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ORIENTALE (MESSE). RIT BYZANTIN

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une particule d’hostie consacrée ou du vin consacre : Cet usage, encore pratiqué, ;  ! la messe des présanctifiés, a été très en vogue dans toute l'Église, au Moyen Age. Cf. M. Andrieu : Immixtio et consecratio. La consécration par contact dans les documents liturgiques du Moi/en Age, Paris, 1924, p. 236. Un prêtre chaldéen nous a donné cette explication plausible. Comme les nestoriens font boire les communiants au calice même, ils en préparent donc plusieurs sur l’autel pour être consacrés ; mais si le prêtre remarque que les communiants sont peu nombreux, alors il laissera de côté les calices qui sont de trop et au moment de la bénédiction, il les bénit par un simple signe de croix. Ces calices seront distribués comme le pain bénit.

Le Pater et l'élévation s’accomplissent de la même façon que dans le rit jacobite.

Après le chant du diacre, on ouvre le voile et le prêtre bénit un diacre et l’envoie chanter au bêma, bénit le diacre qui a lu l'épître et lui confie la patène sur un voile ; à celui qui a donné la paix, il fait de même, en lui donnant le calice. Le célébrant distribue la communion sous l’espèce du pain et le diacre sous celle du vin et cela même aux autres prêtres, aussi bien qu’aux fidèles. Cf. Liturgia…, p. 27. Les chaldéens ne donnent plus la communion aux fidèles que sous l’espèce du pain.

Pendant la communion on chante une hymne antiphonée. Alors que les prêtres se donnent le baiser de paix, le peuple chante le ps. cxl, 1-6 et à chaque phrase on répond : Filius qui nobis dédit corpus suum et sanguineni suum. Au ps. cxvi, le peuple répond : Propter oblationem sui nobis. La première antienne est reprise au Gloria Patri.

Il est à remarquer encore que, dans le rit persan, on distribue les « eulogies » ou « pains bénits », après la bénédiction finale et le renvoi de l’assemblée.]


III. La messe dans le bit byzantin. —

Nous avons dit plus haut, que la liturgie byzantine procède de la liturgie antiochienne. Si nous l’analysons à part, c’est parce qu’elle représente mieux la messe de l'Église orientale, étant donné qu’elle est la liturgie de plus de 100 millions de chrétiens, et aussi parce qu’elle est plus accessible dans son texte original au théologien occidental.

L’analyse portera d’abord sur la liturgie byzantine proprement dite, tout en indiquant à la suite, les différences dans la liturgie arménienne, qui est, on le sait, une liturgie byzantine.

Quelques mots d’abord, sur la disposition de l'église grecque, pour l’intelligence des différents gestes et cérémonies : une balustrade sépare l’autel du chœur. Elle est haute, très riche, très ornée et portant de nombreuses icônes (images), d’où son nom d’iconostase. Trois portes y sont pratiquées : l’une devant le maîtreautel, avec deux battants à mi-hauteur, peut se fermer aussi par un grand rideau richement travaillé. Les deux autres correspondent aux deux nefs latérales. Le petit autel de droite est celui de la prothèse. Le prêtre y prépare les éléments du sacrifice. En Orient, chaque église n’a qu’un autel pour le sacrifice, avec une seule messe par jour. (Les uniates se sont éloignés de cette pratique.)

La prothèse.

Ce mot signifie actuellement aussi

bien l’autel de la préparation des oblats que la cérémonie même de la préparation.

Le prêlre et le diacre commencent par faire les prières de la porte, ainsi nommées, parce qu’elles se font devant la grande porte, la porte sainte, qui donne sur le maître-autel. Le diacre demande la bénédiction du prêtre, et prie le Saint-Esprit, roi du ciel et esprit de vérité, de venir le purifier. Il chante trois fois le Trisagion, le Kyrie eleison, enfin le Gloria Patri et le Pater.

Dans la prière qu’ils adressent au Christ devant son icône, placée à gauche de la porte, ils disent :

Vous avez daigné en effet, vous étant fait chair, monter de votre propre volonté sur la croix, afin de délivrer de l’esclavage de l’ennemi, ceux que vous aviez formés. Aussi nous vous crions en vous rendant grâces : O notre Sauveur, vous avez rempli de joie l’univers en venant sauver le monde. Cf. C. Charon, Les saintes et divines liturgies, p. 2. La traduction que nous donnons de la liturgie byzantine a presque toujours élé empruntée à cet ouvrage de M. C. Charon (C. Korolewskij).

Ils font une autre prière devant l’icône de la Vierge, et dans une prière générale ils demandent d'être dignes d’offrir « le sacrifice non sanglant ». Ces prières ou le prêtre parle de son indignité sont, dans les liturgies aussi bien orientales qu’occidentales, d’une époque tardive. A l’origine, la liturgie était plus simple et le prêtre regardait moins son indignité que l'Église qu’il représentait. Ainsi donc toutes les prières récitées au bas de l’autel sont le fruit de la piété personnelle.

Le prêtre fait trois profondes inclinations à l’autel — l’inclination correspond à la génuflexion dans le rit romain — le baise, ainsi que l'évangiliaire placé au milieu de l’autel. Le diacre fait bénir ses ornements et s’en revêt alors que le prêtre prend les siens. Ils se dirigent vers la prothèse, où ils se lavent les mains en chantant alternativement le ps xxv, 6-12, Lavabo.

Le prêtre bénit le pain - — il est fermenté et assez épais — et avec une lance, il en découpe la partie portant l’empreinte carrée et la détache à l’invitation du diacre ; il plante la lance dans le côté droit puis il fait une entaille en forme de croix sur le morceau détaché.

Le prêlre : « En mémoire de Notre-Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ. — Comme une brebis, il a été conduit à la boucherie… Qui racontera sa génération ? »

Le diacre : « Enlevez, Seigneur. »

Le prêtre : « Parce que sa vie est enlevée de la terre.

Le diacre : « Immolez, Seigneur. »

Le prêlre (en faisant l’entaille) : « L’agneau de Dieu est immolé, celui qui enlève le péché du monde pour la vie et le salut du monde. »

Le diacre : « Percez Seigneur. »

Le prêtre : « Un des soldats lui perça le côté de sa lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau, celui qui l’a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai. » Charon, toc. cil., p. 1.

Le diacre prépare le calice et le fait bénir ; car le diacre est le ministre du calke.

C’est un petit drame réaliste qui reproduit celui de la croix, et un signe extérieur de la réalité du sacrifice qui va s’accomplir sur l’autel.

Le prêtre continue la préparation. Il détache, du même pain ou d’un autre, des parcelles triangulaires. Ces parcelles doivent être rangées selon un ordre prescrit. La parcelle ayant l’empreinte carrée : l'éu.v6ç (l’agneau), nous l’avons vu plus haut, est en souvenir du Christ. Il en mettra maintenant à droite et à gauche et en dessous, en souvenir de la Vierge, des archanges, des patriarches et prophètes, des apôtres, des docteurs : Basile, Grégoire le Théologien, Chrysostome, Athanase, Cyrille ; des martyrs, des anachorètes, du saint du jour, du saint auquel est attribuée l’anaphore (Basile ou Chrysostome), de l'épiscopat orthodoxe et spécialement de l'évêque, des prêtres concélébrants, de tout le clergé, des frères vivants et décédés. Il ajoute d’autres parcelles pour toutes ses intentions propres ; le diacre fait de même.

(La fraction de l’hostie dans la liturgie gallicane. avec la disposition des parcelles, en donnant à chacune la représentation d’un mystère de la vie du Christ, ressemble fort à cette cérémonie byzantine).

Il faut remarquer que les orthodoxes ne regardent comme consacré que l'à[j.v6< ; et non les u.£pî8eç, les