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    1. ORIGÈNE##


ORIGÈNE. TRAVAUX SCRIPT UR AIRES

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accompli sur le Nouveau Testament un travail analogue à celui qu’il a fait pour les Septante. On peut seulement aujourd’hui, en recueillant les fragments épars qu’il cite à droite et à gauche, reconstituer l'édition dont il se servait lui-même.

2. Travaux exégétiques. —

L'œuvre exégétique d’Origène est encore considérable. Elle l'était bien davantage lorsqu’on la possédait en entier, car, pendant toute sa longue carrière, le maître s’est préoccupé d'étudier et d’expliquer la Bible. Ses travaux, au dire de saint Jérôme, revêtaient trois formes principales : scolies, homélies, commentaires. Les scolies étaient d’assez courtes notes sur des passages détaches ; les homélies sont, comme le nom l’indique, des sermons adressés aux fidèles, et destinés à expliquer des fragments choisis ; les commentaires ou lomes sont au contraire des œuvres de longue haleine, où se développe, d’un bout à l’autre, l’explication de tel ou tel des livres saints. Nous ne connaissons presque rien des scolies ; nombreuses sont par contre les homélies dont nous avons soit la traduction latine soit le texte grec ; des commentaires, nous connaissons des parties très importantes de quelques uns.

a) Les scolies composées par Origène semblent avoir été très nombreuses. Saint Jérôme en mentionne, dans la lettre xxxiii, sur l’Exode, le Lévitique, Isaïe, les psaumes i-xv, l’Ecclésiaste, certaines parties de saint Jean, tout le psautier. Ailleurs, il en cite qui étaient relatives à l'évangile de saint Matthieu et à l'épître aux Galates. Rufin a utilisé des scolies sur les Nombres. Il semble que sur la Genèse aussi il y ait eu des scolies. Dans l’ensemble tout cela a disparu. La Philocalie et les Chaînes ont conservé un certain nombre de fragments qui peuvent provenir des scolies : on ne saurait apporter trop d’attention à examiner et à critiquer ces fragments. Beaucoup de ceux qui portent, ou auxquels on attribue le nom d’Origène sont certainement apocryphes.

b) Les homélies nous sont mieux connues, bien qu’un immense déchet puisse ici encore être constaté et que la plupart de celles qui nous sont parvenues nous soient arrivées en traductions latines. Origène avait prêché un nombre considérable de ces homélies : nous pouvons en identifier plus de cinq cents dont deux cents à peu près sont restées en notre possession ; mais il est assuré qu’il y en a eu beaucoup d’autres.

Saint Jérôme, Epist., xxxiii, 4, parle de deux livres d’homélies mélangées (mixtarum) ; ce dernier mot est peut-être corrompu, et nous ne savons rien du contenu de ces deux livres.

Nous avons en latin, dans une traduction de Rufin : seize homélies sur la Genèse (la xviie n’est pas authentique) ; treize homélies sur l’Exode ; seize homélies sur le Lévitique ; vingt-huit homélies sur les Nombres. Il a existé treize homélies sur le Deutéronome que Rufin n’a pas eu le temps de traduire et qui sont perdues.

Nous possédons, toujours dans une traduction de Rufin : vingt-huit homélies sur Josué, neuf sur les Juges, neuf sur les Psaumes ; ces dernières sont les restes d’une prédication très développée, car saint Jérôme connaissait 120 homélies relatives à 63 psaumes

Il a existé quatre homélies sur les livres des Rois : nous en connaissons deux, une traduite en latin par un inconnu, et une en grec sur la pythonissc d’Endor. Gassiodore parle d’une homélie sur le IIe livre des Chroniques et d’une homélie sur le livre d’Esdras. Saint Hilaire avait traduit ou adapté vingt-deuxhomélies sur Job qui ont disparu. Saint Jérôme signale encore sept homélies sur les Proverbes et huit sur l’Ecclésiaste.

En ce qui concerne les Prophètes, il a existé vingt cinq homélies sur Isaïe, dont neuf seulement, traduites par saint Jérôme, nous sont parvenues ; quarante-cinq homélies sur Jérémie dont nous connaissons vingt dans leur texte grec : douze de ces dernières existent aussi dans une traduction de saint Jérôme, et deux autres ne se trouvent que dans la version latine. Nous ignorons le nombre des homélies prêchées sur Ézéchiel : la traduction de saint Jérôme compte quatorze numéros.

Nous savons qu’Origène avait prêché sur les évangiles de saint Matthieu et de saint Luc. Les vingt-cinq homélies sur saint Matthieu sont perdues ; Jérôme en a traduit trente-neuf sur saint Luc. Des dix-sept homélies sur les Actes, il ne reste qu’un fragment dans la Philocalie. Il a existé également onze homélies sur la IIe lettre aux Corinthiens ; deux sur une des lettres aux Thessaloniciens, une sur l'épître à Tite, dix-huit sur l'épître aux Hébreux. Les chaînes contiennent de nombreux fragments des homélies sur la IIe aux Corinthiens et Eusèbe cite deux frag ments relatifs à la lettre aux Hébreux.

Les homélies d’Origène ont pour nous un intérêt d’autant plus considérable qu’elles sont parmi les témoins les plus anciens de l'éloquence chrétienne. Avant elles, nous ne voyons guère à citer que l'écrit faussement appelé la IIe lettre de Clément de Rome et le Quis clives salvetur ? de Clément d’Alexandrie, et ces deux pièces sont insuffisantes pour nous permettre un jugement assuré. Les sermons d’Origène, au contraire, nous mettent en présence d’un prêtre du me siècle, qui parle avec la plus grande familiarité, à un auditoire fidèle, qui enseigne la vertu et condamne le vice, qui explique, selon les circonstances, les passages les plus remarquables cle l'Écriture : grâce à eux, nous pouvons assez bien nous faire une idée de la mentalité d’une communauté chrétienne entre 230 et 240.

Toutes les homélies d’Origène ont été prêchées à Césarée de Palestine : elles sont donc postérieures à 232 et à l’exil du maître hors d’Alexandrie. Les dates exactes de chaque série sont parfois difficiles à établir, Nous savons seulement que les homélies sur saint Luc comptent parmi les plus anciennes et doivent remonter à 233 environ ; celles sur les Juges à cause des allusions à une persécution qui peut être celle de Maximin remonteraient à 235 ; celles sur Josué sont peut-être les plus récentes, et on les attribue à 250 environ. Au reste, le problème de la chronologie n’a ici qu’une importance secondaire, car on retrouve partout le même esprit, les mêmes tendances et on ne peut saisir aucun développement dans la méthode du prédicateur.

c) Les commentaires, à l’encontre des homélies, prêchées pour les simples fidèles, étaient des ouvrages savants, destinés à des lecteurs instruits, et faits pour expliquer en détail les difficultés des Livres Saints. Nulle part peut-être n'éclate mieux la complexité de l’esprit d’Origène, complexité que traduit son impuissance à retenir l'élan d’une pensée toujours en mouvement. Le moindre mot lui suggère des idées neuves, appelle des souvenirs lointains. L’exégète va et vient, multiplie les digressions interminables ; s’arrête lorsqu’il lui plaît, pour repartir ensuite de plus belle, voire pour revenir en arrière, sans se soucier du but dernier qu’il s'était d’abord proposé d’atteindre. Aussi ces commentaires atteignent-ils des dimensions impressionnantes ; mais, malgré la multiplicité des livres dont chacun d’eux est composé, ils s’arrêtent presque tous avant d’avoir achevé l’explication de l’ouvrage biblique qu’ils avaient promise.

Sous forme de commentaire, Origène avait ainsi interprété :