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NESTORIENNE (L'ÉGLISE) SOUS LES SASSANIDES


tous les cœurs. Il tint un synode en février 576, dont les canons supposent une Église pacifiée, où l’on s’occupe de mettre ordre à certains points d’importance secondaire. Synod. orie.nl., p. 110-129, trad., p. 368-389.

Ézéchiel étant mort, après avoir été aveugle pendant les deux dernières années de sa vie, P. O., t. vii, p. 195 [103 J, fut remplacé par Iso’yahb, évêque d’Arzon, en 582. Les évêques hésitaient entre deux noms, ce fut Hormizd IV qui décida, se rappelant avec reconnaissance que l'évêque d’Arzon lui avait donné de précieuses informations sur les mouvements des troupes romaines. Le monarque était d’ailleurs favorable aux chrétiens, ce que les mages lui reprochaient amèrement. Il semble que sous son règne l'Église nestorienne se développa et s’affermit ; elle souffrit cependant de plusieurs difficultés intérieures, dont la plus importante fut le différend suscité par Hënânâ l’Adiabénien, directeur de l'École de Nisibe, de 572 à 610. Étant origéniste, il abandonnait dans son enseignement la doctrine de Théodore, et se servait du terme de ©eoroxoç, suspect à Nestorius. Cela donna lieu à divers mouvements parmi les huit cents élèves de l'école, jusqu’au jour où le métropolite Grégoire quitta Nisibe, dont les habitants soutenaient Hënânâ, tandis que trois cents élèves quittaient l'école. Les monastères, citadelles conservatrices, opposèrent une vive résistance aux nouveautés henaniennes ; voir les extraits de la vie de Grégoire d’Izala, par exemple, dans Synod. orient., p. 626-629 ; puis des condamnations officielles intervinrent, mais Hënânâ jouissait d’un tel crédit auprès des autorités civiles, qu’elles demeurèrent toujours anonymes, tout à fait indirectes au synode d’Iso’yahb (585), ibid., p. 136-138, trad., p. 398400, à peine plus formelles sous Sabriso', ibid., p. 196198, trad., p. 456 sq., 459, et sous Grégoire I er, ibid., p. 208-210, trad., p. 474-476.

C’est probablement dans le même temps que les diocèses de la Perse méridionale se séparèrent de l’obédience de Séleucie : au synode de 585, malgré l’invitation réitérée du catholicos, on remarqua l’absence du métropolite de Rewardasir, et il apparaît par les lettres d’Iso’yahb HI que les évêques du Fars avaient cessé dès avant l’Islam de recevoir leur consécration des mains du catholicos, cf. infia. Le Synodicon orientale contient pour le pontificat d’Iso’yahb I er, outre le récit du synode qu’il tint pendant l'été de 585, p. 130-165, trad., p. 390-424, une lettre à Jacques de Dayrin, île du Golfe Persique, lui envoyant vingt décisions ou canons, en réponse à trente-trois questions qu’il avait posées, p. 165192, trad., p. 424-451, et un symbole de foi, p. 192196, trad., p. 451-455.

Cependant Hormizd IV s'était aliéné l’armée, sur laquelle son général Bahrâm Tchobin, vainqueur des Turcs, avait un ascendant considérable : il fut mis en fuite, tandis que son fils Khosrau II Parvîz était proclamé roi, mais celui-ci eut bientôt à reconquérir lui-même son trône sur l’orgueilleux général, en demandant l’appui de troupes grecques. Il reçut de l’empereur Maurice l’aide dont il avait besoin, épousa une de ses filles, Marie, et se montra bienveillant pour les chrétiens, du moins jusqu'à la mort de Maurice. Vers la fin du pontificat d’Iso’yahb I er, le roi deHîra, al-Nu’man, se convertit et peu après les jacobites durent abandonner ses États.

La désignation de Sabriso', évêque de Lasom, comme successeur d’Iso’yahb, fut l'œuvre du roi Khosrau, à qui il était apparu dans une vision, un peu avant sa victoire sur le rebelle Bistam. Le choix était excellent, car Sabriso' avait une grande réputation de sainteté, mais il était âgé, si bien que les évêques, d’ailleurs sur l’invitation du roi, durent lui donner un auxiliaire

en la personne de Milas, évêque de Sonna, qui fut plus tard représentant du monarque à Constantinople, où le patriarche ne pouvait aller. Les biographes de Sabriso' racontent un grand nombre de faits mer veilleux ; cf. sa vie par un moine nommé Pierre, édit. Bedjan, dans Histoire de Mar-Jabalalia…, Paris et Leipzig, 1895, p. 288-331, et Chronique de Sri ii, dans P. O., t. xiii, p. 474-504 [154-184]. Son synode, tenu en mai 596, contient peu de prescriptions ; le Synodicon orientale, qui en a conservé le compte rendu, p. 196-200, trad., p. 456-461, y joint la transcription de deux actes relatifs aux moines de Bar Qayti, dans la région du Sindjar, qui s'étaient convertis du messalianisme, p. 200-207, trad., p. 461-470.

L’assassinat de l’empereur Maurice, en 602, irrita Khosrau contre les Grecs, et il résolut de leur faire la guerre pour tirer vengeance de la mort de celui qui avait été son bienfaiteur, et mettre sur le trône Théodose, fils de la victime, qui s'était réfugié auprès de lui. Sabriso' lui prédit la victoire, lui recommanda la modération, puis mourut à Nisibe, tandis que le Roi des rois faisait le siège de Dara. Lorsque cette ville fut tombée, après neuf mois de siège, Khosrau étant rentré à Séleucie, les évêques choisirent comme catholicos, Grégoire, ancien évêque de Kaskar, puis métropolite de Nisibe, qui avait quitté cette ville après son différend avec Hënânâ, directeur de l'École des Perses. Une cabale s'étant formée contre lui parmi des chrétiens qui appartenaient à la maison du monarque, ceux-ci parvinrent avec la complicité de Sirin, son épouse chrétienne, à lui substituer un autre Grégoire, natif de Maysan, ancien élève de l'école de Séleucie. Le souverain s’aperçut de la substitution, et d’abord s’en irrita, puis il se rendit ; mais on vit bientôt que le nouvel élu manquait à la justice. Khosrau le méprisa et commença à persécuter les chrétiens.

Lorsque Grégoire mourut en 609, ses biens furent confisqués par ordre royal, et il fut interdit de lui donner un successeur. L'Église de Séleucie demeura veuve jusqu'à l'élection d’Iso’yahb II en 628. Les jacobites en profitèrent : Gabriel, médecin du roi, originaire du Sindjar, qui avait été anathématisé par Sabriso' pour bigamie, les favorisait de tout son pouvoir. En outre, de nombreux négociants de Syrie, qui étaient jacobites, entrèrent en Perse à la suite des armées que Khosrau avait envoyées en territoire grec ; ils se fixèrent dans diverses villes, jusque dans le Khorassan et le Ségestan. Il y avait dès lors dix sièges épiscopaux pour les jacobites de l’empire persan, dont Takrit devint la métropole, son évêque ayant le titre de mafrien, vicaire pour la Perse du patriarche jacobite d’Antioche. P. O., t.xin, p. 543-5 [223-225].

Souffrant de cette situation, humiliés de ne plus avoir un chef pour leur Église tandis que les jacobite s’organisaient, les évêques nestoriens tentèrent en 612 de modifier la décision du roi. Ils firent venir du monastère de Beit’Abé, au mont Izala, un moine nommé Georges, auparavant Mihramgusnap, dont le père avait occupé dans l’administration une position importante. Grâce aux relations que Georges s’empressa de renouer à la cour, ils furent autorisés à présenter une supplique, mais à condition d’y joindre, comme justification de leur foi, une réponse à trois questions évidemment dictées par le médecin renégat, Gabriel, que le rédacteur du Synodicon orientale qualifie avec amertume de « chef de la faction des ©eoroxo-xtroa », p. 562-580, trad., p. 580-598. Les évêques ne reçurent aucune réponse, et Georges, qui avait offensé Gabriel, ayant été dénoncé comme converti du magisme, mourut crucifié à Séleucie, après une longue détention, le 14 janvier 615. Sa vie a été publiée par Bedjan, Histoire de Mar-Jabalaha…, p. 416-571 ; traductio. de certains passages dans Synod. rient., p. 625-634