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ORIENTALE (MESSE). RIT ANT., ÉPICLÈSE


manquent de formules consécratoires complètes et de même une de Thomas d’Héraclée dans le missel jacobite.

Actuellement tous les rits orientaux prescrivent au célébrant de dire à haute voix et même de chanter les paroles de la consécration. — Cet usage existait chez les Francs et les Espagnols d’après Lesley. Cf. art. Mozarabe, t. x, col. 2534.

En Orient après la consécration de chacun des éléments, le peuple répond Amen. C’est l’acte de foi au grand mystère qui vient de s’accomplir ; cet acte est encore bien plus explicite dans le rit alexandrin, comme on le verra plus bas.

La question de l’amen après la consécration et sa conciliation avec la doctrine de l’arcane a soulevé une grande controverse, en Occident au xviie et au" xvine siècle. Le Brun a consacré toute une partie de son ouvrage à cette question. Cf. Op. cit., t. iv, dissert. XV, Did. d’archéol., t. i, col. 1556-1560.

On possède deux textes anciens au sujet de l’amen après l' « action de grâce », sans parler de toutes les anciennes liturgies orientales qui le mentionnent explicitement : saint Justin, Apologie, I, lxv, 3 ; lxvti, 5, P. G., t. vi, col. 427-431. Une lettre à Sixte II († 258), attribuée à saint Denys d’Alexandrie (f vers 265), dit que les fidèles répondent Amen à la consécration. P. L., t. v, col. 97 sq.

Il se peut que l’usage de dire à haute voix les paroles de la consécration n’ait été généralisé que par la Novelle 137, c. vi, de Justinien.

c. L’anamnèse. — Dans toutes les liturgies, on trouve le souvenir de la mort du Sauveur après les paroles de la consécration : c’est ce que l’on appelle en liturgie l’anamnèse. Sans doute cet usage existe pour obéir à l’ordre du Seigneur, Hoc facile in meam commemoralionem, que saint Paul relève explicitement : Quotiescumque enim manducabilis panem hune, et calicem bibetis, mortem Domini annuntiabitis donec veniat. I Cor., xi, 25, 26.

L’anamnèse dans les liturgies syriaques diffère pour chaque anaphorc ; tantôt le prêtre prononce les paroles de saint Paul, à la suite de la consécration, comme en faisant partie et dans un style direct : meam mortem annunciabilis, donec veniam ; d’autrefois il les introduit à nouveau :

Ipse etiani præceptum toti coetui et congregationi fidelium per eosdem Apostolos sanctos dédit dicens… Renaudot, o/>. cit., t. ii, p. 205.

Ce n’est pas encore l’anamnèse, mais l’introduction à celle-ci par un rappel de l’ordre du Seigneur. L’anamnèse est adressée au Christ par le célébrant et par le peuple à la fois : on commémore le souvenir de la mort, de la résurrection, de l’ascension et du second avènement. Ce dernier souvenir est propre à l’Orient et semble avoir comme origine le donec veniat. En somme, c’est une récapitulation d’une partie du Credo.

La seconde partie de l’anamnèse est impétratoire ; on demande pardon et miséricorde, pour le péché. Enfin, comme la liturgie maronite parle souvent de la sainte Vierge, elle ne peut pas ne pas demander l’intercession de celle-ci, en joignant son souvenir à celui de son Fils.

d. L'épiclèse. — La question de l'épiclèse a été longuement traitée à l’article Épiclèse eucharistique, t. v, col. 194-300. Cf. à la col. 204 sq., l'épiclèse dans les liturgies orientales.

Le diacre prépare l’assistance à l'épiclèse :

Quam terribilis est hæc hora, quam timendum tempus istud, dilecti mei.quo Spiritus vivus et sanctus ex excelsis sublimibus cæli advenit, descendit et illabitur super eucharistiam hanc in sanctuario positam, eamque sanctificat ; cura timoré et tremore estote, stantes et orantes. Pax nobis cum sit et securitas Dei Patris omnium nostrum clamemus et dicamus ter : Kyrie eleison. Renaudot, t. ii, p. 32.

L'épiclèse est d’ordinaire adressée au Père ou à Dieu. Dans le rit jacobite et dans la dernière édition (1922, Scharfet, Liban) du missel des syriaques uniates, le prêtre demande l’envoi de l’Esprit-Saint sur lui et l’assistance et sur les dons pour transformer le pain au corps vivifiant du Sauveur et le calice ou le mélange du calice, au sang du Christ. En faisant l’invocation générale le prêtre est à genoux, et les fidèles disent trois fois Kyrie eleison, il se relève pour préciser l’invocation sur chaque don et il y fait trois signes de croix et le peuple répond : Amen.

Le prêtre termine l'épiclèse par une oraison indiquant bien le but de la transformation ; c’est-à-dire pour le profit des communiants, pour la rémission des péchés, la purification des âmes et des cœurs et comme gage de la résurrection.

Comme dans l’anaphore byzantine de saint Basile, l’anaphore syriaque du même saint emploie un verbe qui, pris au sens strict, signifie : montrer et non transformer ou faire ; mais des liturgistes le ramènent au sens de : transformer et faire. Cf. art. Épiclèse, t. v, col. 195 ; dom Moreau, Les anaphores, p. 59, note 1.

L’ancienne édition du missel des syriaques uniates (Rome, 1843), et les différentes éditions du missel maronite — excepté pour l’anaphore de saint Jacques — changent la forme de l'épiclèse : le prêtre demande la venue de l’Esprit-Saint pour que le corps et le sang profitent aux communiants, et leur soient un gage de salut.

L’Amen de l'épiclèse se trouve déjà mentionné dans l’anaphore d’Hippolyte. Cf. Orsi : Dissertatio theologica de liturgica Spiritus invocatione. Milan, 1731, p. 96 sq.

Quoiqu’on trouve, dans les liturgies orientales, des anaphores où toutes les prières sacrificielles (paroles de la consécration, anamnèse et épiclèse) sont adressées au Fils, cependant d’une manière générale, et dans les liturgies syriaques en particulier, le célébrant, en disant les paroles de consécration, s’adresse au Père : ad te, Deus Pater. Cf. Renaudot, op. cit., t. ii, p. 31 et 204. L’anamnèse, par contre, est adressée au Fils et l'épiclèse, bien qu’adressée au Père, est en réalité une invocation au Saint-Esprit. Il semble que les liturgies orientales s’adressent à chaque personne de la Trinité en particulier. Cela résulte de la théologie orientale qui envisage moins l’unité divine que la Trinité des personnes. Par appropriation, le prêtre s’adresse au Saint-Esprit, comme auteur de toutes grâces et de toute sanctification. Mais il est un fait certain, c’est que les anciens ne se sont jamais posé la question du moment de la transsubstantiation (comme l’ont fait les Byzantins) ; en disant l'épiclèse, ils ont encore moins voulu réserver au Saint-Esprit seul la transsubstantiation. Il était tout à fait normal, après avoir prié le Père et le Fils, de prier le Saint-Esprit.

e. Les diptyques et la prière catholique. — Il a été dit plus haut que, dans l’anaphore nestorienne des apôtres Addée et Maris, les diptyques et les litanies sont prononcés avant la consécration, dans d’autres anaphores entre l’anamnèse et l'épiclèse ; au contraire, dans les anaphores jacobites et maronites, ils se placent après l'épiclèse.

Les diptyques ou le livre des « vivants et des morts » se composent de deux listes de noms. D’abord les vivants ; ce sont les noms des patriarches, évêques et autres personnages importants avec lequels on est en communion et pour qui, dès lors, on doit prier. Anciennement, on attachait une très grande importance au fait d'être nommé dans les diptyques ; c'était le signe de communion, de même que la radiation d’un nom dans les diptyques équivalait à la suspension de la communion ecclésiastique. Les schisma-