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ORIENTALE (MESSE). RIT ANT., ANAPHORE


2. L’anaphore.

Nombreuses sont les anaphores des rits d’Antioche. Le rit jacobite en possède plus de cent. Dans les dernières éditions des missels catholiques, on en rencontre un nombre restreint, sept poulies Syriens uniates et huit pour les maronites : de saint Jacques, de saint Jean l'Évangéliste… De fait, ces diverses anaphores ne diffèrent entre elles que par la longueur et le développement des prières. Les Persans ont trois anaphores : une attribuée à Nestorius, une autre à Théodore, la plus commune porte le nom d’anaphore des apôtres Addée et Maris ; les chaldéens catholiques se servaient exclusivement de cette dernière, dans le missel imprimé à Rome en 1767. La dernière édition faite à Mossoul en 1901 donne les trois anaphores du rit persan.

Le mot « anaphore » a été employé par les Orientaux

— qui se servaient tous de la langue grecque — pour désigner la partie de la messe dans laquelle s’accomplit le sacrifice. En latin on dirait illatio ou oblatio. Le mot a été en usage dans la liturgie gallicane et mozarabe. Cf. art. Mozarabe, t. x, col. 2531.

Dans le rit antiochien, l’anaphore comprend la presque totalité de la messe des fidèles, puisqu’elle va du baiser de paix inclusivement jusqu'à la fin de la messe, toutefois avec des prières communes à toutes les anaphores. Au contraire dans les liturgies byzantines et alexandrines elle s'échelonne de la préface au Pater ; la communion et tous les actes manuels préparatoires, comme on le verra plus loin, sont une partie distincte de l’anaphore.

a) Préparation au sacrifice. — a. Le baiser de paix.

— Le diacre commence par avertir l’assemblée de se tenir debout et de prier, alors que le célébrant adresse plusieurs oraisons pour demander la paix. Cette prière prend le nom tantôt d’nratio ad pacem, tantôt d’oratio ante osculum pacis. (Dans la liturgie gallicane, cette prière se place après le baiser de paix). Après Voratio ad pacem, le célébrant bénit l’assemblée inclinée.

Le diacre proclame : « Date pacem unusquisque proximo suo in caiitale et file quoe Deo accepta ? sint. » « Sacerdos praclare alîer pacem.

Le prêtre baise l’autel et les mystères, et donne la paix au diacre.

Pour ce qui regarde l’origine du baiser de paix, cf. art. Baiser de paix, dans le Dict. d’archéol. Déjà on le trouve cité dans saint Paul : Rom., xvi, l(i ; I Cor., xvi, 20. Saint Justin parle de ce baiser, comme d’un acte liturgique. Il dit que l’on se salue mutuellement par le baiser, avant la présentation au président de l’assemblée de la coupe de vin et d’eau. Apol., i, 65 ; P. G., t. vi, col. 428. Saint Cyrille de Jérusalem assigne la même place pour le baiser de paix. Cal., xxiii, P. G., t. xxxiii, col. 1111. Les liturgies orientales avec les liturgies atnbrosienne, mozarabe et gallicane, ont gardé le baiser de paix avant la consécration. La parole de Notre-Seigneur semblait désigner le moment du baiser de paix : Si ergo of/ers mimas luum ad altare, et ibi recordatus fueris quia fraler luus habet aliquid aduersum te, relinque ibi munus luum ante altare, et vade prius reconciliari fratri tuo, et tune veniens offeres munus tuum. Matth., v, 23-24.

Sur le baiser de paix dans la messe romaine ; cf. art. Mozarabe, t. x, col. 2529 sq. Le baiser de paix avant la communion est attesté par saint Augustin, Cont. litt. Petiliani, II, xxiii, 53, P. L., t. xliû, col. 277 ; Serm.. ccxxvii, t. xxxviii, col. 1101. Innocent I er (401-417) ordonna de donner aussi la paix avant la communion. Epist., xxv, 1, P. L., t. xx, col. 551. Il semble qu'à un moment le baiser de paix était donné deux fois. Si le baiser de paix, avant la communion, selon le rit romain, exprime bien la charité des commu niants, leur union, les liturgies orientales n’excluent pas cette idée. Au contraire, pour elles, l’assistance au sacrifice comprend la participation à la sainte victime ; c’est pourquoi le baiser de paix prépare, à la fois, à la consécration et à la communion. Les catéchumènes, les pénitents sont renvoyés ; les seuls communiants ont le droit d’assister au sacrifice. Aussi dans la liturgie arménienne, an entend le diacre annoncer à l’assemblée : « Saluez-vous mutuellement par le baiser de paix et vous qui n'êtes pas aptes à participer au mystère divin, retirez-vous aux portes et priez. » Cf. Dict. d’archéol., t. i, col. 477 sq.

L’officiant découvre les saints mystères et avec le grand voile il bénit le peuple en prononçant une formule empruntée, avec une petite modification, à Il Cor., xiii, 13.

Caritas Dei Patris, gratia Filii unigeniti, communicatio et illapsus Spiritus sancti sint vobiscum omnibus.

b. La préface :

Sursum mentes, conscientiæ et corda omnium nostrum. Le peuple : < sunt apud Dominum » ou « sunt apud te Domine. »

Le dialogue se poursuit et introduit la préface :

Vere dignum et justum est, decens et debitum, ut te laudemas, te benedicamus, te eelebremus, te adoremus, tibi gratias agamus…

Vient ensuite une liste de toutes les créatures qui louent Dieu.

Cherubim quibus oculi multi et Seiaphim quibus alae sex, qui duabus alis tegunt faciès suas et duabus pedes, duabusque aller ad alterum volitantes vocibus indefleientibus, et theologia non conticescente, hymnum triumphalem magniucentissimæ glorise, voce canora concinunt, clamant, vociferantur et dicunt. Rcnaudot, t. ii, p. 30-31.

Une anaphore maronite attribuée aux douze apôtres parle des séraphins aux quatre faces. Ces métaphores sont prises à Ezech., ix, 22 ; Apocal., iv, 8. La liturgie nestorienne d’Addée, comme l’anaphore maronite de saint Jean Maron, s’inspire de Daniel, vii, 10, pour parler du nombre des anges : millia millium ministrabant ci.

Dans d’autres anaphores la préface tient en quelques lignes. Ce sont des anaphores d’une époque très tardive composées pour favoriser l’expansion de la messe basse.

Comme dans toutes les anciennes anaphores, la finale introduit normalement le Sanctus ; mais le prêtre en laisse le chant au diacre et au peuple ; c’est d’ailleurs l’usage de la liturgie mozarabe ; cf. t. x, col. 2532. Le texte du Sanctus est le même que dans la liturgie romaine ; il est possible que, sous l’influence de cette dernière, la formule qui venit in nomine Domini ait pénétré dans les liturgies syriennes. Cf. art. Mozarabe, t. x, col. 2541.

Dans le rit persan, au début de l’anaphore, le prêtre, comme dans les liturgies romaine et maronite, demande à l’assistance de prier pour lui :

Le preire : Benedic Domine (1er) ; orate pro me fratres.

Le peuple : Exaudiat Christus orationes tuas, suscipiat oblationem tuam, glorificet sacerdotium tuum in regno ca ; lorum, gratum habeat hoc sacrificium quod offers pro le, pro nobis et pro toto mundo. Cf. Liturgia…, p. 11.

Après Voratio ad pacem, le diacre proclame : unusquisque det pacem alteri in amore Christi. Les fidèles se donnent la paix les uns aux autres, en récitant la

prière catholique », ainsi nommée parce qu’elle est faite, aux intentions générales de toute l'Église. « Pro oainibus catholicis, episcopis, presbyteris, diacoais : pro vivis… pro defunctis… pro stanlibus coram te accipiatur liæc oblatio. »