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ORIENTALE (MESSE). GÊNÉ II ALITÉS


liturgie' de saint Jacques, dans le texte syriaque, et la conservera assez pure, jusqu'à nos jours ; une branche est revenue à la vraie foi au xviiie siècle, tout en gardant sa liturgie primitive. Ses fidèles sont appelés indifféremment : Syriens catholiques, Uniates et même Syriens tout court ; le rit est dit rit des Syriens occidentaux, par opposition aux Syriens orientaux, les nestoriens. Cf. Janin, op. cit., c. xiii, p. 489 sq. ; cf. art. Monophysisme, t. x, col. 2216-2251.

c) Le rit maronite. — Un petit groupe des melkites de Syrie, cantonné dans les montagnes du Liban, où l’usage du syriaque était exclusif, conserva jusqu'à nos jours, sa foi et sa liturgie d’Antioche. Ce sont les Maronites. Les croisades d’abord, plus tard l’action de leurs sujets qui allèrent étudier à Rome, celle des délégués du Saint-Siège et des religieux latins amenèrent une sérieuse romanisation de toute leur liturgie, chose très regrettable à cause de ce mélange incohérent de rites romains et syriaques ; cf. art. Maronite (Église), t. x, col. 1 sq. ; Revue des sciences religieuses, 1924, p. 429-439.

d) Le rit byzantin. — Les Maronites — on le sait — échappèrent au grand schisme d’Orient ; ce ne fut pas le cas de l’autre groupe melkite, qui, jusqu’au xiie siècle, avait gardé la liturgie de saint Jacques, même après sa séparation de Rome. Il a fallu, semble-t-il, l’avènement d’un Byzantin au siège d’Antioche, Théodore III Balsamon (entre 1185 et 1191), pour imposer la liturgie byzantine dans le patriarcat grec d’Antioche et de Jérusalem. Son opposition à toute liturgie qui n'était pas byzantine, est très marquée dans une lettre à son collègue d’Alexandrie, Marc II (1195). P. G., t. cxxxviii, col. 954. Cf. Dict. d’archéol. et de liturgie, art. Antioche, t. i, col. 2429.

La résidence des patriarches d’Antioche à Constantinople, pendant deux siècles, depuis Jean V (1098), semble encore expliquer le mouvement de byzantinisation, dans leur patriarcat. Cf. Dict. d’archéol., t. vi, col. 1607.

Chose curieuse, les prêtres grecs de Jérusalem et de Chypre ont gardé un vestige de leur ancien rit antiochien, en célébrant la messe, à la fête de saint Jacques (23 oct.), avec l’anaphore attribuée à ce saint.

Dès ce moment le rit byzantin remplaça la liturgie de saint Jacques. Une partie de ces grecs melkites revint à l’unité, tout en conservant la liturgie byzantine, traduite, à un moment, en syriaque, pour les habitants de la campagne et célébrée actuellement, soit en arabe, soit en grec, soit dans les deux langues à la fois.

En Egypte, ceux qui ne passèrent pas au monophysisme gardèrent le rit alexandrin en langue grecque. L’influence de Byzance se fit sentir néanmoins et tous durent passer au schisme de Michel Cerulaire († 1058). Au début du xme siècle, ils reçurent le rit byzantin’par leur patriarche Marc II, après un voyage de celui-ci à Byzance (1203-1204), cf. Dict. d’archéol., art. Alexandrie, 1. 1, col. 1187 sq. ; Dict. d’histoire et de géographie ecclés., t. ii, col. 326. Théodore III Balsamon raconte que Marc II avait promis d’adopter le rit byzantin dans son Église d’Alexandrie. P. G., t. cxxxvii, col. 621.

Ceux qui sont revenus à la vraie foi sont sous la juridiction du patriarche grec-catholique d’Antioche, qui a reçu aussi le titre de patriarche d’Alexandrie.

Nous avons parlé du rit byzantin, en Syrie et en Egypte, comme provenant de Byzance. Mais comment ce rit s'était-il formé dans la capitale, et de quelle famille liturgique descendait-il ? L’opinion la plus courante rattache ce rit à la liturgie d’Antioche. Cf. ici art. Liturgie, t. ix, col. 817 ; L. Duchesne, Origines du culte chrétien, p. 72 sq. Ce serait une importation faite par les nombreux évêques de Byzance, soit origi naires d’Antioche ou de Césarée de Cappadoce, soit formés à l'école d’Antioche : Euioxe, Grégoire de Nazianze, Nectaire, Jean Chrysostome, Nestorius.

En passant par Césarée, cette liturgie a évolué avant d’arriver à Byzance. Elle recevra, dans la suite un développement tout particulier qui rappelle la pompe et la magnificence des empereurs de Byzance. Ce rit se propagera dans les Balkans et les pays slaves. Pour dom Moreau, la liturgie byzantine est à l’origine de toutes les liturgies orientales. Dom Moreau, Les liturgies eucharistiques, p. 29. Cette opinion ne semble pas tenir compte des données liturgiques.

e) Le rit arménien. — - Quant à la liturgie arménienne, elle semble procéder de la liturgie de Césarée et d'Édesse ; cela se comprend à cause de la proximité de ces villes, de l’Arménie. L. Duchesne, loc. cit., p. 75, y voit un stade ancien de la liturgie byzantine. Le cachet byzantin est nettement accusé, peut-être plus encore de nos jours à cause des emprunts postérieurs. Elle est en usage chez les Grégoriens ou Arméniens monophysites et dans un groupe converti à l'Église catholique au xviiie siècle, cf. art. Arménie, t. i, col. 1892 sq., 1954 sq.

2. La liturgie d’Alexandrie.

a) Le rit copte. —

L'Église d’Alexandrie a sa liturgie propre, entièrement indépendante de celle d’Antioche. Toutefois à pa"tir d’une certaine date, elle a subi l’influence byzantine.

La liturgie la plus ancienne et dont on se sert encore est attribuée à saint Marc ; elle a été revisée par saint Cyrille († 441). Lorsque l'Église d’Alexandrie passa, en grande partie, au schisme monophysite antichalcédonien, elle se servait du grec — du moins dans les villes — pour la célébration de sa liturgie. La faction hérétique pour garder son indépendance et marquer son nationalisme et sa séparation, adopta la langue copte, qui semble avoir été déjà en usage dans la célébration de cette liturgie à la campagne.

b) Le rit éthiopien ou abyssin. — Au ive siècle, l’Abyssinie se convertissait et venait demander sa hiérarchie à l'Église d’Alexandrie. C’est ainsi qu’elle reçut la liturgie alexandrine, puis le schisme monophysite ; mais la langue ghez fut substituée au copte.

Après plusieurs tentatives de conversion, une minime partie de l'Église copte fut convertie et reçut sa hiérarchie à la fin du xixe siècle. Un groupe abyssin ou éthiopien catholique s’est également formé ; il est encore sous la juridiction d’un délégué apostolique ; cf. Janin, op.cit., c. xvii, p. 637 sq.

C’est par ces deux groupes catholiques que l’ancien rit d’Alexandrie reprend sa place dans l'Église catholique.

Les anciennes anaphores orientales.

Il ne s’agit

pas des très anciennes liturgies orientales, telles que la liturgie des Constitutions apostoliques et celle de Sérapion, qui ne sont plus du tout en usage et dont on a parlé à l’article Messe, t. x, col. 1346-1365 ; mais simplement des quelques anaphores encore en usage quoique dans un texte remanié.

De l’anaphore de saint Jacques, on possède deux rédactions : l’une syriaque, l’autre grecque. La première est en usage dans les rits jacobite, maronite et syriaque uniate. La rédaction grecque ne sert plus qu’aux Byzantins de Jérusalem et de Chypre et seulement pour le 23 octobre, fête de saint Jacques.

Déjà saint Cyrille de Jérusalem (315-386), décrit une liturgie pratiquée de son temps à Jérusalem, qui a plus d’un point de rapport avec celle de saint Jacques ; cf. Çatech., xxiii (v myst.), P. G., t. xxxiii, col. 1110 sq.

Les liturgies attribuées à saint Basile et à saint Jean Chrysostome, sont employées par les Byzantins, les Arméniens exceptés. Les anaphores attribuées à ces saints et en usage dans les autres rits syriaques et