « le nouvel Origène ». Bibliothèque, cod. exix. P. G., t. ciii, col. 401.

Les apologies pour Origène, dues à la plume d’hommes de valeur, auraient été très nombreuses au début du ive siècle. Photius, cod. cxviii, P. G., t. ciii, col. 396. Photius a encore lu celle que le martyr Pamphile a composée avec la collaboration d’Eusèbe de Césarée. Des six livres dont elle se composait, un seul nous a été conservé dans la traduction de Ru fin, P. G., t. xvii, col. 543 sq. Nous y apprenons que les attaques des antiorigénistes de cette époque visaient surtout la doctrine trinitaire du Péri Archôn, col. 519. Pamphile nous donne ensuite les principaux griefs formulés alors contre le grand Alexandrin. On lui reprochait d’avoir enseigné que le Fils de Dieu est innatus et qu’il parvient à la subsistence par prolation et non par filiation. Nous avons là un exemple de la célèbre confusion entre àyévvrçroç et àylvYjxoç, innatus et increatus. D’autres faisaient de lui un sectateur d’Artémas et de Paul de Samosate, qui ne voit dans le Fils qu’un purus homo. D’autres voyaient en lui un adhérent du docétisme, ne concevant les actions du Sauveur que comme des allégories. On lui reprochait aussi d’avoir enseigné l’existence de deux Christs et d’avoir volatilisé en allégories les faits rapportés par la Sainte Écriture. On critiquait sa conception de la résurrection des morts et de la nature de l'âme ; enfin, on lui reprochait d’avoir nié le châtiment des pécheurs et d’avoir enseigné la métempsycose, le passage de l'âme de l’homme dans des corps d’animaux, col. 578 sq.

L’opuscule d’Eustathe d’Antioche, Ilepl vf]ç èyyaarp(.jj.ù60u, semble être, lui aussi, du commencement du ive siècle. Nous y lisons une vive critique de l’interprétation donnée par Origène de l'épisode de la pythonisse d’Endor au I er livre des Rois, xxviii, 12 sq. Pour Eustathe, l’interprétation réaliste de ce morceau telle qu’Origène la proposait, implique la réalité de la mantique et de la chiromancie du paganisme. Ilefl TÎjç èyyaaxpi[i.û60u, c. iii, vi, vii, P. G., t. xviii, col. 617 sq. ; édition de Klostermann, dans les petits textes de Lietzmann, p. 19, 23, 24. L'évêque d’Antioche rappelle aussi la polémique de Méthode contre la conception origéniste de la résurrection, c. xxii, p. 51, P. G., t. xviii, col. 657.

La controverse arienne semble avoir fait quelque peu oublier la question des erreurs d’Origène. Cependant, dans le De decretis Nicœnæ synodi, saint Athanase cite deux passages du Péri Archôn qui lui semblent militer en faveur de la consubstantialité des personnes divines ; dans la ive lettre à Sérapion, tout en combattant l’interprétation proposée par Origène de Heb., vi, 4-6, il n’hésite pas à nommer Origène « le savant et laborieux Origène : 7roÀ'j[xa0^ç xal çiaôttovoç ». Au même passage du De decretis, Athanase fait une recommandation, trop oubliée par les antiorigénistes de tout temps, qu’il ne faut pas confondre, dans les écrits d’Origène, l’opinion qu’il cite pour la réfuter avec la sienne propre. C. xxvii, P. G., t. xxv, col. 465 ; Epistola iv ad Serapionem, n. 9, P. G., t. xxvi, . col. 649.