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NESTORIUS, SOLUTIONS IMPÉRIALES


solutions qui furent données aux questions de personne et qui furent proposées pour les questions de doctrine.

1. Les questions de personne.

Nestorius d’une part, Cyrille et Meranon de l’autre, avaient été déposés par les deux assemblées rivales. Quant à Jean, les cyrilliens avaient reculé devant cette mesure extrême ; ils s’étaient contentés, en deux séances du 1(5 et du 17 juillet auxquelles assistaient les Romains, de l’excommunier, lui et ses adhérents, en ce sens « qu’ils ne pourraient, en vertu de leur autorité sacerdotale, rien faire qui pût nuire ou servir à qui que ce soit, » fj.v)8s(i.îav ëx 0VTE Ç « Seiav, g>ç è£ aùOsvxtaç teparixT) !  ; eîç tô Sûvacy0a[ Ttvaç pXàTrreiv y) wçeXeïv. Valic, n. 87-90, A. C. O., i, 1, 3. p. 15-26, texte, p. 25 ; Mansi, t. iv, col. 1305-1325. C’était une mesure de précaution, tant contre la sentence rendue par le concile oriental que contre une tentative de rétablissement de Nestorius.

Au début d’août arriva enfin le haut fonctionnaire impérial annoncé par la sacra du 29 juin. C’était Jean, cornes sacrarum largilionum. Il était porteur d’une autre sacra, Valic, n. 93, p. 31 ; Mansi, col. 1396, qui ratifiait les dépositions prononcées par l’un et l’autre concile, à savoir celles de Nestorius, Cyrille et Memnon, engageait les évêques à faire la paix et les renvoyait chacun chez eux. C’était plus aisé à dire qu’à faire. Le Livre d’Héraclide contient un récit pittoresque de la réunion à laquelle le comte Jean convoqua les évêques, p. 247-249. Elle échoua ; ne pouvant donc dissoudre le concile, Jean se contenta de consigner chez eux les trois évêques déposés ; pour le reste, il en référa à l’empereur.

Celui-ci régla d’abord la question de Nestorius. Diverses influences avaient été mises en œuvre pour le persuader que l’archevêque était indésirable. L’or de Cyrille ne fut pas étranger, remarque dans une lettre Acace de Bérée, au revirement de certains grands personnages qui démolirent l’archevêque dans les conseils de l’empereur. Synod., n. 130 (41), A. C. 0., i, 4, p. 85 ; P. G., t. lxxxiv, col. 648. Une autre intervention, celle du célèbre Dalmatius, le chef moral de tout ce que la capitale comptait de moines et de saintes gens, contribua au même résultat. Voir le récit de cette entrevue de Dalmatius avec Théodore dans Héraclide, p. 241-246. Dans une lettre à un haut fonctionnaire, Scholasticius, Nestor. , p. 191-194 = Synod., n. 103 (15), Nestorius avait laissé entendre que, « si l’orthodoxie était sauvegardée », il était prêt à rentrer dans son monastère, ab hujusmodi quiète nihil est divinius neque beatius apudme. On le prit au mot avec, la pensée de lui donner un successeur : en septembre, il était reconduit au couvent d’Euprépios, près d’Antioche. Synod., n. 112 (24), 113 (25), p. 64 ; col. 618-619. La pensée que, pendant ce temps, Cyrille restait ignominieusement aux arrêts le consola sur l’heure. Héracl., p. 249. Consolation bien fugitive, à coup sûr, car, peu de temps après, Cyrille, rompant son ban, s’échappait d’Éphèse et rentrait à Alexandrie, où pratiquement il était à l’abri de toute sanction. Ibid. Le gouvernement dut s’incliner devant le fait accompli, et accepter en même temps que Memnon demeurât à Éphèse. Mais, si Nestorius faisait déjà figure de vaincu, à coup sûr, Cyrille, en rentrant à Alexandrie, n’avait pas l’air d’un triomphateur.

2. Les questions de doctrine.

Aussi bien les anathématismes avaient eu un mauvais moment à passer. Persuadés que les formules cyrilliennes renouvelaient les erreurs d’Arius et d’Apollinaire, les Orientaux en effet s’acharnaient à en obtenir la condamnation. On notera la position qu’ils prennent dès lors à l’endroit de Nestorius. On chercherait vainement le

nom de celui-ci dans les premièies sentences rendues par eux ; il ne s’agit pas pour eux de défendre l’archevêque de Constantinople, à un moment même ils se décideront à l’abandonner. Mais la théologie alexandrine, coulée dans les formules des anathématismes, leur apparaît manifestement hétérodoxe, et ils n’auront de repos qu’ils n’aient obtenu de Cyrille, à défaut d’un désaveu et d’un retrait, des explications capables de mettre définitivement in tulo la doctrine des deux natures.

La cour avait mandé à Constantinople des représentants des deux partis ; Juvénal, qui s’était beaucoup mis en avant, était, avec les envoyés romains, le chef de la légation des cyrilliens ; Jean et Théodoret, les chefs des Orientaux. Tout ce monde fut arrêté à Chalcédoine le gouvernement, n’ayant aucune envie de favoriser des troubles dans la ville même ; c’était bien assez de l’agitation qui régnait sur la rive asiatique du Bosphore. L’empereur se rendit lui-même à Chalcédoine. le. Il septembre et plusieurs séances furent tenues en sa présence, sur lesquelles nous sommes surtout renseignés par des lettres des Orientaux insérées au Synodicon. Une des plus caractéristiques est celle qu’adresse Théodoret à Alexandre de Hiérapolis : Synod., n. 119 (30), A. C. O., i, 4, p. 69 ; P. G., t. lxxxiv, col. 626. « Nous avons déclaré avec serment à l’empereur, écrit l’évêque de Cyr, que nous ne pouvons rétablir Cyrille et Memnon en leur office et entrer en communion avec leurs partisans, s’ils ne commencent pas par retirer ces capitula hérétiques… Quant à notre ami (Nestorius), chaque fois que nous en avons fait mention, soit devant le prince, soit devant le consistoire, on nous a accusés de leur faire injure, tant est grande l’hostilité contre lui ; ce qu’il y a de pis, c’est que l’empereur lui est plus hostile que tout le monde : « Que nul, nous a-t-il dit expressément, ne m’en parle : une mesure définitive a déjà été prise à son endroit… » Il y a peu de choses d’ailleurs, à espérer d’un plus long séjour : l’or a fait ici son travail : Nihil namque hinc suavius sperare possibile est, eo quod auro cunclis sil satisfaclum et judices (les magistrats civils) ipsi contendanl quia una sit deilalis humanilalisque natura. » On verra aussi avec intérêt les détails donnés par Théodoret sur les réunions cultuelles organisées par les Orientaux, à qui le clergé local avait interdit l’accès des églises. Détails analogues dans la lettre suivante où les Orientaux racontent, à leurs commettants les cinq entretiens qu’ils ont eus avec le prince. A les entendre, les cyrilliens évitent autant qu’ils le peuvent toute discussion sur les anathématismes. Ibid., p. 71, col. 628. Théodoret comptait plus que de raison sur les arguments d’ordre traditionnel ; il avait dès ce moment réuni un volumineux dossier patristique qu’il utilisera plus tard dans VÉranistes (cf. L. Saltet, Les sources de VÉranistes, n. Un document perdu du concile d’Éphèse, dans Revue d’hisl. eccl., 1905. t. vi, p. 513 sq.). Ces citations devaient, pensait-il, écraser la théologie cyrillienne ; elles ne trouvèrent pas, sans doute, la place où s’employer.

Las, en effet, de ces discussions, l’empereur avait décidé d’en finir avec la question de personnes, ce qui semblait préjuger la question de doctrine. L’ordre avait été expédié à Éphèse de reconduire Nestorius en son monastère ; un successeur lui fut donné, en la personne de Maximien, « un vieux prêtre charitable et sans prétention. » Le 25 octobre, les légats du pape et les délégués cyrilliens étaient invités à passer le Bosphore pour procéder à sa consécration. A vrai dire, l’empereur ne se rangeait pas, par là-même, aux décisions dogmatiques du concile cyrillien ; tout au plus, ainsi que le conclut un texte des actes cyrilliens, reconnaissait-il comme canonique la dépo-