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NESTORIUS. L’ACCORD DE 433


A. C. O., i, 1, 4, p. 35-37 ; fragments aussi dans Libératus. Voir aussi la lettre à Valérianus d’Iconium, Epist., i., col. 256-277 ; Vaticana, n. 119, A. C. O., î, 1, 3, p. 90-101 ; fragments dans Libératus ; version syriaque publiée par Bedjan. Les deux lettres à Succensus, évêque de Diocésarée en Isaurie, eurent aussi, plus tard, leur célébrité. Episl., xlv et xlvi, col. 228-237, 237-245 ; Vaticana, n. 171-172, A. C. O., i, 1, 0, p. 151-157, 157-162. Mais il faudrait citer presque toute la correspondance de cette époque ; les mêmes arguments y reviennent d’ailleurs, avec les mêmes textes scripturaires et les mêmes explications historiques.

Dans les territoires ressortissant à l’autorité de Jean d’Antioche il ne manquait pas non plus de cyrilliens outranciers, peu disposés à suivre l’esprit de conciliation de leur chef et à accepter les termes de VAcle d’union. A Antioche même, l’apollinarismc n’avait pas dit son dernier mot, et si le mal n’éclata avec toute sa virulence qu’après le concile de Chalcédoine, le monophysisme, nouvel avatar de la vieille hérésie, comptait, dans les milieux monastiques surtout, de nombreux partisans. Dès 433, un diacre, Maxime, se faisait remarquer par son intransigeance, et refusait la communion de son patriarche ; un schisme était possible. Alarmé pour le succès de l’union si péniblement rétablie, Cyrille écrivit à deux reprises à Maxime pour le prier de modérer son zèle. Episl., lvii, lviii, col. 320-321.

2. Difficultés de Jean avec les partisans de Nestorius. — Tandis que Cyrille s’efforçait de contenir « l’immense armée des monophysites, qui se vantait de l’avoir pour chef » (Batiffol, Littérature grecque p. 309), Jean, de son côté, était aux prises avec les résistances des amis de Nestorius.

Nombreux en effet étaient les évêques du diocèse d’Orient qui n’admettaient point, aussi aisément que leur patriarche, la déposition de l’archevêque de Constantinople. Dans leur résistance, ils étaient fortifiés et par les liens de l’amitié et par le sentiment de l’honneur et aussi par des considérations d’ordre doctrinal. A eux aussi il apparaissait, clair comme le jour, qu’il n’y avait pas de différence perceptible entre le symbole d’union et les doctrines qui avaient motivé la déposition de Nestorius à Éphèse. Ils consentaient bien à passer condamnation sur les anathématismes cyrilliens puisque au fait, « l’Égyptien », comme ils disaient, les avait suffisamment retirés en souscrivant le symbole antiochien ; ils consentaient à ne pas faire état de la déposition prononcée contre Cyrille et sanctionnée par l’autorité impériale, mais ils ne comprenaient pas comment Nestorius ne bénéficiait pas de la même amnistie. Or, en exécution des promesses faites par Jean à Cyrille, ils se voyaient contraints par leur patriarche à anathématiser leur ami ! Ces sentiments s’expriment au mieux dans une lettre de Théodoret à Jean d’Antioche, Synod., n. 183 (95), A. C. O., i, 4, p. 131 ; P. G., t. lxxxiv, col. 709. Avec un certain nombre de ses collègues, l’évêque de Cyr a pris connaissance des conditions de la paix entre Antioche et Alexandrie, il enregistre avec satisfaction les concessions doctrinales faites par Cyrille :

Quae autem nunc in cpistula (Cyrilli) continentur, clare nobilitate evangelica decorantur. Pncdicatut namque in eis Deus et homo perlectus Dominus noster Jésus Christus et dus naturoe earumque differentia et imitio inconfusa, non quasi per liquidorum in invicem mixtionetn coagulamentumvc ferment !, sed incffabiliter et deodecenter effecta et quæ naturarum proprietates intégras conservavit, et impassibilis quidem Deus Verbum atque inconvertibilis, temi’lum vero passibile ac morti ad modicum tradition cl resuscitatum rursus uniti Dei virtute, Spiritus quoque sanctus non ex Filio aut per Filium habens subsistentiam

(allusion à l’anaih. <J), sed prodiens quidem a Pâtre, proprius vero [Filii], quod et ei consubstantialis sit nominatus.

Mais Théodoret et ses amis ont entendu parler des exigences de l’Égyptien relativement à la personne et à la doctrine de Nestorius ; elles sont évidemment contradictoires avec la souscription du symbole d’union :

Quodsi id verum est, qui ha-c velut ex arce prseeipit civitatis, simile aliquid facit tanquam si quis vix tandem perductus ad consubstantialem Deo et Patri Filium confitendum, inox itvum anathemale feriat eos qui hoc a principio sapuerunt atque docuerunt. Et iste siquidem, postquam vix tandem nostris dogmatibus est adjunctus, mox eorum anathematismum conatur exigere, quasi pro ipsa rerum rectitudine pa>nitens.

Le comte Irénée a pris soin de rassembler, dans sa Tragédie, les nombreuses lettres échangées à ce sujet par Théodoret et ses amis, soit entre eux, soit avec Jean d’Antioche. Voir Synod., n. 178 (90), n. 180-193 (92-105), p. 127, 129-139 ; P. G., col. 704, 706-719. Tout ce dossier serait extrêmement intéressant à dépouiller.

Il fallut un certain temps au patriarche pour venir à bout de cette opposition qui finalement se tournait contre lui : plusieurs, en effet, parmi les « nestoriens » les plus excités, avaient rompu la communion avec leur chef hiérarchique. Mais toutes ces négociations laborieuses sont plus alïaire d’histoire que de théologie. Il faut pourtant citer la curieuse lettre écrite par les deux métropolitains de Tyane et de Tarse, Euthérius et Helladius, au pape Xyste III. Le bruit avait couru, dans leurs lointaines provinces, que le nouveau pape était revenu des préventions de son prédécesseur Célestin contre le malheureux Nestorius. Avec une naïve confiance, les deux évêques, après avoir fait une narration sommaire des événements qui s’étaient déroulés depuis la publication par Cyrille des anathématismes jusqu’à la signature de l’accord de 433, supplient avec larmes le pontife suprême d’intervenir, de faire une enquête sur tout ce qui s’est passé, et de prendre en conséquence des mesures de réparation. On ignore si le pape eut connaissance de cette lettre vraiment touchante. Synod., n. 205 (117), p. 145-148 ; P. G., col. 727-731. Harcelé par les impérieuses demandes de saint Cyrille, qui entendait bien que tous les subordonnés de Jean signeraient personnellement la condamnation de Nestorius, le patriarche d’Antioche ne vit plus de recours que dans le bras séculier.

3. Mesures de rigueur prises contre Nestorius et ses partisans. — Le 12 avril 434, le remplaçant de Nestorius sur le siège de Constantinople était mort. Les partisans nombreux que l’archevêque déposé avait conservés dans la capitale s’agitaient. Coacervalæ multiludines in mullis parlibus civitatis Neslorium publica clamore reposcebant, dit une lettre synodique. Synod., n. 238 (150), p. 174 ; P. G., col. 766. Par les soins de la cour, qui n’entendait pas voir renaître les troubles à peine assoupis, Proclus, l’éternel candidat, fut intronisé sans retard.

Le plus urgent, après cela, était de rallier à la condamnation de Nestorius les évêques orientaux ; Jean, appuyé par l’autorité impériale, secondé par l’influence de quelques solitaires considérables, comme Siméon le Stylite, finit par amener Théodoret à une soumission telle quelle. Voir les allusions aux conditions de faveur qui lui furent faites dans une lettre postérieure que lui adresse Jean. Synod., n. 210(122), p. 153 ; P. G., col. 738. On espérait, et l’espoir ne fut pas entièrement trompé, que son exemple entraînerait les évêques voisins.

Mais il resta des irréductibles, dont ne purent