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NEST0R1ENNE (L'ÉGLISE) SOUS LES SASSANIDES


nouveau catholicos. La Chronique de Séert prétend que ce dernier fut maltraité par les niâmes et emprisonné, et aussi qu’il fut accusé d’immoralité par le turbulent métropolite. P. O., t. vii, p. 113 [21] ; Mari, p. 43, trad., p. 37. Mais il est vain d’imaginer, avec les auteurs jacobites, que Barsaumâ aurait contraint Acace à embrasser le ncstorianisme, en le menaçant de le faire mourir. Michel le Syrien, Chronique, p. 420, trad., t. ii, p. 439. Acace était dyopbysite de par sa formation ; rien ne l’empêchait donc de s’entendre avec Barsaumâ sur le dogme. Mais il était plus diflicile d’opérer une réconciliation totale : celle-ci eut lieu cependant au village deBeit 'Edraï, en Adiabène, où un certain nombre de prélats se rencontrèrent en septembre 485, et moyennant une correspondance entre le patriarche et son sufïragant, dont nous sont parvenues six pièces. Synod. orient., p. 53, 525-531, trad., p. 299-301, 531-539. Le synode schismatique de Beit Lapât, que Barsaumâ avait tenu contre l’autorité de Babowaï, était déclaré nul et ses canons inexistants.

L’assemblée deBeit 'Edraï ayant été tenue dans un but particulier, elle fut suivie en février 486 d’un véritable synode, réuni à Séleucie. Plusieurs partisans de Barsaumâ y assistaient, mais lui-même s'était excusé. On s’occupa de mettre fin au trouble causé par des moines itinérants, qui circulaient à travers villes et villages, prêchant une christologie corrompue. Prenant donc des mesures disciplinaires pour les renvoyer dans leurs déserts, le synode propose un raccourci de l’orthodoxie en matière d’union : « Notre foi doit être, en ce qui concerne l’incarnation du Christ, dans la confession des deux natures de la divinité et de l’humanité. Nul de nous ne doit introduire le mélange, la commixtion ou la confusion entre les diversités de ces deux natures ; mais, la divinité demeurant et persistant dans ses propriétés et l’humanité dans les siennes, nous réunissons en une seule majesté et une seule adoration les divergences des natures, à cause de l’union parfaite et indissoluble de la divinité avec l’humanité. Et si quelqu’un pense ou enseigne aux autres que la passion ou le changement est inhérent à la divinité de Notre-Seigneur, et s’il ne conserve pas, relativement à l’unité de personne de Notre-Seigneur, la confession d’un Dieu parfait et d’un homme parfait, qu’il soit anathème ! » Synul. orient., p. 54 sq., trad., p. 302. On y ajouta des prescriptions relatives au mariage : le mariage postérieur à l’ordination diaconale ou presbytérale était autorisé : Barsaumâ absent triomphait et l'Église de Perse se rangeait officiellement du côté « nestorien ». Aussi, Acace, ambassadeur du Boi des rois à la cour de Constantinople, en 487 (à l'époque du schisme acacien), y vit sa foi suspectée : il dut, pour être accepté à la communion, exposer sa foi et anathématiser Barsaumâ. Celui-ci demeurait d’ailleurs le suffragant indiscipliné, qu’il avait été sous Babowaï : de 491 à 497, le différend fut aigu entre Barsaumâ et Acace, qui s’accablèrent mutuellement d’anathèmes ainsi que leurs partisans. Synod., orient., p. 63, trad., p. 312.

L’entente eût été préférable, car les monophyrites s’agitaient. Ayant une forte base sur le tenitoire de l’empire romain, ils opéraient surtout aux frontières. A Nisibe, Barsaumâ ne savait comment se défendre contre eux : refoulant son désir d’indépendance, il avait imploré du catholicos, en 486, une condamnation solennelle de ces meneurs. Synod. orient., p. 528 sq., trad. p. 574-576. En territoire aiabe, ils s’organisaient sous l’administration tolérante des princes lahmides et Simon, consacié évêque avec le titre de Beit Aisam, village insignifiant des environs de Séleucie, était l'âme de ce centre d’opérations, assez puissant d’ailleurs pour obtenir une intervention de

l’empereur Anastase en faveur de ses coreligionnaires. Voir sa notice par Jean d’Asie, édit. E. Y. Brooks, John oj Ephesus, the Unes o/ the eastern saints, dans l'. ()., t. xvii, p. 137-158. En 497, deux évêques tenaient encore pour le monophysisme : le synode de Babaï leur donne un an de répit avant une condamnation définitive, c'était Pâpâ, évêqUc de Beit Lapât, ancien condisciple de Philoxène de Mabboug, le grand organisateur à distance de la propagande raonophysite, et YazdacL, évêque de RewardaSir. Synod, orient., p. 65, trad., p. 314. Mais ces résistances individuelles ne comptent pas devant les trente-neuf signatures qui s’alignent au bas des actes ; l’Eglise de Perse était bien définitivement « nestorienne ». Elle l'était avec l’agrément du Roi des rois, puisque Qawad, voulant apprécier les religions de son empire, avait donné la préiérence au traité d’Elisée, interprète à l'école de Nisibe, qui lui avait été piésenté par Acace. P. O., t. vii, p. 126 [34 ]. On le vit bien quanti le monarque fit arrêter tous les évêques et supérieurs de couvents monophvsites. P. O., t. xvii, p. 153.

Pour cette période, voir Chronique de Séert, dont l’inrormation est abondante et intéressante, dans P. O., t. vii, p. 99-127 [7-34] ; Mari, p. 41-46, trad., p. 35-40 ; Amr et Sliba, p. 29-35, trad., p. 17-21 ; Barhébræus, Chronicon ecclesiaslicum, t. iii, col. 59-80 ; Labourt, Le christianisme.., , p. 131-158 ; W. A. Wigram, An introduction…, p. 112-171 ; A. Seher, École de Nisibe, son origine, ses règlements ei ses hommes célèbres (en arabe), Beyrouth, 1905.

5° L'Église de Perse aux VI" et vir siècles. — La bonne entente qui avait régné entre le pouvoir civil et Acace, nonobstant les intrigues de Barsaumâ, se poursuivit sous son successeur Babaï. Qawad, ayant soulevé l’universelle réprobation du clergé niazdéen et des nobles, en essayant d’appliquer les théories mazdakites sur la communauté des biens et des femmes, avait été déposé et remplacé par son frère Zamasp. Celui-ci fit appel au catholicos pour une saine réglementation du mariage : il fallait lutter contre les unions illégitimes. Le synode se contenta de confirmer l’autorisation donnée sous Acace à tous les membres du cleigé, « depuis le patriarche jusqu’au dernier de la hiérarchie, de contracter un chaste mariage, avec une seule femme, pour en user et engendrer des enfants. » Synod. orient., p. 63, trad., p. 312. Babaï lui-même était marié, et sa femme, dit la Chronique de Séert, l’aidait à faire le bien et à diriger les affaires ecclésiastiques. P. O., t. vii, p. 129-137 [37-45 ].

Il n’en fut pas de même pour son successeur Sila, dont la femme, aimant l’argent, devint le mauvais génie. Ibid., p. 136 [4-1 ]. Difficilement supporté par l’ensemble du clergé, il sut maintenir son crédit auprès de Qawad, grâce à l’appui de Buzaq, évêque de Suse ; mais sa mort, qui arriva la trente-quatrième année de Qawad quillet 521-juillet 522), provoqua un schisme. Sila avait fait son testament, par lequel il avait désigné pour être son successeur un médecin, nommé Elisée, qui était devenu son gendre. Buzaq avait un autre candidat, Narsaï, qui était un homme d'études, versé dans les sciences ecclésiastiques. Les évêques et le peuple se divisèrent. Buzaq essaya de faire intervenir le roi, qui était à Holwân, mais David, métropolite de Merv, avait déjà procédé au sacre d’Elisée, avant que Narsaï eût pu être consacré dans l'église cathédrale. Elisée, par 1 intervention d’un confrère, Lëroê, médecin du roi, et ijrâce à de nombreux présents, avait d’ailleurs obtenu un acte royal en sa laveur. La situation était peu claiie, si bien que le métropolite de Beit Lapât, et l'évêque de Kaskar préférèrent se tenir en dehors de la querelle. Pendant douze ans, les deux compétiteurs continuèrent la lutte au milieu