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NESTORIUS, CONCLUSIONS


par Paul de Samosate, et qui fait du Christ un homme ordinaire, ^iXoç av0pa>T : o( ;, adopté par Dieu comme fils, à cause de sa parfaite correspondance aux impulsions de la grâce.

Nestorius, n’a pas voulu enseigner non plus l’hérésie « des deux Fils », telle qu’elle avait été antérieurement condamnée par l'Église. Quelques tentations qu’il éprouvât de pousser jusque là le dualisme des natures et des opérations, il s’est toujours efforcé d’y résister. Mais il a, contre sa volonté, laissé échapper des expressions, des bout ides, qui pouvaient faire croire à l’existence chez lui d’une pensée analogue à celle-là.

Étant donnée l’imprécision du vocabulaire théologique de son époque, on ne peut lui attribuer non plus, semble-t-il, la profession explicite de l’hérésie « des deux personnes ou des deux hypostases » en Jésus-Christ, au sens où nous prenons aujourd’hui ces termes de personne et d’hypostase. quoi qu’il en soit de son impossibilité de concevoir une nature qui n’ait pas son hypostase.

Sa doctrine est-elle donc, comme le prétendent les monophysites, superposable à celle du Tome de Léon et de Chalcédoine ? Non, assurément, puisque saint Léon et Chalcédoine ont admis, sinon la terminologie, du moins la doctrine de fond de saint Cyrille, laquelle pose les bases du dogme de l’union hypostatique, et que, d’autre part, Nestorius n’a jamais pu se décider à accepter le point de vue cyrillien. Il est incontestable, néanmoins, que sur un point capital, celui de la distinction des natures et de la réalité de leurs opérations, Nestorius est parfaitement d’accord avec les concepts chalcédoniens.

Il faudrait donc en rester sur lui au jugement exprimé par Socrates tout le premier, repris par les Orientaux et qui est au fond celui de l'Église. Quoi qu’il en soit des circonstances atténuantes dont il convient de lui accorder le bénéfice, il demeure constant que certaines manifestations oratoires de Nestorius ont scandalisé. Ce scandale n’a pas été seulement celui des pharisiens ; il a été le « scandale des faibles » et même le scandale des forts ». Ce n’est jamais impunément que l’on jette dans le grand public des controverse' ; aussi délicates. Fallût-il admettre le bien-fondé des craintes de Nestorius, il y avait, comme on dit, < la manière » de parer aux erreurs apollinaristes ou monophysites plus ou moins menaçantes. Trop orateur, pas assez théologien, l’archevêque de Constantinople a cru pouvoir résoudre un problème difficile par des discours et des mots à effets. Un peu plus de souplesse, un peu plus d’habileté dialectique, une étude plus approfondie du cas, une application plus exacte des règles de la méthode, une connaissance plus avertie des précédents, un esprit plus métaphysique, ajoutons un peu plus d’humilité, auraient pu lui éviter les incartades que ses amis eux-mêmes ont été obligés de reconnaître. Nestorius s’est trop cru l’infaillible représentant de la théologie antiochienne ; cette théologie dyophysite qui, à ce moment-là, se cherchait encore, qui devait, pour s’accréditer, se débarrasser de pas mal d'éléments douteux et s’attaquer au problème métaphysique de l’union, il a fini par la compromettre : cette seule constatation explique comment, en fin de compte, les Orientaux eux-mêmes ont dû abandonner leur ami.

Justifierons-nous pour autant tous les procédés qui furent mis en œuvre contre lui ? Hélas ! les affaires où interviennent les hommes n’offrent point, à qui les voit dans le détail, que des côtés admirables. Les anciens conciles, ne l’oublions jamais, étaient plus encore des tribunaux jugeant des personnes que des aréopages étudiant à loisir des problèmes doctrinaux. Or, la « tragédie » de Nestorius n’est pas un fait isolé dans l’histoire de l’Eglise ; ce n’est pas la seule fois

où l’on ait vu des considérations étrangères peser sur des décisions relatives aux personnes. Il ne doit pas être interdit de regretter que le Concile d'Éphèse ait tranché le cas personnel de Nestorius sans s'être entouré de toutes les garanties suffisantes. Mais ses décisions, en ce qu’elles ont de dogmatique, ont été éminemment salutaires ; elles ont coupé court, une fois pour toutes, aux tentatives de dissocier l’unité profonde du Sauveur ; et c’est ce que la théologie a le devoir de retenir.

I. SoiRcrcs.

Nous les avons énumérées, classées et appréciées dans le corps de l’article. Il ne reste qu’un mot à ajouter pour décrire la nouvelle collection des Acla conciliorum œcumenicorum, (A. C.O.) dont l'édition a été entreprise par Ed. Schwartz. Elle prévoit S tomes, eux-mêmes divisés en volumes, et ceux-ci en fascicules (ce qui ne facilite pas les références ». Le t. i, relatif au concile d'Éphèse, est à peu près entièrement paru ; du t. iv, relatif au IIe concile de Constantinople de 553, est paru le volume 2 quèces annexes de ce concile). — Le concile d'Éphèse est ainsi réparti : volume 1 (7 fasc. dont le dernier vient de paraître). Acla grseca (pour les deux collections Seguieriana et Alhenenisis, qui figurent au fascicule 7, on en trouvera une description très suffisante dans les Abhandlimgen de l’Académie de Bavière, t. xxx, fasc. 8, 1 !)20, AVue Aktenstiicke zif/ii ephesinisehen Konzil von 431 ; les n c * des pièces sont conservés dans l'édition définitive) ; vol. 2, Collectio Veronensis ; vol. 3, Colleciionis Casinensis, pars prior (vient de paraître ; description dans la même dissertation, p ; 108 sq.) ; vol. 4, Collectinnis Casinensis pars altéra ( = Synodicon Casinense) ; vol. 5, fasc. 1, Collectio Palatina sine qui fertur Marias Merealor ; fasc. 2 (même pagination), Cyrilli epistula synodica translata a Dionysio exiguo, Collectio Sichardiana, Ex collectione Quesnelianu, Collectio Winteriuna.

C’est au texte ici publié que nous nous sommes reporté. Néanmoins nous avons d’ordinaire doublé la référence de celle empruntée à de plus anciennes publications, soit à la Collection des conciles de Mansi, soit à la Patrologie grecque ou latine. Pour ce qui est du Synodicon Casinense, dont les pièces ont une capitale importance, nous avons indiqué l'édition de la Patrologie, de préférence à celle de Mansi où les pièces sont dispersées. Pour Marias Merealor, c’est volontairement que nous ne nous sommes pas référé, a l'édition de damier, dans P. L., t. xi.vm, dont le texte est absolu ment inutilisable.

Les autres références se comprendront sans peine : P. O. = Palrologia Orientalis de Graflin et Nau ; Nestor. = F. Loofs, Nesloriana. Die Fragmente des Xestorius gesammell, unlersncht und herausgegeben. Halle, 1905 ; Héraclide ou Héracl. = L. Nau, I.e livre d’IIéraclide de Damas, Paris, 1910. Pour plus de simplicité, les lettres pontificales ont été citées d’après leur numéro d’ordre dans.(allé, Regestu, 2e édition. Quelques études importantes sur les sources se trouvent également dans Ed. Schwartz, Konzilstudien, I. Cassian und Xestorius. IL l’eber echte und unechle Schri/ten des Bischo/s Proklos von Konstantinopel, Strasbourg, 1 V) 1 1 (fait partie des Schriflen der wissenschaftlichen Gesellschaft in Strassburg, fasc. 20).

II. Travaux.

On ne peut songer à en donner ici une

recension même abrégée. Voir le plus gros dans HefeleLeclercq, Histoire des conciles, t. u a, p. 234, 248-2-19, 295, 379-381, etc.

Parmi les travaux anciens, il faut encore citer, outre Baronius, les dissertations du jésuite Garnier, dans la seconde partie de son édition de Mari us Mercator, Paris, 1073, reproduite dans P. /, ., t. xLvm, quoi que l’on puisse penser de la manière arbitraire dont cet auteur a « arrangé les textes de Nestorius..Mais Garnier ne connaît pas encore le Synodicon Casinense (publié partiellement en 1082). Tillemont, au contraire. Mémoires, t. xiv, a utilisé les pièces qu’il connait par Lupus, Diverses epislotie, et par Baluze, Conciliarum appendix, Paris, 1683. Toute imparfaite qu’elle soit, cette connaissance lui permet d’exprimer quelques jugements assez indépendants ; il a bien vii, en particulier, les énormes difficultés qu’avaient suscitées les anatliémalismes et la complexité des négociations relatives à l’accord de 433.

La narration des événements donnée par Hefele, dans

l’Histoire des conciles, donne assez exactement l'état de la

question avant les découvertes récentes ; les notes ajoutées