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NESTORIUS, LE CONCILE DÉPHÈSE


Candidien ne partageaient cette allégresse. Le jour même ou le lendemain, les évoques rédigeaient un rapport sommaire à l’empereur : le comte affichait de son côté un édit annulant les décisions du concile partiel et adressait, lui aussi, à la cour un rapport conforme. Synod., n. 83 (8), 86 (11), 8(i a, A. C. O., i, 4, p. 30, 33 ; P. G., t. i.xxxiv, col. 593, 597. Le courrier dut faire diligence, car, dès le 29 juin, un rescrit impérial était expédié de Constantinople. Valic, n. 83,.4. C. O., i, 1, 3, p. 9 ; Mansi, t. iv, col. 1377. L’empereur réprouvait nettement ce qui avait été fait le 22 au mépris des instructions antérieures, prescrivait de reprendre l’examen devant tous les évoques assemblés. Interdiction était faite aux prélats réunis à Éphèse de quitter cette ville, soit pour venir à la cour, soit pour rentrer dans leurs diocèses respectifs. Les magistrats civils devaient y tenir la main. D’ailleurs un nouveau fonctionnaire impérial allait partir d’urgence pour assister Candidien, qui avait dû paraître faible aux yeux de la cour. Cet ordre a pu arriver à Éphèse le 6 ou le 7 juillet ; une fois de plus, c’était trop tard ; toutes choses en cette ville avaient achevé de s’embrouiller et de se confondre.

Le 26 juin, en effet, Jean d’Antioche et les Orientaux arrivaient à Éphèse. Déjà prévenus de ce qui s’était passé, ils se virent entourés par une troupe d’évêques cyrilliens leur intimant ce qu’ils avaient à faire. Ils en furent très irrités, et cela explique, sans le justifier, le geste que fit aussitôt le patriarche d’Antioche. Convoquant ses collègues, à peine descendus de leurs montures, il leur demande d’entendre les explications du comte Candidien et procède d’extrême urgence contre Cyrille et Memnon, considérés comme responsables du coup de force du 22 juin. Ce qu’ils virent, lui et les siens, c’est que l’évêque d’Alexanarie avait craint les conséquences fâcheuses de la publication des anathématismes : conculcavcrunl (Cyrillus et Memnon) ecclesiasticas sanctiones, ne malignitas hærelica disculeretur quant in Mis capitulis invenimus… quorum plcraque Arrii et Apollinarii et Eunomii impietati conveniunl. Après une courte délibération, une sentence de déposition fut portée contre Cyrille et Memnon, tant pour avoir passé outre aux règles du droit et aux volontés impériales, que pour leur enseignement doctrinal, propler hærelicum prædielorum capitulorum sensum ; leurs partisans seraient excommuniés jusqu’à ce qu’ils eussent reconnu leurs excès, anathématisé les capitula hérétiques de Cyrille et déclaré adhérer purement et simplement à la foi de Nicée. Cinquante-trois signatures, dont celles du patriarche et de dix-sept métropolitains, se lisent à la suite de cette sentence ; elle ne sont pas toutes d’Antiochiens ; quelques-uns des évêques qui avaient protesté le 21 se sont joints, sur l’heure même ou un peu plus tard, à eurs collègues d’Orient. Rapport du tout fut immédiatement adressé à la cour. Textes dans le Sqnod., n. 86 a, 87, 88, 89, 90, A. C. O., i, 4, p. 33-39.

Il faut juger très sévèrement l’acte de Jean d’Antioche. Comme l’écrit L. Duchesne : « On n’imagine pas une telle légèreté. Cyrille était dépassé. La situation intacte, imposante que pouvaient prendre Jean et les siens, se trouvait compromise par un coup de tête. » Lue. cit., p. 354. D’autant que, quelques jours après, arrivaient les légats romains. Comme le leur prescrivaient leurs instructions, ils prirent aussitôt langue avec saint Cyrille. Le 10 juillet, le concile cyrillien se réunissait pour les recevoir, entendre lecture de leurs lettres de créance et leur communiquer la sentence prise contre Nestorius ; le lendemain, ayant pris connaissance des procès-verbaux de la séance du 22 juin, les légats déclarèrent que tout s’y était passé canoniquement, tcocvtoc xavovixwç xai xaxà

tt)v èy.xkf]Gia.c ! ~iy.r l M èizia—f]J.r^ xsxpîaOai, chacun d’eux confirma donc à son tour le jugement porté. Valic, n. 106, A. C. 0., i, 1, 3, p. 53-63 ; Mansi, t. iv, col. 12801300.

Telle était donc la situation que trouvait à son arrivée le courrier apportant à Éphèse la sacra du 29 juin ; le concile qui devait rétablir la paix dans l’Église était partagé en deux assemblées rivales ; l’une, la plus nombreuse, groupée autour de saint Cyrille et des légats romains, l’auti e, plus faible numériquement, importante néanmoins par la qualité des membres qui la composaient, serrée autour de Jean d’Antioche ; la première ayant déposé Nestorius pour ses propos impies, la seconde ayant déposé Cyrille pour ses « anathématismes hérétiques ».

Sur la route de Constantinople se succédaient les courriers de ces deux groupements ennemis, emportant à la capitale les procès-verbaux, les rapports, les communications, les protestations de l’un et de l’autre : lettres du concile cyrillien à l’empereur signifiant la condamnation de Nestorius, l’acte de Jean d’Antioche, la confirmation de la sentence par les légats romains, Vatic, n. 81, 84, 107, A. C. O., i, 1, 3, p. 3, 10, 63 ; de même aux abbés des monastères, au clergé de Constantinople, n. 68, 69, i, 1, 2, p. 69, 70. Missives des Antiochiens à l’empereur, au clergé de Constantinople, au sénat, au peuple, aux impératrices, Vatic, n. 154, 155, 156, 157, 160, A. C. O., i, 1, 5, p. 125 sq. ; voir aussi Synod., n. 90-93, i, 4, p. 39 sq. Le pape Célestin, de son côté, était prévenu par une longue lettre de saint Cyrille, Vatic, n. 82, i, 1, 3, p. 5 sq. Il va de soi que l’évêque d’Alexandrie y présentai ! les choses à sa manière. Le retard de Jean d’Antioche était mis sur le compte de sa mauvaise volonté et de ses intentions perverses ; par ailleurs, on le représentait (ce qui est vraiment contra>..’" t oire avec ce qui précède) comme ayant fait dire à Cyrille que l’on pouvait commencer sans lui. A la séance du 22 juin, il n’avait manqué que Nestorius (nulle mention, comme on voit, des protestations des évêques expulsés en même temps que Candidien, ci-dessus, col. 112). Sommé de comparoir, il s’était obstiné dans sa contumace, on l’avait donc déposé. L’arrivée de Jean d’Antioche avait été pour le synode une vive déception ; au lieu de se ranger aux décisions prises, le patriarche avait procédé contre le concile avec une incroyable partialité ; mais il n’avait pour lui qu’une trentaine d’évêques tout au plus, dont plusieurs de ceux qui s’étaient retirés avec Nestorius ; encore ces trente n’étaient-ils pas tous évêques, beaucoup étaient régulièrement déposés, et l’on y comptait des pélagiens et des partisans de Célestius. "Voilà ceux qui ont osé déposer Cyrille et Memnon. Avec les cyrilliens au contraire ont siégé les légats romains. Pour achever de se concilier la bienveillance de Rome, on ajoutait qu’en séance l’on avait pris connaissance de la déposition des pélagiens et des célestiens, et approuvé de tous points les mesures prises contre eux par Rome ; n’était-il pas juste que Rome, de son côté, s’indignât contre Jean et tout ce qu’il avait osé perpétrer ?’AyavaxTTjaaTCi) rupoæpôpcoç èrcl toiç y £ Y £V7)~ (iivoiç ï) ai) bes.6rrç

Mieux renseignée que le pape Célestin, lequel d’ailleurs, vu la distance, ne pouvait intervenir à temps, la cour de Constantinople allait tout mettre en œuvre pour résoudre cet imbroglio. Ce n’était pas chose facile.

L’intervention impériale.

Les précisions historiques

ci-dessus données pouvaient avoir leur importance au point de vue de la théologie. Nous pouvons être plus brefs sur les événements qui suivirent et dont la narration détaillée demanderait des développements infinis. Étudions seulement les