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ORDINATIONS ANGLICANES. LA CONTROVERSE


l’absence de six relations, sous l'épiseopat de Warham, de 1503 à 1533, de neuf relations sur un total de quarante-deux consécrations sous l'épiseopat de Cranmer, de 1533 à 1553. Cf. Wordsworth, A letler on the succession of bishops in the Church of England, in lalin and english. On remarque encore qu’entré à la Chambre des Lords le 30 juin 1536, Barlow siégea immédiatement après les évêques de Chichester et de Norwich, consacrés le Il juin, laissa, le 4 juillet, l'évêque Fox prendre place avant lui, parce qu’il avait été consacré le 26 septembre précédent, mais que le nouvel évêque de Saint-Asaph, consacré le 2 juillet, prit rang après lui. C’est donc que le sacre aurait eu lieu entre le Il juin et le 2 juillet. Mais surtout il est difficile d’admettre que, sous le règne de Henri VIII, de 1536 à 1547, et dans la suite, Barlow ait pu « vivre pendant plus de trente ans comme évêque, administrer des diocèses, faire des ordinations, prendre part à des sacres d'évêques, siéger comme évêque au parlement, sans avoir reçu la consécration épiscopale, et personne n’aurait protesté contre une situation aussi étrange, pas même le chapitre de Saint-David, avec lequel il eut plus d’un différend, et c’est un évêque non consacré qu’on aurait désigné pour remplir le principal rôle dans le sacre de Parker ! L’invraisemblance atteint ici les limites de l’impossibilité. » A. Boudinhon, op. cit.. p. 16 II faudrait admettre la complicité d’Henri VIII, qui l’aurait dispensé de la consécration. La nomination de Barlow eut lieu, il est vrai, peu de temps après la rupture avec Rome, après la proclamation de la suprématie spirituelle du roi ; mais de là à considérer comme étant inutile la consécration épiscopale, à rejeter la hiérarchie ecclésiastique, il y a un abîme, qu’il n’est pas démontré qu’Henri VIII, malgré tout lidèle à la foi catholique, ait franchi.

On doit donc considérer comme acquis les deux faits, qui se trouvent à l’origine de la hiérarchie anglicane : le sacre de Parker dans la chapelle de Lambeth et la réalité du caractère épiscopal de Barlow, le consécrateur.


II. La controverse sur la validité des ordinations ANGLICANES. —

I. AUX XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES. —

La discussion ne commença qu’au xvii c siècle : sous l’influence des doctrines calvinistes, les premiers anglicans n’attribuaient pas d’importance au caractère épiscopal ; ils ne voyaient guère dans l'épiseopat qu’une dignité utile pour le bon gouvernement de l'Église en Angleterre ; 1 évêque était un agent de la couronne. Pour les catholiques, la question avait été réglée par l’attitude de l'Église sous le gouvernement restaurateur de la reine Marie.

Il était inévitable cependant que la question fût posée. Kellison, An english survey of the new religion, Douai, 1603, et aussi. Examen novæ Rrformalionis, 1616, C. Ilolywood, De investiganda vera et visibili Christi Ecclesia, 1604, Fitzsimon, Britannomachia ministrorum, Douai, 1616, Champney, De vocatione miuislrorum, Douai, 1616, P. Talbot, The nullily of the prclalical clergꝟ. 1657, Erastus senior, 1662, sont les premiers qui réunissent les arguments que l’on invoquera dans la suite contre la validité des ordinations anglicanes. Ils font appel à la nullité de la consécration de Parker : inauthenticité du registre de Lambeth, historicité de la légende de l’auberge à la Tête de cheval, absence de consécration chez Barlow, insécurité du rite d’Edouard VI, en raison de ses nombreuses omissions, probabilité qu’il ne contient pas ce qui est nécessaire à une forme d’ordination valide, absence de toute croyance à la prêtrise et au sacrifice, défaut d’intention de faire ce que fait l'Église. Il convient de remarquer que la valeur du rite anglican était estimée d’après les idées de l'époque sur la matière et la forme du sacrement de l’ordre ; on regardait alors comme essentielle à la validité la porrection des instruments, accompagnée des paroles du Pontifical. Examiné à ce point de vue, le rite d’Edouard VI était certainement invalide. Ces attaques ne restèrent pas sans réponses : F. Mason, V indication of the ordinations of the Church of England, 1613, 2e éd., Paris, 1633 ; H. Prideaux, The validily of the orders of the Church of England, 1688 ; G. A. Burnet, Vindications of the ordinations of the Church of England, s’elTorcent de prouver que l'Église anglicane possède un véritable sacerdoce.

Au xviii siècle, la démonstration de la nullité des ordinations anglicane continue, avec R. de Vois, Justification de l'Église romaine sur la réordination des anglicans e’piscopaux, Paris, 1718 ; J. Constable, Clerophiles Alclhes, 1730. Mais déjà on voit paraître des justifications provenant, non seulement d’anglicans, mais de catholiques. Le Courayer publie, en 1723, à Bruxelles, une Dissertation sur la validité des ordinations des Anglais, puis, en 1726, une Défense de la Dissertation. Cet ouvrage est condamné par l'épiseopat français, puis par Benoît XIII, et réfuté par Lequien, Nullité des ordinations anglicanes, Paris, 1725, et par le P. Hardouin, La défense des ordinations anglicanes réfutée, Paris, 1727.

II. nu xixe siècle a nos. Jouas. — 1. Discussion de la question par les théologiens. 2. L’enquête à Rome. 3. La bulle Apostolicæ curæ. 4. Accueil fait à la bulle. 5. Les Conversations de Malines.

Discussion de la question par les théologiens.


Les conversions qui furent la conséquence du mouvement d’Oxford, le développement du ritualisme, devaient attirer de nouveau l’attention sur la question des ordinations anglicanes. Tout en discutant sur le fond, les partisans de la validité apportent le témoignage d'écrivains catholiques et même de papes en leur faveur. C’est ce que font T. G. Bailey, Défense of the holy Orders in the Church of England, Londres, 1870 ; F. G. Lee, The validily of the holy Orders in the Church of England, Londres, 1870 ; Butler, Rome’s tribule lo anglican Orders : a défense of the Church of England founded on the testimony of the roman authorities, Londres, 1893. Des réponses leur sont opposées par le P. Breen, Rome’s tribule to anglican Orders, dans la Dublin review, octobre 1893 ; par S. Smith, Rome’s wilness against anglican Orders, dans The Month, juillet 1893.

Ce n'était là qu’escarmouches. La controverse devait devenir très vive dans les années 1894-1896. Elle eut pour point de départ un sincère désir de réunion avec Rome chez certains membres importants de la communion anglicane, appartenant à la Haute-Église, union qui serait rendue plus facile, pensait-on, si le Saint-Siège pouvait revenir sur sa pratique antérieure et, sinon reconnaître la validité des ordinations anglicanes, du moins les considérer comme douteuses et n’imposer aux convertis qu’une ordination sub condilione.

Dès 1890, l’abbé F. Portai, lazariste, et Lord Halifax, anglican, qui s'étaient rencontrés à Madère, tombèrent d’accord pour attirer l’attention sur l’union de l'Église d’Angleterre à l'Église romaine, et choisirent comme premier point de discussion la question des ordinations. Ce fut l’abbé Portai qui se chargea de réaliser ce projet, en publiant dans la Science catholique, 15 décembre 1893, 15 janvier 1894 et 15 avril 1894, et en brochure, Les ordinations anglicanes. Le but poursuivi fut atteint : on discuta les arguments apportés. M. A. Boudinhon, Élude théologique sur les ordinations anglicanes, dans le Canoniste contemporain, juin et juillet 1894 ; De la validité des ordinations anglicanes, ibid., juillet et novembre 1895, et Mgr P.